Harrison Ford revient pour une cinquième et dernière aventure d’Indiana Jones. Voici ce qu’il a à dire sur ce nouvel opus d’une saga qui lui a tant apporté dans sa carrière et sur le personnage pour lequel il a toujours eu une tendresse particulière. Mais qu’il quitte sans regret. Indiana Jones et le cadran de la destinée sort en salles ce 28 juin.
Sur le fait d’accepter une dernière aventure d’Indiana Jones.
Harrison Ford : Je voulais voir un bon film. Je voulais voir l’achèvement des cinq films et compléter l’histoire. Et je voulais voir le poids de la vie sur cet homme qui dépendait tellement de sa jeunesse et de la vigueur de sa jeunesse. Je voulais le voir se réinventer. Mais aussi, je voulais qu’il ait une relation qui ne soit pas un genre de flirt cinématographique. Je voulais qu’il ait une relation profonde avec quelqu’un.
Et je voulais travailler avec Jim [James Mangold], ce qui a été proposé à un certain moment. Je n’aurais pas pu être mieux servi avec ce scénario, avec ces acteurs que nous avons eu la chance d’avoir, avec la passion et les compétences que Jim et John Williams ont apportées au film. Tout est réuni pour me soutenir dans mes vieux jours. Et j’aime mon travail. Je veux simplement travailler et raconter des histoires, de bonnes histoires. J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie d’avoir cette opportunité.
Sur James Mangol, le réalisateur
En tant que conteur, Jim a une perception particulière, née de sa propre expérience et de sa propre compréhension. Son ambition est cohérente avec celle qui nous a portés tout au long de ces films : celle de créer un divertissement grandiose avec une pointe d’humour ironique et une réalité émotionnelle qui emporte l’adhésion du public.
Le secret de sa réussite, c’est qu’il ne s’arrête jamais. Jim se donne à fond dans son travail et c’est la sueur qu’il met dans ces projets qui les fait vivre, qui les fait chanter. Il a occupé de manière extraordinaire la place qu’a laissée Steven Spielberg. Il ne s’agissait pas seulement de succéder à Steven. Jim a fait plus que lui succéder, il a réalisé, pour moi, un film magnifique.
Sur l’âge d’Indiana Jones
Nous n’avons pas éludé le fait qu’Indy a vieilli de 40 ans au cours de la période où nous avons raconté son histoire. Au contraire, nous l’avons embrassé. Nous avons relevé les défis auxquels il est confronté et nous avons apporté humanité et chaleur au récit. Les scénaristes ont réalisé un remarquable travail d’imagination pour concevoir le contexte dans lequel se déroule l’histoire. C’est audacieux. Excitant. Et très courageux.
L’Indiana Jones que nous rencontrons en 1969 est le résultat de l’expérience que nous avons vécue avec lui dans les autres films. Voilà ce qui arrive quand on est un professeur d’archéologie brisé, frustré dans sa carrière car abordant son dernier jour de travail avant la retraite, et à qui il arrive de boire un verre au milieu de la journée. Il est découragé, cynique, blessé. Mais les événements qui sont sur le point de lui tomber dessus l’entrainent dans une grande aventure avec non seulement un certain degré de rédemption mais aussi de renouveau.
Sur le rajeunissement d’Indiana Jones pour le prologue
La technologie, ou l’itération de cette technologie, a évolué à un point tel qu’il me semble très réaliste. Et je sais que c’est mon visage. Ce n’est pas une sorte de magie de Photoshop. C’est ce à quoi je ressemblais il y a 35 ans parce que Lucasfilm possède toutes les images des films que nous avons tournés ensemble pendant toutes ces années. Le processus a mis à profit l’exploitation scientifique de cette bibliothèque. Ce n’est qu’un tour de passe-passe s’il n’est pas étayé par une histoire. Et s’il n’est pas honnête et réel, il saute aux yeux. Je ne parle pas de l’aspect visuel, mais de l’aspect émotionnel. Je pense donc que les artistes d’ILM (Industrial Light & Magic) l’ont utilisée avec beaucoup d’habileté et d’assiduité. J’en suis donc très heureux.
Mais je ne regarde pas en arrière et ne me dis pas que j’aimerais être à nouveau ce type, parce que ce n’est pas le cas. Je suis vraiment heureux avec mon âge. J’aime être plus vieux. C’était génial d’être jeune, mais merde, je pourrais être mort. Et je travaille encore. Allez savoir pourquoi.
Sur le fait de se glisser à nouveau dans les vêtements d’Indiana Jones
C’est une histoire courte. Ils m’allaient bien.
Sur l’action
Je trouve important de maintenir l’action à échelle humaine. La surenchère a des limites. Lorsqu’on parvient à s’en tenir à la réalité physique avec quelques embellissements, les scènes paraissent au public plus vraies et plus viscérales.
Sur le côté globe-trotter du film
C’est un point essentiel. Le public veut être transporté dans différents endroits du monde, les ressentir, les humer… C’est pourquoi nous voulons autant que possible des décors physiques, des sites offrant une culture, afin d’offrir une sensation différente.
Sur le cadran de la destinée, la nouvelle quête d’Indiana Jones
Le cadran d’Archimède est un concept audacieux. De plus, c’est un choix de génie. Les artefacts que nous avons utilisés dans les autres films avaient toujours un aspect religieux : les pierres de Sankara (Indiana Jones et le temple maudit), le Saint Graal (Indiana Jones et la dernière croisade), l’Arche d’Alliance (Les aventuriers de l’arche perdue). Mais là, il s’agit de jouer avec la nature même de la science.
Sur la fin d’une aventure
Les gens avec qui j’ai travaillé sur Indiana Jones et le cadran de la destinée vont me manquer – tout le monde chez Lucasfilm, chez Disney, Jim Mangold et les acteurs. Mais Indy ne va pas me manquer parce qu’il a rempli sa mission et je suis vraiment heureux d’avoir vu l’aventure arriver à son terme. Je me suis senti bien. Nous avions fait le film que le public méritait. Pour ceux qui ont été fans des premiers films, qui ont aimé les voir, qui les ont partagés avec leur famille, je suis sûr que nous allons leur en mettre plein la vue avec celui-ci.
J’ai besoin de m’asseoir et de me reposer un peu. Mais j’aime travailler et j’aime ce personnage et j’aime ce qu’il a apporté dans ma vie.
Crédit photos : © Lucasfilm / Disney