La famille Asada s’inspire de la vie du photographe japonais Masashi Asada. Et plus particulièrement de deux de ses albums : celui sur sa famille et celui sur son bénévolat à la suite du tsunami qui a touché l’est du Japon en mars 2011. Mais ce film drôle et émouvant explore surtout les liens familiaux et le pouvoir de la photographie. La famille Asada sort en salles ce 25 janvier.

Mitsuru Hirata, Kazunari Ninomiya, Jun Fubuki et Satoshi Tsumabuki

Asadake (La famille Asada)

Le premier album de Masashi Asada, édité en 2012, rassemble des photos loufoques de sa propre famille : ses parents et son grand frère. Chacun d’entre eux avait un rêve. Son père aurait aimé être pompier, sa mère se serait bien vu en épouse de yakuza et son frère souhaitait devenir pilote de formule 1. Quant à Masashi Asada, il a réalisé le sien : être photographe. Il a donc mis en scène ses proches en situation, costumés en sapeurs-pompiers, en membres d’un gang de yakuzas et en équipe de Formule 1. Puis, les rêves ont laissé place à toutes sortes de tableaux plus farfelus les uns que les autres. Le temps d’une photo, la famille Asada incarne ainsi un groupe de rock, des employés d’un restaurant de ramen, des super-héros fatigués ou des gens qui on trop bu de saké… Ces jeux de rôles planifiés servaient de prétexte pour réunir la famille.

“C’est mon producteur Shinji Ogawa qui m’a fait découvrir l’album de photos Asadake“, explique Ryôta Nakano, le réalisateur de La famille Asada. “Dès les premières pages, j’ai éclaté de rire et en même temps, cela m’a fait chaud au cœur. Pour faire ces photos uniques en leur genre, il avait forcément fallu une confiance aveugle et une coopération totale de la famille du photographe. Je me suis dit que cela cachait sûrement une belle histoire familiale. Pour moi qui ai toujours réalisé des films autour de la famille, je dois avouer que ces photos ont eu un effet irrésistible sur moi dès la première vision. De plus, au fil de mes recherches préparatoires, je me suis pris d’intérêt pour la véritable famille Asada au-delà des photos. Je me suis de plus en pus attaché à eux.”

Mitsuru Hirata, Kazunari Ninomiya, Satoshi Tsumabuki et Jun Fubuki

Album no chikara (Le pouvoir de l’album)

Dans le second album, paru en 2015, Masashi Asada témoigne de son expérience dans un groupe de bénévoles à la suite du tsunami qui a dévasté l’est du Japon en mars 2011. Sa mission était de sauver les photos et albums de famille perdus dans l’effondrement des maisons. Ainsi, il les récupérait, les nettoyait et les restituait à leurs propriétaires. Pour la première fois, le photographe s’arrêtait de prendre des photos et commençait à observer celle des autres. Ces photos de famille prises par des anonymes, ces photos de classe ou encore ces photos de vacances détenaient désormais une valeur inestimable car il s’agissait souvent de la seule trace laissée par les disparus.

“Après la catastrophe, beaucoup de gens se sont demandé comment se rendre utile,” raconte Masashi Asada. “Nous autres photographes avons aussi envisagé de faire quelque chose. Cependant, nous ne savions pas vers quoi tourner notre objectif. Ni si cela était légitime de le faire. Prendre des photos n’aurait été utile qu’à moyen terme, quelques années plus tard. Je me suis dit que la priorité était d’apporter une aide matérielle et humanitaire. Ce que j’ai fait à titre bénévole pendant un peu plus d’un mois. En chemin vers le centre d’aide humanitaire, j’ai aperçu des jeunes gens qui nettoyaient des photos devant la mairie. Ne pouvant m’empêcher de les interpeler, je me suis adressé à l’un d’eux qui s’appelait Oda. Il a servi de modèle de au personnage d’Ono. Moi qui pensais ne pas pouvoir aider avec la photo, une fois sur place, j’ai compris que je me trompais. Laver des photos souillées par la boue et les restituer à leurs propriétaires représentaient un excellent moyen de se rendre utile. Je me suis senti idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt. Alors que nous vivons entourés de nombreux objets qui nous sont chers, j’ai été surpris de voir que les photos étaient la première chose que les gens voulaient sauver. Et le fait d’avoir contribué à l’opération de nettoyage m’a permis de me reconnecter avec le véritable pouvoir des photos. C’est à cet instant que j’ai compris que les véritables photos étaient les plus anodines, celles prises par un membre de la famille.”

Crédit photos : © Art House