Hippogriffes, magyars à pointes, araignées géantes ou gobelins… Le bestiaire de la saga Harry Potter regorge de créatures fantastiques nées de l’imagination de J.K. Rolling. Mais pour prendre vie, elles sont tous passées dans l’atelier Créatures et maquillages effets spéciaux de Nick Dudman.

L’hippogriffe

Si le directeur artistique, Stuart Craig, est à la base de tous les designs des créatures de Harry Potter, c’est le département Créatures et maquillages effets spéciaux, aujourd’hui dirigé par Nick Dudman, qui les a concrètement fabriqués, que ce soit les animatroniques ou les masques. « Pour chaque créature, la question est avant tout de savoir si on la conçoit réellement ou si elle sera digitale, explique Nick Dudman. Chaque cas est particulier. Si elle doit être réelle, c’est mon équipe qui s’en charge. Si elle est digitale, l’équipe des effets visuels s’en charge mais on leur fournit quand même les maquettes, les modèles à scanner ou les sculptures qui leur servent alors de références. » Dans le cas de Buck, l’hippogriffe du Prisonnier d’Azkaban, s’il est entièrement numérique à l’écran, il a quand même été construit de toutes pièces pour apporter une présence pour les acteurs et les aider dans leur jeu. Cela changeait d’une balle de tennis au bout d’un manche à balai.

Aragog

« Aragog de La Chambre des secrets reste la créature la plus imposante que nous ayons faite. Toutes les autres araignées sont numériques car elles courent sur des branches ou descendent sur des toiles mais Aragog devait sortir d’un trou et parler. Ses quatre pattes arrière étaient actionnées avec des tiges de marionnettistes mais ses quatre pattes avant étaient mécaniques. Il fonctionnait grâce au système Aquatronic, un système hydraulique où l’huile a été remplacée par de l’eau pour ralentir les mouvements. Il pesait une tonne. Sa bouche était contrôlée par ordinateur et bougeait dès que nous lancions l’enregistrement de la voix de l’acteur qui le double. Il nous a fallu quatre mois pour le construire et dix à douze personnes pour le manipuler. »

Nick Dudman et son gobelin

Aragog n’est pourtant qu’un des nombreux défis que Nick Dudman a dû relever au cours de la saga. Et le dernier opus, Harry Potter et les reliques de la mort, n’est pas en reste. « Le plus dur sur le dernier Harry Potter a été la logistique qui a entouré la création des gobelins de Gringotts. Chaque gobelin est unique, il a donc fallu créer un masque pour chacun des acteurs. » Au total, l’équipe de Nick Dudman a moulé et sculpté la tête des 60 comédiens interprétant les gobelins pour ensuite confectionner des masques sur mesure. Chaque masque a été fabriqué en plusieurs morceaux avec du silicone dont la texture ressemble à la peau. Ils ont ensuite été peints couleur chair. Les sourcils ont enfin été ajoutés puis les cheveux, un par un, avec une aiguille. Chaque jour de tournage demandait la création d’un nouveau jeu de masques pour tous les acteurs car à chaque fois qu’ils étaient retirés, ils étaient détruits tant ils étaient fins. Les gobelins ont tourné pendant quinze jours… « Au total, nous avons utilisé 3 500 kg de silicone. Chaque matin, mon équipe commençait cinq heures avant le début du tournage. Nous apposions les masques sur les comédiens, puis les acteurs mettaient leur costume, leurs lentilles de contacts – car les gobelins ont tous les yeux noirs – leurs fausses dents – et chacun d’entre eux avait des dents différentes – et enfin, ils étaient prêts à tourner. » A côté de cela, les géants ont presque été des vacances. « Les géants sont un mélange de maquillage et d’effets numériques. Chaque acteur a enfilé un costume de géant et porte un masque qui lui couvre la tête et une partie des épaules. Ils sont filmés sur fond vert et augmenté virtuellement pour donner l’impression de faire 6 m de haut. »

Le magyar à pointes

Au cours de la saga, 500 créatures et maquillages effets spéciaux ont été créés de toutes pièces. Parmi eux, le Magyar à pointes reste le préféré de Nick Dudman. « Nous avons construit ce dragon de 12 m de long dans sa cage. Il était relié à un lance flammes qui pouvait envoyer une boule de feu à près de 10 m. Tout son cou pouvait bouger dans tous les sens grâce à un système hydraulique radio commandé et donc atteindre des cibles partout. Nous avions des cascadeurs qui couraient en tout sens pour éviter les jets de flammes. Dans la nuit, la scène était juste extraordinaire. Sa tête était en fibre de verre ignifugée, une partie de sa gueule était en acier et en matériaux textiles ignifugés comme ceux utilisés dans les voitures de Formule 1. Le dragon a quand même pris feu une ou deux fois, mais dans l’ensemble, il a été sage. »

Crédit photos : ©Warner Bros