Depuis Les aventuriers de l’arche perdue, les scénaristes inventent des quêtes pour Indiana Jones. Et leur imagination semble sans limites.Reliques en or, antiquités sacrées aux pouvoirs surnaturels, objets farfelus… Voici les artefacts que le célèbre archéologue a cherchés, trouvés, perdus ou confiés à un musée. Et la réalité qui se cache derrière eux, comme pour le fameux crâne de cristal, mis en scènes dans Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal que M6 diffuse ce 22 juin, à 21h10.
Les aventuriers de l’arche perdue
L’idole de la fertilité de Pachamama
Cette statue en or massif d’environ quinze centimètres de haut représente la déesse inca de la fertilité connue sous le nom de Pachamama. C’est le premier artefact qu’Indiana Jones tente de trouver en 1936, dans le temple érigé par les guerriers chachapoyens, au cœur de la jungle de Chachapoyas, au Pérou. L’archéologue la récupère après avoir survécu à des pièges mortels pour mieux se la faire voler par son confrère sans scrupules René Belloq.
En réalité :
L’idole de fertilité chachapoyenne des Aventuriers de l’arche perdue n’existe pas. Inventée pour le film, elle serait basée sur la statue d’accouchement de Dumbarton Oaks, une œuvre d’art en pierre d’origine précolombienne. Mesurant environ vingt centimètres de haut, cette sculpture montre une femme en train d’accoucher en position accroupie. Elle représenterait la déesse aztèque Ixcuina, également connue sous le nom de Tlazolteotl.
Le pommeau-médaillon du grand bourdon de Râ
Le pommeau en bronze et en forme de médaillon représente le soleil, avec un éclat de cristal en son centre. Il doit être fixé au bout d’un bâton d’une certaine hauteur puis utilise dans la salle des cartes de Tanis. Les rayons du soleil traversent son cristal et montre sur une maquette de Tanis la localisation exacte du Puits des âmes qui abrite l’Arche d’alliance.
Des inscriptions gravées sur le médaillon avertissent qu’il ne faut pas déranger l’arche. Elles indiquent également la taille exacte du bourdon : six kadams de haut (une mesure de longueur de l’Egypte antique), moins un kadam pour honorer le dieu possesseur de l’arche d’alliance.
L’archéologue Abner Ravenwood, mentor d’Indiana Jones, a découvert le pommeau du bâton de Râ en 1926. Il l’a confié à sa fille Marion, ex-petite amie d’Indy. Ce dernier lui a racheté pour 3 000 dollars en 1936.
En réalité :
Il n’existe pas de pommeau-médaillon ni de grand bourdon de Râ, le dieu du soleil à l’origine de la création du monde dans la mythologie égyptienne.
L’Arche d’alliance
Selon la Bible, vers 1400 av. J.-C., les Hébreux ont rassemblé les morceaux des tables de la loi – les Dix Commandements – brisées par Moïse et les ont déposés dans un coffre en bois recouvert d’or. Quand ils se sont installés en Canaan, ils ont placé l’Arche dans le Temple de Salomon, à Jérusalem. Elle y resta jusqu’en 980 av. J.-C., lorsque le pharaon égyptien Shishak envahit la ville et emporta l’Arche avec lui dans la ville de Tanis. Il la cacha dans une chambre secrète appelée le Puits des âmes. Tanis a ensuite été ensevelie par une tempête de sable déclenchée par la colère de Dieu. D’après la Bible, l’arche a des pouvoirs surnaturels, elle peut raser des montagnes et dévaster des régions et des pays entiers. Une armée qui se ferait précédée de l’arche serait invincible. D’où l’intérêt d’Adolf Hitler de posséder cet artefact.
Indiana Jones découvre l’Arche d’Alliance dans le Puits des âmes avant de se la faire voler par René Belloq et les nazis. Ces derniers l’ouvrent et sont décimés par les pouvoirs du coffre. Indy survit en gardant les yeux fermés, se souvenant d’un passage de la Bible précisant que Dieu frappe ceux qui regardent dans l’Arche.
Le gouvernement américain conserve l’Arche d’alliance dans un entrepôt militaire secret.
En réalité :
Les spécialistes débattent encore sur la véritable histoire de l’Arche d’alliance et sur son destin. Selon le canon des écritures juives, la relique a définitivement disparu après avoir résidé de nombreuses années dans le Temple de Salomon.
Indiana Jones et le temple maudit
Les cendres de Nurhachi
En 1935, Indiana Jones a retrouvé les cendres de Nurhachi et remet l’urne les contenant au gangster chinois Lao Che en échange d’un diamant.
En réalité :
Nurhachi est le premier empereur de la Dynastie Qing. Il a régné de 1616 à sa mort en 1626. Il n’a pas été incinéré à son décès. Son corps repose à Fuling, un mausolée situé à l’est de Shenyang.
L’Œil de paon
Le diamant que reçoit Indiana Jones contre les cendres de Nurhachi est Œil de paon et a appartenu à Alexandre le Grand. C’est l’une des deux pierres précieuses que le roi de Macédoine a fait incruster dans une grande statue de paon en or massif pour figurer les yeux du volatile. La sculpture a été détruite après la mort d’Alexandre. L’un des diamants a été vendu à un empereur indien tandis que l’autre a disparu.
En réalité :
Dans l’Histoire, si Alexandre le Grand a ouvert les portes du commerce entre l’Orient et l’Occident et a fait connaître les premiers diamants aux Européens, aucun document ne parle d’une statue de paon avec des yeux en diamants.
Les cinq pierres de Sankara
Selon une légende, le dieu hindou Shiva a donné cinq pierres à Sankara sur le mont Kalisa et lui a demandé de les utiliser dans sa lutte contre le mal. Quand les pierres sont réunies, elles brillent grâce aux diamants qu’elles contiennent. Elles peuvent apporter la vie et la lumière comme elles peuvent détruire ceux qui trahissent Shiva – comme Mola Ram, le grand prêtre du culte maléfique des Thuggee. A la mort de Sankara, les pierres ont été dispersées ou vendues par des mercenaires.
Dans les années 1930, Mola Ram possède deux de ces pierres. Il vole une troisième aux habitants de Mayapore. Ces derniers l’avaient trouvée dans une rivière et la vénérait car elle apportait bonheur et prospérité au village. Les deux dernières pierres sont enfouies sous le palais de Pankot. Mola Ram a kidnappé les enfants des villages alentours et les force à creuser dans les sous-sols afin de récupérer les pierres. Mola Ram croit qu’avec le pouvoir des pierres, Kali, la déesse de la destruction, régnera sur le monde.
A la demande du chaman de Mayapore, Indiana Jones accepte de retrouver la pierre du village. L’archéologue repart du palais de Pankot avec les trois pierres de Mola Ram mais dans sa fuite, deux tombent dans une rivière. Il rapporte la troisième aux villageois.
En réalité :
Bien qu’inventées pour les besoins d’Indiana Jones et le temple maudit, les pierres de Sankara font référence au Shiva Lingam, une pierre rare et sacrée en Inde qui renfermerait en elle les énergies purifiant les mauvaises ondes et donnant la force d’affronter toutes les épreuves. Ces pierres proviennent de la rivière Narmada, un des sept lieux sacrés du pèlerinage hindou. Chacune possède une forme unique, façonnée par les courants d’eau.
Quant à Sankara, il pourrait être inspiré d’Adi Shankara, un célèbre maître spirituel de l’hindouisme, philosophe et considéré comme un saint.
Indiana Jones et la dernière croisade
La Croix de Coronado
En 1912, Indiana Jones, alors scout, tombe sur un pilleur de sépultures et ses acolytes alors qu’ils fouillent un site funéraire dans des grottes de l’Utah. Ils viennent de mettre au jour la Croix de Coronado, un crucifix en or incrusté de joyaux ayant appartenu à l’empereur byzantin Justinien II. Le conquistador espagnol Hernán Cortés l’a donnée en 1526 à un autre conquistador espagnol, Francisco Vásquez de Coronado, d’où son nom. Une rumeur prétend que ce crucifix contient un morceau de la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié. Coronado aurait perdu l’artefact lors de ses recherches pour trouver les mythiques sept cités d’or en Amérique du Sud, en 1540.
A peine récupérée, Indiana Jones perdra la Croix de Coronado que reprendra le commanditaire du pillage de tombes. Il la retrouvera en 1938 sur le bateau du riche malfrat et la donnera à Marcus Brody pour son musée.
En réalité :
La Croix de Coronado est une invention pour le film. Cependant, elle s’inspire de la Croix de Justinien II ou Crux Vaticana datant du VIe siècle et conservée dans le trésor de la basilique Saint-Pierre de Rome, au Vatican. De plus, Francisco Vásquez de Coronado et Hernán Cortés ont réellement existé et auraient pu se rencontrer en Nouvelle-Espagne dans les années 1530.
Le Saint Graal
Appelé le Saint Graal dans la légende du roi Arthur et le Saint Calice dans les Evangiles, cet artefact est la coupe utilisée par Jésus-Christ lors de la Cène. Joseph d’Arimathie, notable juif mandaté pour inhumer le corps du fils de Dieu, s’en est ensuite servi afin de recueillir le sang du Christ transpercé par la lance de Longinus lors de sa crucifixion. Celui qui boit dans cette coupe recevrait la vie éternelle. Elle soignerait aussi toute blessure et guérirait toute maladie ou infection.
Joseph d’Arimathie a emporté le Saint Graal en Angleterre où la relique a une première fois disparu. Retrouvée par le roi Arthur, elle a été cachée puis volée jusqu’à que la Confrérie de l’épée cruciforme s’en empare et construise un temple dans le désert pour l’y conserver. Trois frères, tous chevaliers de la première croisade, l’ont ensuite recouvrée. 150 ans plus tard, deux d’entre eux ont pris le chemin de la France. Un seul y est parvenu. Avant de mourir d’extrême vieillesse, il a raconté son histoire à un moine franciscain. Ce dernier a décrit dans un manuscrit où trouver deux indices pour localiser la coupe du Christ.
L’un des deux est dans la tombe du second frère, dans des catacombes dont l’entrée se situe dans une église transformée en bibliothèque à Venise, en Italie. Une inscription gravée sur le bouclier du chevalier indique qu’il faut partir de la ville turque d’Alexandretta puis traverser le désert et rejoindre le canyon du Croissant de lune jusqu’au temple creusé à même la roche.
Il faut alors résoudre trois énigmes afin d’éviter les pièges mortels et atteindre la salle de la coupe du Christ. Le dernier des trois frères qui, 700 ans plus tôt, avait fait le serment de trouver le Graal et de le protéger, est toujours en poste. Selon lui, personne ne peut sortir l’artefact du temple au risque que tout l’édifice s’effondre. Ce qui arrive d’ailleurs, faisant disparaître le Graal à tout jamais.
En réalité :
Contrairement à la certitude d’Indiana Jones et la dernière croisade, il est impossible de savoir si le Graal a existé, sous quelle forme et avec quels pouvoirs.
Le Graal apparaît pour la première fois au Moyen Age dans les légendes du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Selon les différents écrits, il est dépeint comme un récipient d’abondance qui produit une nourriture miraculeuse qui se renouvelle chaque jour, un vase creusé dans de la roche, une pierre précieuse… A partir du XIIe siècle, il est associé au Saint Calice.
Aujourd’hui, plusieurs coupes représenteraient cette relique du Christ. L’une d’elles est conservée à la cathédrale de Gênes, en Italie, et une autre à la cathédrale de Valence, en Espagne. Aucune n’est officiellement reconnue par l’Eglise catholique.
Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Le crâne de cristal
Il y a 7 000 ans, la tribu amazonienne des Ugha a été choisie par les dieux pour bâtir une cité géante et entièrement en or massif appelée Akator, ou El Dorado. Ces dieux, au nombre de treize, étaient des êtres interdimensionnels qui voyageaient à bord d’une soucoupe volante et venaient de l’espace entre les espaces. Leur squelette, magnétique, est fait de cristal et leur crâne est allongé. Ils ont enseigné aux Ugha diverses technologies et savoirs comme l’ingénierie et l’agriculture. En retour, les Indiens les vénéraient. Pour les honorer, ils ont gravé les lignes de Nazca dans le sol du désert de Nazca et entouraient la tête de leurs bébés pour donner une forme allongée à leur crâne.
En 1546, le conquistador espagnol Francisco de Orellana et ses hommes ont trouvé Akator et les treize squelettes des dieux qui siégeaient dans son temple. La supposée cité d’or était en fait la cité du savoir. Le trésor des Ugha n’était pas l’or mais la connaissance. Les êtres interdimensionnels conservaient ainsi des artefacts, pour la plupart en or, de tous les lieux de l’Histoire ancienne dans leur temple.
Les Espagnols ont volé un des crânes et des objets en or puis ont rejoint leur bateau. Ils sont morts en chemin et ont été enterrés dans une chambre secrète du cimetière de Chauchilla, à Nazca. La légende veut que celui qui rapportera le crâne au temple d’Akator recevra en échange ses pouvoirs psychiques – dont la télépathie.
En 1957, une fois le crâne remis sur son squelette, les êtres interdimensionnels prennent vie et ouvrent un portail vers une autre dimension. Ils repartent à bord de leur soucoupe sur laquelle était érigée Akator, détruisant ainsi la ville.
En réalité :
Il existe plusieurs crânes de cristal dans le monde. Tous des faux. Censés avoir été sculptés par les Aztèques et les Mayas, ils ont en fait été taillés au XIXe et XXe siècles. Des analyses commanditées par les musées dans les années 1990 ont prouvé la supercherie.
Le crâne le plus connu est celui de Frederick Mitchell-Hedges – d’ailleurs cité dans Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal. En 1950, l’explorateur britannique a affirmé l’avoir découvert en 1924 lors de fouilles archéologiques dans la cité maya Lubaantun, au Belize. Selon lui, l’artefact avait plus de 3 000 ans. Frederick Mitchell-Hedges l’avait en fait acheté en 1944 à un marchand d’art londonien. Des analyses effectuées en 2008 ont confirmé que ce crâne a été fabriqué dans les années 1930.
Indiana Jones et le cadran de la destinée
[Ne souhaitant pas divulgâcher les surprises du film, je n’évoque ici – pour l’instant – que le juste nécessaire.]
La lance de Longinus
En 1944, Indiana Jones embarque dans un train contenant de nombreuses antiquités volées par les nazis. Il cherche la lance de Longinus, soit la Sainte Lance qui a transpercé le flanc de Jésus-Christ lors de sa crucifixion.
En réalité :
La lance de Longinus ou Sainte Lance est mentionnée dans l’Évangile selon Jean. Elle tient son nom du soldat romain qui perça le flanc de Jésus-Christ afin de vérifier s’il était bien mort.
Plusieurs Saintes Lances ont été répertoriées dans le monde ce qui pose la question de leur authenticité. L’une d’elles est conservée dans la basilique Saint-Pierre de Rome, au Vatican.
Le cadran d’Archimède
Dans Indiana Jones et le cadran de la destinée, l’archéologue recherche le cadran d‘Archimède, aussi appelé la machine d’Anticythère. Ce mécanisme aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles et permettrait de réparer les erreurs du passé.
En réalité :
Des fragments de la machine d’Anticythère ont été trouvés en 1901, dans une épave romaine datée comme antérieure à 87 av. J.-C., près de l’île grecque d’Anticythère, d’où le nom. Ce dispositif mécanique aurait été utilisé dans la Grèce antique pour calculer et afficher des informations sur des phénomènes astronomiques. Il est le plus vieux mécanisme à engrenages connu et le plus ancien exemple connu de calculateur analogique.
L’identité du concepteur de cette invention est toujours disputée. Le film prend le parti d’attribuer la création du mécanisme à Archimède (287-212 av. J.-C.), le père de la mécanique statique. C’était peut-être encore la théorie en 1969, d’où le nom de cadran d’Archimède. Cependant, des historiens situent désormais la date de fabrication du mécanisme entre 150 et 100 av. J.-C., voire en 205 av. J.-C., soit après la mort d’Archimède. Les travaux du scientifique grec auraient néanmoins pu inspirer le réel inventeur.
Enfin, des scientifiques ont émis l’hypothèse que la machine, supposée notamment prédire les éclipses, a été utilisée pour la première fois le 23 décembre 178 av. J.-C. En ce jour du solstice d’hiver et du début de la nouvelle lune, les Grecs auraient alors observé une éclipse solaire annulaire. La Terre, la lune et le soleil sont alignés, mais la lune ne couvre pas la totalité du soleil, dessinant ainsi un contour ressemblant à un anneau de feu.
Crédit photos : © Lucasfilm / Disney