Renfield propose une revisite du mythe du vampire. C’est du grand n’importe quoi assez réjouissant. Long métrage déjanté au possible, il est aussi riche d’inventivité, d’humour et de scènes d’action très réussies. Nicolas Cage est un cabotin parfait pour ce Dracula-là et Nicholas Hoult s’avère très vite attachant en âme servile et torturée, en dépit de ses actes horrifiques. Renfield dispense également quelques messages pertinents sur les relations toxiques. Voici 5 choses à savoir sur le film réalisé par Chris McKay, en salles ce 31 mai. 

Nicolas Cage et Nicholas Hoult dans Renfield

Nicolas Cage et Nicholas Hoult

1 – De The Walking Dead à Renfield

“Et si on racontait l’histoire de Dracula du point de vue d’un de ceux qui le côtoient au quotidien ?” s’est un jour demandé l’auteur, scénariste et producteur Robert Kirkman, à qui l’on doit notamment le roman graphique The Walking Dead (2004-14), dont est tirée la série télé éponyme. Il a alors pensé à Renfield.

Renfield est né dans les pages du roman Dracula de Bram Stoker (1897). Il est enfermé dans un hôpital psychiatrique où il ingurgite mouches, araignées, oiseaux et autres bestioles vivantes pour se nourrir de leur force vitale. Il espère ainsi accéder à une forme d’immortalité comme promise par le vampire.

Robert Kirkman a écrit un traitement centré sur la relation de dépendance toxique qui lie Renfield et Dracula, le plus grand narcissique de la littérature occidentale. Cependant, l’emploi du temps chargé de Robert Kirkman ne lui donnait pas la possibilité de développer le scénario lui-même. En décembre 2018, il a pitché son idée à Ryan Ridley (scénariste des séries Rick et Morty et Community). Ryan Ridley a centré l’intrigue sur le cheminement chaotique de Renfield vers la rédemption.

Nicholas Hoult joue Renfield

Nicholas Hoult

2 – Mon patron est un monstre

Dans le film mêlant horreur démesurée et humour noir, Robert Montague Renfield (Nicholas Hoult) est contraint depuis des décennies de procurer des victimes à Dracula (Nicolas Cage) et de gérer tous ses problèmes d’intendance. Il pense qu’il n’est rien sans Dracula, que le prince des ténèbres donne un sens à sa vie en lui procurant une forme de pouvoir. Au cours du film, il est amené à se penser différemment et apprend à s’aimer, jusqu’à entrevoir, enfin, une vie de liberté, loin de sa relation toxique avec son patron abusif.

“Le thème du film n’est pas drôle, et même plutôt dérangeant,” commente Nicolas Cage (Un talent en or massif). “A la base, il y a une forme d’amour. Par moments, je regarde Renfield comme un fils. Mais à d’autres moments, c’est de la maltraitance pure. On explore ici le côté sombre des rapports humains, et ce n’est pas un sujet facile, encore moins quand on a pris le parti d’en rire. C’est un mélange délicat et instable.”

3 – De Tod Browning à Chris McKay

Nicolas Cage

Au cinéma, le personnage de Renfield est déjà apparu dans Dracula, le film de Tod Browning de 1931. Il était alors interprété par Dwight Frye, face au mythique Dracula de Béla Lugosi. Pour ouvrir Renfield, le réalisateur Chris McKay a eu l’idée d’incruster les nouveaux Renfield et Dracula dans le film en noir et blanc de Tod Browning. “On avait besoin d’établir le passif de leur relation,” explique le metteur en scène. “Je voulais aussi rendre hommage au premier Dracula et à Béla Lugosi. Quel meilleur moyen que de mettre nos acteurs directement dans le film de 1931 ? On a tourné beaucoup plus de scènes que celles qu’on voit dans le film. Nicolas Cage et Nicholas Hoult ont joué presque toutes les répliques de la première rencontre entre leurs personnages. Les acteurs et l’équipe des effets visuels ont fait un travail de recréation formidable.”

4 – Nicolas Cage a pris son père comme modèle

Afin d’incarner son prince des ténèbres, Nicolas Cage s’est étonnamment inspiré de son père. “C’était un homme très élégant,” confie le comédien. “Il parlait avec un accent mi-britannique, mi- américain et était d’une intelligence invraisemblable, ce dont il avait parfaitement conscience. Il savait qu’il était le plus intelligent quelle que soit la pièce dans laquelle il entrait. J’ai donc pensé qu’il serait un modèle intéressant pour le personnage.”

Nicolas Cage

Il a également été influencé par Max Schreck qui interprétait le sinistre comte Orlok dans Nosferatu de F.W. Murnau (1922). Nicolas Cage a vu le film quand il n’avait que cinq ans. Il est resté marqué de façon indélébile par cette répugnante créature chauve avec des ongles comme des serres.

Nicolas Cage a enfin aussi pensé à l’acteur anglais Christopher Lee qui a endossé la cape du vampire dans de nombreux films de la Hammer, ainsi qu’à Gary Oldman et sa vulnérabilité dans le Dracula (1992) de son oncle Francis Ford Coppola.

Pour la voix, Nicolas Cage a étudié celle d’Anne Bancroft dans le rôle de l’enjôleuse et carnassière Mrs. Robinson dans Le lauréat de Mike Nichols (1967), alors qu’elle maltraite Dustin Hoffman en Benjamin Braddock désœuvré. “La voix d’Anne Bancroft m’est venue à l’esprit, et j’en suis ravi,” avoue-t-il. “Je l’ai absorbée, filtrée et régurgitée à ma façon.”

5 – De vrais insectes au menu de Nicholas Hoult

Nicholas Hoult (Le menu) a dû avaler un bon nombre d’insectes et de vers pour interpréter Renfield. La grande majorité était des faux, confectionnés par le chef accessoiriste Gary Tuers et son équipe. Ils ont utilisé des impressions 3D et grandeur nature de cafards, scarabées et autres fourmis à partir desquelles ils ont créé des moules en silicone. Au final, près de cent exemplaires de chaque bestiole ont été moulés.

Nicholas Hoult

Les accessoiristes ont mené des recherches afin de déterminer quelle matière serait la plus appropriée. D’après Gary Tuers, c’est le caramel fondu qui donnait les meilleurs résultats pour le corps des insectes, auxquels il fallait ensuite ajouter des pattes. Pour arriver à l’aspect et à la consistance voulus pour les vers de terre, ils ont poussé les essais jusqu’à ajouter du charbon à des desserts à la gélatine avant de les congeler. Mais cette technique s’est avérée peu concluante.

Avant le début du tournage, Gary Tuers a présenté à Chris McKay et à Nicholas Hoult ce que l’acteur aurait à ingurgiter comme des vers de terre en gélatine ou des insectes en pomme de terre mais aussi de vrais criquets séchés. On peut les trouver sur Internet, dans des parfums différents (sauces ranch et barbecue ou vinaigre et sel). Au final, le comédien a consommé environ une centaine de criquets.

Crédit photos : © Universal Pictures International