Après le succès de Peaky Blinders, le showrunner Steven Knight s’attaque à un nouveau groupe d’hommes historiques : les SAS. Rogue Heroes retrace en effet la création du Special Air Service en Afrique du Nord, pendant la Seconde Guerre mondiale. La série – qui vient d’être renouvelée pour une deuxième saison – se base sur des personnages et événements réels. Jusqu’à un certain point. Mais la vérité s’avère parfois plus étrange que la fiction. Canal+ diffuse les six épisodes de Rogue Heroes à partir de ce 1er décembre, à 21h00. [SPOILERS]

Alfie Allen, Conner Swindells et Jack O’Connell incarnent les fondateurs du Special Air Service (SAS)

L’histoire

Rogue Heroes raconte les origines de l’unité d’élite des forces spéciales britanniques, Special Air Service (SAS), créée en 1941. En six épisodes, la série va de l’idée de parachuter une unité de combat d’élite dans le désert nord-africain en 1941 aux premières missions visant à saper les Allemands et les Italiens en 1941 et 1942. A cette époque, les troupes britanniques s’embourbent dans leurs tentatives de débarrasser le continent des forces de l’Axe. Les SAS ont mené d’innombrables raids de nuit derrière les lignes ennemies en Égypte et en Libye afin de détruire leurs avions au sol.

La devise des SAS est “Qui ose gagne”. Selon Steven Knight, les hommes choisis pour intégrer le SAS étaient le genre à ne pas savoir ou à ne pas vouloir s’intégrer dans la société. Sans la guerre, ils auraient fini en prison ou auraient eu des problèmes car ils n’étaient pas équipés pour la société normale. La majorité des personnages dans Rogue Heroes sont basés sur des personnes qui ont réellement existé. Notamment les fondateurs du SAS : David Stirling (Connor Swindells), Paddy Mayne (Jack O’Connell), John Steel “Jock” Lewes (Alfie Allen) et Dudley Wrangel Clarke (Dominic West).

Connor Swindells alias David Stirling

L’adaptation d’un livre

Afin d’écrire sa série, Steven Knight s’est avant tout basé sur le livre de Ben Macintyre Rogue Heroes : The History of the SAS, Britain Secret Special Force Unit that Sabotaged the Nazis and Changed the Nature of War (Héros rebelles : L’histoire des SAS, l’unité secrète des forces spéciales britanniques qui a saboté les nazis et changé la nature de la guerre) paru en 2017.

L’historien de guerre, déjà auteur de L’Opération Mincemeat adapté en film sous le titre La ruse, s’est appuyé sur des rapports, des mémos, des journaux intimes, des lettres, des cartes et des photographies provenant des archives des SAS, ainsi que sur des entretiens avec ceux qui ont participé aux débuts de l’unité. Le showrunner a ensuite fait ses propres recherches et apporté quelques modifications. “Pour créer un drame à partir de cette histoire incroyable, j’ai dû sculpter un monde où les choses sont un peu exacerbées, un peu comme la guerre et l’absurdité exacerbent toutes les émotions,” révèle Steven Knight. “S’appuyer sur les faits et les vérités a rendu plus facile le fait de donner vie  aux personnages de ce monde, surtout ceux qui ne sont pas des héros archétypes.”

L’authenticité du récit

Alfie Allen incarne Jock Lewes

“C’est une histoire tellement étonnante, impensable, incroyable,” admet le showrunner. “Nous pensons tous savoir sur ces hommes, mais quand j’ai lu le livre de Ben Macintyre et que j’ai commencé à faire des recherches, ce qui m’a frappé, c’est l’âge qu’ils avaient – 19, 20, 22, 23 ans – et la pression qu’ils subissaient. Ils ont juste décidé entre eux de faire quelque chose de différent. Ils ont changé le cours de la bataille.”

Si Steven Knight aurait aimé garder certains soldats en vie, il a cependant respecté la réalité. “Dans le livre, il y a beaucoup d’échecs et de désastres,” continue le scénariste. “Et des personnages que, en tant que dramaturge, j’aimerais voir continuer à vivre. Mais je devais faire un choix. Et donc, lorsque ce personnage est mort dans la réalité, il meurt dans la série. J’espère que cela aura un impact émotionnel sur les spectateurs. Le choix a toujours été pour moi de m’en tenir à l’histoire réelle. Tout au long de l’écriture, j’ai essayé de ne pas me référer à d’autres fictions, et j’ai essayé, dans la mesure du possible, de me référer à des récits de première main.”

L’incroyable mais vrai

Jack O’Connell incarne Paddy Mayne

Le showrunner a rencontré le dernier des membres originaux des SAS, Mike Sadler (joué par Tom Glynn-Carney). L’homme, âgé aujourd’hui de 102 ans, lui a révélé quelques événements inédits qui indiquent le degré de folie de ces soldats. Comme la scène dans laquelle David Stirling jette une grenade factice sur une table de billard pour obliger les joueurs à quitter la pièce. “Ces choses si étonnantes et sauvages que vous pensez inventées sont en fait vraies,” souligne Steven Knight. “J’ai souvent dû atténuer ce qui s’est réellement passé pour que les spectateurs y croient. Les choses qui sont les moins crédibles sont les plus vraies.”

Ainsi, dans la réalité, David Stirling – sans aucune aide – a réussi une opération où il a fait exploser à lui seul 20 avions ennemis. Paddy Mayne n’a pas cru son camarade et exigé des preuves. Les deux amis sont retournés dans le territoire occupé par les Allemands. David Stirling lui a montré tous les avions en miettes. Surpris par les nazis au cours de cette escapade, ils en ont profité pour détruire d’autres avions avant de s’échapper vers leur camp. Cet événement n’apparaît pas dans la série. Steven Knight a pensé que personne ne croirait cette histoire.

Dominic West incarne Dudley Clarke

Les fondateurs réels du SAS

David Stirling, officier écossais de l’armée britannique. Il a convaincu le général Claude Auchinleck qu’une petite équipe de soldats entraînés pouvait lancer une attaque surprise sur plusieurs cibles en une nuit. Avec ses amis Jock Lewes et Paddy Mayne, ils ont recruté les hommes du SAS. Leur première opération a été un échec. Obstiné, David Stirling a maintenu la mission aéroportée du 4 octobre 1941 malgré une tempête de sable. Parachutés derrière les lignes ennemies, seuls 22 hommes sur 55 sont rentrés à la base sans pouvoir achever la mission. A partir de ce jour, les SAS ont conduit leurs raids avec des moyens terrestres. Baptisé le “Commandant fantôme”, David Stirling a été capturé en 1943 par les Allemands, en Tunisie. Il a été libéré en 1945. Il est mort en novembre 1990, à l’âge de 74 ans.

Paddy Mayne, officier de l’armée britannique né en Irlande du Nord. Alors qu’il attendait sa mutation pour la Chine, il est mis aux arrêts pour avoir frappé son supérieur. David Stirling a obtenu sa libération et son intégration dans le SAS. Il aurait détruit plus d’une centaine d’avions au cours de ses différentes missions. Suite à la capture de David Stirling, il a été nommé commandant. Il est mort en décembre 1955, à l’âge de 40 ans.

Jock Lewes, officier de l’armée britannique originaire de Calcutta. Principal officier d’entraînement du SAS, il a inventé l’engin explosif connu sous le nom de “bombe Lewes”. C’est aussi lui qui a dessiné l’insigne des SAS. Il a été tué en décembre 1941, à l’âge de 28 ans.

Dudley Wrangel Clarke, officier de l’armée britannique. Il s’est fait connaître pour ses opérations de tromperie militaire. En janvier 1941, il a lancé l’opération Abeam. Utilisant des documents, des photographies et des rapports falsifiés, il a inventé un régiment de parachutistes britanniques dans la région du Caire : la fictive 1e brigade du Special Air Service. En mai 1941, l’idée de David Stirling permet de donner une réalité à ce commando fictif. Après la fin de la guerre, Dudley Clarke a écrit des histoires de guerre et a pris sa retraite de l’armée en 1947. Il est mort en mai 1974, à l’âge de 75 ans.

Crédit photos : © Sophie Mutevelian – © Kudos/Banijay Rights