Dans Knock at the Cabin, l’auteur-rélisateur M. Night Shyamalan explore les forces et limites de la foi et des croyances. Il met des parents face à un choix impossible : sauver leur famille ou l’humanité. Knock at the Cabin sort en salles ce 1er février.

Ben Aldridge, Kristen Cui et Jonathan Groff sont pris en otages dans Knock at the Cabiin

Ben Aldridge, Kristen Cui et Jonathan Groff

1 – La genèse

Knock at the Cabin s’inspire du best-seller The Cabin at the End of the World de Paul Tremblay paru en 2018. Ce récit d’horreur a reçu le prix Bram Stoker du roman de la Horror Writers Association en 2019. Les scénaristes Steve Desmond et Michael Sherman en ont tiré un script qui a été inscrit sur la Blacklist. Cette dernière recense les meilleurs scénarios sans producteur. Blinding Edge Pictures, la société de production de M. Night Shyamalan, l’a repéré mais n’envisageait que de produire le film. Cependant, le cinéaste a trouvé le scénario si fort qu’il a eu envie d’en proposer sa propre interprétation. Il a donc réécrit le script pour le mettre en scène lui-même.

L’histoire suit Andrew (Jonathan Groff), Eric (Ben Aldridge) et leur fille adoptive Wen (Kristen Cui) pendant leurs vacances dans un chalet isolé, en forêt. Ils se retrouvent pris en otages par quatre étrangers armés, menés par Leonard (Dave Bautista). Une même prophétie hante ces inconnus : si la famille ne sacrifie pas l’un de ses membres, le monde sera anéanti.

M. Night Shyamalan, réalisateur de Knock at the Cabin

M. Night Shyamalan

2 – Une version toute shyamalanienne

“Ce film s’inspire d’un livre, mais on s’en est éloigné à mi-parcours de l’intrigue,” note M. Night Shyamalan. “Cela me préoccupait un peu. Mais à mon avis, le récit ne demandait qu’à être modifié. D’ailleurs, c’était ce qui m’emballait dans ce défi. Je me demandais si j’étais capable de réaliser une version horrifique du Choix de Sophie. Et si je parviendrais à convaincre les spectateurs de venir le voir.”

Dans Knock at the Cabin, les suppositions et convictions de la quasi totalité des personnages – et des spectateurs – sont bousculées et mises à l’épreuve à mesure que la tension s’accroît et que les enjeux gagnent en ampleur. “J’aime ce type de récit qui laisse certaines questions sans réponse et qui pousse le spectateur à s’interroger,” reprend le cinéaste. “Il n’y a qu’à penser à La quatrième dimension où l’imagination du public est sollicitée pour tenter d’élucider les énigmes.”

Abby Quinn, Nikki Amuka-Bird, Dave Bautista et Rupert Grint

3 – Un récit biblique contemporain

Dans Knock at the Cabin, M. Night Shyamalan explore des idées liées à la foi et aux croyances, aux certitudes et au doute – à leur force et à leurs limites. “La possibilité de raconter des histoires bibliques de grande envergure, mais situées à l’époque actuelle et dans un contexte contemporain, me plaît,” avoue-t-il.

Le film se fait l’écho de mon regard sur le monde, qui ne va pas bien. J’ai cependant le sentiment qu’on se bat collectivement pour aller dans la bonne direction. On ne fait pas toujours ce qu’il faut, bien sûr. Néanmoins, en règle générale, l’humanité emprunte la bonne voie et les êtres humains méritent une seconde chance. C’est mon sentiment. Il suffit d’une histoire d’amour pour avoir la preuve que l’espèce humaine ne doit surtout pas être anéantie. Knock at the Cabin est une formidable occasion de découvrir une histoire biblique de grande ampleur à travers la trajectoire d’une famille.”

Ben Aldridge, Kristen Cui et Jonathan Groff

4 – Un défi de taille

Knock at the Cabin se déroule quasi exclusivement dans un décor unique, en intérieur. “J’aime beaucoup les histoires de confinement,” révèle le réalisateur. “J’aime aborder des sujets majeurs à travers des récits minimalistes. Cette narration resserrée à l’essentiel, cette juxtaposition entre les enjeux de l’intrigue et le style du film m’inspirent énormément.”

“C’était l’occasion pour Night de faire un pur film de suspense,” affirme le producteur exécutif Steven Schneider. “Hitchcock est l’un de ses cinéastes préférés. Knock at the Cabin lui permet, en un sens, de faire un film profondément hitchcockien en matière de composition et de cadrage, et dans sa capacité à se servir de tous les éléments de la mise en scène – direction d’acteurs, éclairages, montage, découpage – afin de bâtir des effets de suspense.”

Le chalet dans les bois de Knock at the Cabin

Le chalet dans les bois

5 – Un environnement unique

L’intrigue de Knock at the Cabin se joue à l’intérieur d’un chalet, en l’espace de 24 heures. Le chef décorateur Naam Marshall et son équipe ont construit une maison grandeur nature dans une exploitation produisant des airelles, située dans la forêt de Pine Barrens, à Tabernacle (New Jersey, Etats-Unis). Ils ont dû dessiner des plans d’architecte pour la bâtisse, puis les faire valider par un architecte et un ingénieur comme si le bâtiment était censé rester sur place durablement. En outre, en raison de la chaîne d’autorisations très contraignante de la municipalité de Tabernacle, l’équipe a disposé d’un délai de construction très serré. Elle a ainsi bâti le chalet, dans son intégralité, en trois semaines. La production a utilisé ce premier chalet pour les plans en extérieur. Elle en a érigé un second en studio pour les plans en intérieur.

Kristen Cui

6 – Une lumière minutieusement étudiée

Afin d’être raccord entre la lumière en extérieur et la lumière recréée sur le plateau en intérieur, les chefs opérateurs Lowell A. Meyer et Jarin Blaschke ont mené une étude de la luminosité dans le chalet situé en décors naturels. Ils ont photographié chaque vue extérieure depuis les fenêtres et la porte du chalet. Ils ont ensuite utilisé ces photos pour composer des fonds bleus installés sur le plateau afin de simuler les vues extérieures depuis la fenêtre de l’entrée et les fenêtres latérales.

Très en amont, les directeurs de la photographie ont pris en considération l’heure précise de chacune des scènes afin de choisir le bon éclairage. Ce dernier devait correspondre à l’atmosphère de la séquence et évoquer le passage du jour à la nuit, puis de la nuit à la tempête du lendemain matin. Ils ont découpé le scénario en six phases d’éclairage distinctes : phase 1 – après-midi ; phase 2 – fin d’après-midi ; phase 3 – coucher du soleil ; phase 4 – crépuscule ; phase 5 – matin ; phase 6 – obscurité. Pour chaque phase, les éclairages et les miroirs réflecteurs destinés à reproduire la lumière changeante du soleil avaient un emplacement unique. Enfin, ils ont ajouté des filtres en gélatine aux éclairages pour traduire les variations des températures de couleurs de l’atmosphère et du soleil.

M. Night Shyamalan

7 – Une atmosphère de thriller à l’ancienne

M. Night Shyamalan a essentiellement filmé Knock at the Cabin à l’aide d’objectifs anamorphiques Panavision Primo, sortis en 1989. Pour les scènes de flashback, il a opté pour d’autres lentilles, en l’occurrence des objectifs anamorphiques Panavision USG (Ultra Speed Gold) Panatar, sortis en 1980. Ils permettaient de marquer la différence visuellement entre passé et présent.

Le réalisateur a tourné ses images au trépied, à la Dolly ou à la grue. Ces outils sont plus stables que le Steadicam. M. Night Shyamalan a cependant choisi ce dernier pour un travelling d’une minute où Kristen Cui se trouve dans la forêt, la nuit.

Pour le point d’orgue émotionnel de Knock at the Cabin, les auteurs souhaitaient que la caméra incarne le point de vue du personnage et « dialogue » avec le spectateur. Pour y parvenir, l’équipe caméra a utilisé un dispositif appelé EyeDirect. Fixé sur l’objectif de la caméra, il permet aux comédiens de regarder à travers le barillet de l’objectif et d’échanger des regards malgré tout. Grâce à ce système de miroirs semi-réfléchissants, le regard de l’acteur est réorienté vers son partenaire, hors champ, tandis qu’il fixe l’objectif.

Crédit photos : © Universal Pictures