La franchise cinématographique née de La Chute de la Maison Blanche avec Gerard Butler devient une série télé, Paris Has Fallen, avec Tewfik Jallab dans le rôle principal. Flic dans Engrenages et Pax Massilia, membre des forces spéciales dans Cœurs noirs, l’acteur retrouve un autre rôle physique de redresseur de tort dans ce projet, celui d’un agent de la protection des hautes personnalités. Paris Has Fallen commence ce 23 septembre à 21h00, sur Canal+.

Tewfik Jallab

Du grand au petit écran

En 2013, le garde du corps Mike Banning, incarné par Gerard Butler, sauvait la vie du président des États-Unis de terroristes nord-coréens dans La Chute de la Maison Blanche (Olympus Has Fallen, en anglais). Le succès du film a engendré deux suites (La Chute de Londres et La Chute du président) et désormais une série, en huit épisodes. Paris Has Fallen transpose le concept du garde du corps et du haut fonctionnaire dans la capitale française, théâtre d’un complot qui ne laissera personne indemne.

Connaissiez-vous la franchise des films La Chute de…?

Tewfik Jallab : Je la connaissais de nom. Je n’en avais jamais vu un. Et je suis arrivé si vite sur ce projet que je n’ai même pas eu le temps d’en enclencher un. Ce tournage a été un tourbillon pour moi. J’ai débarqué sur le plateau 48 heures avant son début. J’ai pratiquement travaillé 7 jours sur 7 pendant 6 mois. Je viens juste de regarder le premier film, La Chute de la Maison Blanche. Dans 90 % des cas, on m’a dit que c’était le meilleur des trois. C’est plutôt agréable à regarder, en mode on débranche un peu le cerveau. C’est un blockbuster bien assumé où les enjeux sont hors normes.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet pour l’accepter aussi rapidement ?

Sa taille, la démesure dans le sens où le challenge le plus important était à la fois d’entrer dans une franchise déjà très établie et d’interpréter un rôle charismatique. Il y avait une profondeur assez agréable à jouer. L’histoire d’amour était un vrai fil conducteur à travers toute la violence. Et je pouvais réaliser mes propres cascades avec des équipes qui avaient bossé sur les Batman, Fast & Furious et d’autres grosses franchises. Et puis, c’est assez extraordinaire de jouer en anglais. J’ai joué beaucoup au théâtre en Angleterre, ce qui m’a quand même permis d’arriver un petit peu plus en confiance. Même si je jouais plutôt des textes classiques et dans un anglais un peu très soutenu. Là, je jouais dans l’anglais du quotidien.

Savez-vous d’où vient l’idée de cette intrigue à Paris ?

Ritu Arya

La fascination pour le lieu. Paris reste l’une des villes les plus filmées au monde. Pour démarrer une série aussi emblématique que celle-ci, il n’y avait pas non plus 36 000 autres villes qui possédaient sa notoriété ou sa diversité.

Comment décririez-vous votre personnage, Vincent Taleb ?

C’est avant tout un professionnel dans ce qu’il fait, une pointure. Il a un gros caractère et une vision assez droite du bien et du mal. Jamais il ne trahit sa conscience. Dans un épisode, on apprend qu’il a été limogé des forces spéciales car il estimait que l’ordre qu’il avait reçu ne correspondait pas à ses valeurs. Ce caractère m’intéressait. Vincent essaye de joindre ses valeurs personnelles à son métier de garde du corps. Il est prêt à sacrifier sa vie pour quelqu’un qu’il ne connaît pas juste parce que la personne qu’il protège possède un statut lui permettant de changer la vie d’un pays et de ses citoyens. Cette forme de patriotisme est aussi importante.

Comment évolue-t-il au cours des huit épisodes ?

Il se rend très vite compte que les gens en qui il avait le plus confiance ne sont pas forcément les bonnes personnes. Au fur et à mesure, il réalise que la trahison peut venir parfois de son propre camp.

Ce n’est pas votre premier rôle physique. Il y a eu Ali Amrani dans Engrenages, Rimbaud dans Cœurs noirs ou encore Lyès Bénamar dans Pax Massilia. Quelle différence voyez-vous avec Vincent par rapport à ces trois rôles précédents ?

Emmanuelle Bercot

L’univers reste assez éloigné, en même temps, assez proche. Ce sont des hommes avec beaucoup de convictions, en rapport avec la justice et la sécurité. Ils évoluent dans un monde où on essaie de rendre justice et de protéger. Protéger et servir. Il y a quelque chose de cet ordre-là. Ensuite, les terrains d’action sont pas les mêmes : le domaine militaire dans Cœur noirs, la police du grand banditisme dans Pax Massilia, l’enquête de police judiciaire dans Engrenages. Dans Paris Has Fallen, on est dans le domaine de la sécurité politique avec un grand méchant. Le tronc commun reste le côté très physique du rôle. Il faut être bien préparé et bien entouré. Cela demande des capacités physiques et en tout cas de l’endurance afin de tenir dans le temps. C’est une série, c’est assez long à faire. On n’est pas sur un film où en deux mois c’est plié.

Comment vous êtes-vous préparé pour le côté physique du rôle ? Il y a quand même de sacrées bagarres dans la série.

C’est lié à ma formation. Tout petit, j’ai baigné dans les sports de combat. J’en ai toujours pratiqué et j’en fais toujours. Cela m’a toujours accompagné dans mon quotidien. Je suis à l’entraînement entre les tournages et je continue toujours de m’entraîner pendant les tournages.

Et pour tout ce qui concerne le service de la protection des hautes personnalités car cela demande de la crédibilité.

J’ai la chance d’avoir toujours gardé de très bons contacts avec les gens rencontrés sur les tournages, au niveau de l’armée, chez les forces spéciales, au 36 quai des Orfèvres, à la BRB, à la BRI et aussi à la sécurité rapprochée. Ce sont des univers que je connais assez bien, de près, qui me parlent. J’essaye toujours de passer beaucoup de temps avec eux, de m’entraîner avec eux, de partager des moments privés avec eux pour comprendre aussi leur univers, leur mode de vie, leur façon de fonctionner, de réfléchir. Ils m’ont aussi fait confiance au fur et à mesure des années pour me permettre d’avoir un accès assez privilégié à leur monde.

Etonnamment, dans votre tout premier film, Killer Kid (1994), vous jouiez un enfant terroriste recruté pour tuer le président de la République. Dans Paris Has Fallen, vous essayez de sauver la présidente de la République.

(Rires) C’est vrai. Bon, on va dire que c’est le fait peut-être de mûrir. Quand on est enfant, on a envie de faire des bêtises et quand on est grand, on a envie de se calmer. On va dire que c’est la maturité. Il vaut mieux que ce soit dans ce sens-là en tout cas.

A l’époque, vous pouviez démonter un pistolet les yeux fermés.

Oui, au grand dam de ma mère. Cela la rendait folle mais moi ça m’amusait. C’était l’exercice : monter et démonter un pistolet automatique avec un bandeau sur les yeux.

Y parvenez-vous encore aujourd’hui ?

Oui. Ce sont des petits jeux qu’on fait entre nous maintenant. Mais les armes ont évolué entre temps et c’est moins drôle à faire aujourd’hui.

Vous incarnez le personnage principal de la série. Est-ce plus de responsabilité et de pression pour vous?

C’est plus de pression, oui parce que je suis de tous les plans. Mais cela fait quelques temps que j’ai cette responsabilité au travers des différentes séries que j’ai faites. Donc, ça va. Je la gère plutôt pas mal. Je l’aime cette pression. C’est un carburant aussi de donner le meilleur de soi-même, que ce soit pour un tel rôle ou un rôle moins important. En fait, je ne me pose pas cette question. Si je devais me la poser, cela pourrait me faire peur. Au contraire, c’est assez gratifiant de me dire qu’on me fait confiance. C’est plus un moteur qu’une peur voire un frein qui me ralentirait dans ce que j’ai envie de faire.

Les films de la franchise sont très masculins. Les femmes ont des rôles secondaires. Dans Paris Has Fallen, il y a deux rôles féminins très forts : l’agent du MI6 Zara Taylor (Ritu Arya) et la présidente de la République Juliette Levesque (Emmanuelle Bercot). Qu’en pensez-vous ?

Enfin on arrive à une parité totale dans la fiction. Enfin les femmes peuvent avoir des rôles à leur juste valeur. J’espère que ces questions n’existeront plus dans quelques années. Je n’ai plus envie que ce soit quelque chose que l’on remarque. J’ai vraiment la sensation qu’on est en train d’inscrire petit à petit dans le subconscient des gens que c’est tout à fait normal. En regardant une série aujourd’hui, on a quand même peu de chance de tomber sur des castings exclusivement masculins. Je ne parle pas de cinéma, mais sur une série, on est quand même au bon endroit en termes de diversité ou sur le 50-50 hommes-femmes.

Que voulez-vous que les téléspectateurs retiennent de Paris Has Fallen ?

Les aficionados de série politique vont être assez comblés. On est quand même assez bon pour ça chez Canal+ avec Baron noir et La Fièvre. Et en plus, ils auront de l’action spectaculaire. Quand on parvient à aborder des sujets aussi graves et importants, en tout cas pour la société française, et à y mettre aussi de l’entertainment, j’ai l’impression qu’on remplit un pari pour les spectateurs.

Cela fait 30 ans que vous êtes dans le métier. Comment voyez-vous votre évolution en tant qu’acteur ?

Je ne sais pas. J’ai toujours aimé faire ce que je faisais. J’ai toujours réussi à m’amuser. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai démarré à l’âge de 10 ans ce métier, que j’en ai connu toutes les évolutions, que ça soit un point de vue technique ou des sujets abordés. Je sais pas où cette carrière m’emmènera mais j’ai l’impression que pour l’instant je suis assez privilégié pour me dire que j’ai toujours envie de continuer à me laisser surprendre. Je ne vais que sur des choses que j’irai voir. De ce point de vue-là, je suis je suis en accord avec mes principes.

Et êtes-vous devenu l’acteur que vous rêviez d’être ?

Je ne sais pas. En tout cas, j’ai l’impression d’être l’homme que j’aurais voulu être. Si je suis bien dans mes baskets dans ma vie personnelle, c’est que je suis bien aussi à faire ce métier. Je fais ce métier par pur plaisir et non pas pour régler des problèmes ou résoudre des choses à travers des rôles pour m’améliorer ou faire une psychanalyse de ma propre personne. Si cela arrive, je vous tiendrai au courant (rires).

Vous avez une filmographie très diversifiée, vous n’êtes pas catalogué dans un type de rôle…

Et je continue. Là, je m’éclate à chanter et danser dans une comédie musicale, Partir un jour d’Amélie Bonnin d’après son court-métrage (César 2023 du meilleur court-métrage), avec Juliette Armanet et Bastien Bouillon. Et je viens de terminer le tournage de Bastion 36 d’Olivier Marchal. C’est l’amitié que j’ai développée avec Olivier sur Pax Massilia qui m’a emporté dans son projet. Il m’a eu parce qu’il m’a dit qu’il avait écrit quelque chose pour moi et que ça me plairait. C’était une espèce de suite de 36 quai des Orfèvres qui est pour moi une des références du polar en France. Ce film va en surprendre plus d’un. Ce sera une forme de renaissance pour Olivier. C’est drôle de réussir à se renouveler dans son propre genre.

Crédit photos : © Urban Myth Films (Bristol) ltd / Millennium IP, inc / Canal+