Dans Les Misérables (2019), Ladj Ly raconte l’arrivée d’un policier à la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil (93). Le réalisateur filme la banlieue et la France. Il évite le manichéisme entre les jeunes et les flics, avec des bons et des méchants des deux côtés. Il aborde la mixité ethnique sans ses clichés, avec des “Blacks, Blancs, Beurs” de part et d’autre. Le cinésate montre que chacun s’arrange au quotidien afin de survivre dans des quartiers où coexistent trente nationalités différentes. Les Misérables a notamment reçu quatre César dont celui du meilleur film et celui du public. TF1 diffuse le long métrage de Ladj Ly ce 27 novembre à 22h55.

1 – Le réalisateur Ladj Ly est un autodidacte

A 17 ans, Ladj Ly a acheté une caméra numérique et il n’a plus cessé de filmer. Il était ami avec Kim Chapiron qui, deux ans plus tôt, a créé le collectif Kourtrajmé avec Romain Gavras et Toumani Sangaré. Ladj Ly filmait alors tout ce qu’il se passait dans son quartier mais aussi les tournages de Kourtrajmé. Il a tout appris sur le tas. Il a réalisé des web-documentaires, comme 365 Jours à Clichy-Montfermeil tourné pendant les émeutes de 2005, chez lui, ou encore 365 jours au Mali, pays dont il est originaire et où il s’est immergé pendant un an, le docu-fiction Go Fast Connexion réalisé trois ans après les émeutes où il aborde le traitement médiatique des banlieues et A voix haute, un documentaire sur les réalités de la banlieue. Les Misérables est son premier long métrage de fiction, basé sur son court métrage éponyme de 2017 nommé aux César 2018.

Le réalisateur des Misérables Ladj Ly

Le réalisateur Ladj Ly

2 – Les Misérables est basé sur des événements réels

Dans ce film, Ladj Ly raconte un peu sa vie, ses expériences et celles de ses proches… “Tout ce qui est dedans est basé sur des choses vécues : la liesse de la Coupe du monde évidemment, l’arrivée du nouveau flic dans le quartier, l’histoire du drone,” raconte le réalisateur. “Pendant cinq ans, avec ma caméra, je filmais tout ce qui se passait dans le quartier, et surtout les flics, je faisais du copwatch. Dès qu’ils débarquaient, je prenais ma caméra et je les filmais, jusqu’au jour où j’ai capté une vraie bavure. Dans le film, l’histoire du vol du lionceau déclenchant la colère des Gitans propriétaires du cirque est également vécue…”

3 – Le foot : le ciment du peuple

Damien Bonnard, Alexis Manenti et Djebril Zonga

Les Misérables commence avec les drapeaux français pendant le soir de liesse de la Coupe du monde. Ladj Ly a voulu faire un film non seulement sur les banlieues mais aussi sur la France. “Parce qu’on est tous français,” affirme le réalisateur. “Nous, on est nés ici, on a toujours vécu ici… A certains moments, certains nous ont dit que nous n’étions peut-être pas français, mais nous, on s’est toujours senti français. Je suis un peu plus vieux que les « microbes » du film et le 12 juillet 98 m’a marqué à vie. Je m’en souviens encore, j’avais 18 ans, c’était magique ! Le foot était parvenu à tous nous réunir, il n’y avait plus de couleur de peau, plus de classes sociales, on était juste tous français. On a ressenti ça à nouveau lors de la dernière Coupe du monde, comme si seul le foot parvenait à nous rassembler. C’est dommage qu’il n’y ait pas d’autres ciments du peuple mais en même temps, ces moments sont géniaux à vivre, et à filmer. Le film commence là-dessus, puis ensuite, retour à la réalité quotidienne moins reluisante, chacun retourne à sa place en fonction de sa couleur de peau, de sa religion, de son lieu d’habitation, de sa classe sociale… D’ailleurs, l’actu rattrape le film tous les jours.”

Crédit photos : © Le Pacte