Du désir initial du producteur Aton Soumache à la création du film en images de synthèse et en stop motion du réalisateur Mark Osborne, voici l’histoire du Petit Prince en 50 secrets, anecdotes, infos et autres trucs à savoir.

montreal 142 bis1 – Il aura fallu plus d’une quinzaine d’années à Aton Soumache, l’un des producteurs avec Dimitri Rassam et Alexis Vonarb, pour adapter Le Petit Prince.

2 – Le premier logo de la société de production d’Aton Soumache comporte un allumeur de réverbère sur une planète.

Echarpe3 – Il a fallu quatre ans de recherche à Aton Soumache et Dimitri Rassam pour trouver le réalisateur Mark Osborne. Ils ont fait le tour du monde des réalisateurs de longs métrages d’animation pour leur proposer le projet. « Ceux qui acceptaient avaient de mauvaises idées, raconte Aton Soumache. Ceux qui refusaient trouvaient le livre trop précieux pour en faire un film. »

4 – Aton Soumache avoue avoir été impressionné par le travail de Mark Osborne sur son film Kung-Fu Panda et le fait qu’un Américain ait réussi le tour de force de faire aimer ce film en Chine où, pourtant, personne n’a le droit de toucher à leurs deux plus précieux trésors : le panda et le kung-fu.

5 – Olivier d’Agay, directeur de la Succession Saint-Exupéry, a immédiatement été convaincu par l’approche de Mark Osborne, « sa sensibilité, son sens des responsabilités et sa compréhension intime de l’œuvre » et a donné son accord pour l’adaptation.

6 – Mark Osborne a commencé à travailler sur Le Petit Prince en 2008.

Livre7 – Mark Osborne a d’abord refusé le projet d’adaptation du Petit Prince, le jugeant impossible. Pour lui, chaque lecteur a sa propre interprétation du livre, son propre rapport intime avec lui et aucun film ne pourra jamais satisfaire tout le monde.

8 – Mark Osborne a rencontré sa femme à l’université. Quand il a décidé d’étudier l’animation, il a dû déménager à l’autre bout du pays. Ils ont continué leur histoire à distance pendant un temps avant de finalement se séparer. Quand ils se sont revus, elle lui a donné son exemplaire du livre et cela a été une façon pour eux de se retrouver et de renouer. Aujourd’hui, ils ont deux enfants.

9 – Alors qu’il préparait son déménagement pour Paris, Mark Osborne a retrouvé des lettres qu’il a écrites à sa femme et un exemplaire du livre qu’il lui avait envoyé à son tour. Dans une des lettres, il a écrit : « Ce livre a changé ma façon de voir le monde. Maintenant je vis ma vie en m’inspirant du Petit Prince. »

10 – « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Cette citation est pour Mark Osborne le message le plus important du Petit Prince.

Valise11 – Mark Osborne a créé une valise de présentation pour pitcher le sujet du film. Elle contient le livre mais aussi les personnages, les planètes et d’autres éléments de décors, soit tout pour retracer l’intrigue de manière visuelle. Il en existe trois exemplaires.

12 – Entre le financement et la promotion, Mark Osborne a effectué près de 400 présentations de son projet en Europe, au Japon, en Russie et en Amérique latine.

13 – Le film est déjà pré-vendu au Japon, aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine.

14 –Mark Osborne et son équipe ont d’abord développé le projet à Los Angeles, puis se sont installés à Paris pour concevoir le story-board avant de s’établir à Montréal pour les étapes finales de l’animation digitale et en stop motion.

15 – Le budget du film s’élève à 57 millions d’euros.

16 – Orson Welles possédait les droits du livre avant sa publication et voulait le réaliser juste après Citizen Kane. Il a écrit quatre versions d’un scénario qui n’a jamais été produit. Mark Osborne a pensé s’en servir. Pendant deux semaines, en attendant de recevoir les scripts, il a imaginé ce qu’Orson Welles avait pu faire du Petit Prince. Au final, ses scénarios étaient des retranscriptions littérales du livre. Mais Mark Osborne avait désormais la tête pleine d’idées, dont celle de l’histoire dans l’histoire, seule façon pour lui de protéger l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry.

Prince Renard17 – Le film mélange l’animation en images de synthèse pour créer le monde réel de la Petite Fille et des adultes et l’animation en stop motion pour créer l’univers poétique du Petit Prince découvert à travers le regard de la Petite Fille et inspiré par les illustrations de l’Aviateur.

18 – Dans le film, Mark Osborne a créé une nouvelle planète, celle des adultes, sans pour autant avoir la prétention de vouloir ajouter un 28ème chapitre au livre d’Antoine de Saint-Exupéry.

19 – L’une des scénaristes du film, Irena Brignull, a demandé à Mark Osborne à ce que le Petit Prince soit le moins présent possible en dehors de ses apparitions dans le récit de l’Aviateur car elle estimait ne pas pouvoir lui rendre justice. Pour elle, personne ne peut écrire aussi bien qu’Antoine de Saint-Exupéry quand il s’agit d’écrire sur le Petit Prince.

20 – Mark Osborne n’a pas voulu donner de noms à ses personnages pour suivre l’idée du livre mais aussi pour que le film reste universel. Il y a donc la Mère, la Petite Fille et l’Aviateur.

21 – Dans une première version, le Petit Prince ne visitait que six planètes mais pour des raisons de compréhension, le choix a dû être encore réduit. La planète du Buveur a été la première à être supprimée car un film pour enfants ne peut montrer quelqu’un de soul.

Aviateur Prince22 – Antoine de Saint-Exupéry est partout dans les décors de la maison de l’Aviateur par de petits détails ici et là.

23 – De nombreuses répliques du film sont des citations directes du livre.

24 – Environ 200 personnes ont travaillé pendant sept ans sur l’adaptation du Petit Prince côté image de synthèse, dont 50% de femmes (la moyenne habituelle est de 10 à 20%), et 50 personnes côté stop motion.

25 – Pendant la fabrication du film, Mark Osborne a mis en place une War Room, une sorte de cellule de crise, afin de présenter le film à différents stades de sa production à tous les chefs de poste. Le but était non seulement de valider ce qui fonctionnait mais aussi de corriger ce qui ne fonctionnait pas tout en enrichissant le projet de nouvelles idées. Cette cellule de crise s’est réunie à une vingtaine de reprises.

26 – Deux fois par semaine, les animateurs devaient présenter l’avancée de leur travail à Mark Osborne et à leurs superviseurs.

Prince tête27 – Le film contient 1 450 plans.

28 – Mark Osborne, cherchant également à séduire le public outre-Atlantique, a opté pour une banlieue américaine traditionnelle dans le monde réel de la Petite Fille mais l’Aviateur habite une vieille maison et possède une voiture toutes deux de facture plus européenne.

29 – L’univers du film se veut très générique et s’inspire un peu de Jacques Tati pour le monde réel. Mark Osborne s’est inspiré de l’atmosphère de Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki pour créer l’univers magique et poétique du Petit Prince.

30 – Mark Osborne espère que Hayao Miyazaki aimera son film car Le Petit Prince est son livre préféré.

31 – L’apparence de la Petite Fille a été approuvée à sa 122ème version, un an et quatre mois après la première version.

32 – Le look et le design de l’Aviateur sont nés de l’imagination de Peter de Sève. La voix est celle de Jeff Bridges.

33 – 300 contrôles possibles permettent à un animateur de faire bouger le corps et la tête de l’Aviateur.

34 – Mark Osborne a eu l’idée de la stop motion avec des personnages et des décors en papier en découvrant les dessins originaux d’Antoine de Saint-Exupéry à la Morgan Library de New York, réalisés sur du papier extrêmement fragile, taché de café et plein de ratures.

35 – La stop motion ne compose que 20% du film, soit environ 16 minutes, et ne montre que les personnages les plus iconiques du livre : le Renard, le Serpent, la Rose, le Roi, le Vaniteux ou encore le Businessman.

36 – Près de dix papiers différents sont utilisés en fonction de l’effet recherché avec une grande préférence pour le papier de lin : il est souple, se teint bien avec du thé et se repasse facilement une fois sec.

37 – L’inconvénient de la stop motion avec du papier est que cette matière n’aimait pas l’humidité qui régnait dans le studio la nuit venue. Les animateurs ont eu quelques mauvaises surprises au petit matin.

Rose38 – L’avantage de la stop motion avec du papier est que cette matière nécessite parfois qu’un simple coup de ciseaux pour obtenir la forme désirée.

39 – 14 décors ont été construits pour les scènes en stop motion.

40 – Neuf marionnettes ont été fabriquées pour le personnage du Petit Prince, cinq pour l’Aviateur, quatre pour le Renard et deux pour chacun des autres personnages. Chacune possède une armature en métal, beaucoup de têtes, bouches, paupières et mains amovibles en résine ou en argile, des cheveux et des vêtements en papier.

41 – Le Serpent est composé d’un fil de fer et de fins disques de papier.

42 – 300 costumes de papier ont été créés rien que pour le personnage du Petit Prince. Il est de toutes les scènes et le papier est très fragile.

43 – L’écharpe en papier du Petit Prince a demandé une semaine pour obtenir cette fluidité quand elle vole au vent.

Prince têtes44 – Les têtes et les mains des personnages de stop motion sont en résine ou en argile car ces deux matières donnent un aspect final qui ressemble au papier.

45 – Chaque personnage a un jeu de tête avec des expressions prédéterminées : sourire, neutre, contrarié, inquiet…

46 – Les expressions faciales des personnages de stop motion sont plus difficiles à créer que le langage du corps. Pour cela, les animateurs utilisent différentes formes de sourcils, de bouches et de paupières.

47 – Les bouches des personnages se fixent sur le bas des visages grâce à un petit aimant. Chacune d’elle possède un code qui coïncide à sa forme : la lettre qu’elle prononce.

48 – La stop motion est notamment photographiée avec un appareil photo Canon 6D contrôlé par ordinateur.

49 – Les animateurs utilisent le logiciel Dragonflame pour vérifier le raccord d’une position d’un élément à l’autre, et donc d’une image à l’autre, et, pour la bouche, la synchronisation avec le dialogue enregistré préalablement.

50 – En stop motion, il faut 24 images pour faire une seconde de film. Sur Le Petit Prince, un animateur créait, en moyenne, 5 à 15 secondes de film utile par semaine, en fonction de la complexité des plans dont il s’occupait.

Crédit photos : © cineteleandco.fr