Kompromat s’inspire – très librement – d’une histoire rocambolesque mais vraie, celle de Yoann Barbereau, un fonctionnaire français expatrié en Russie victime d’une machination orchestrée par les services secrets soviétiques. Le thriller politique de Jérôme Salle, avec Gilles Lellouche dans le rôle principal, sort en salles ce 7 septembre.

Gilles Lellouche joue Matthieu Roussel dans Kompromat

Kompromat s’ouvre sur un avertissement : “Ce film et ces personnages sont très librement inspirés de faits réels.” Dans le long métrage, Matthieu Roussel, incarné par Gilles Lellouche, est le directeur de l’Alliance française basé à Irkoutsk, en Sibérie. En 2017, l’expatrié français est accusé de pédopornographie et d’abus sexuels. Il est arrêté et jeté en prison en attendant son procès. Commence alors pour lui un combat acharné afin de pour prouver son innocence et retrouver sa liberté. Un combat perdu d’avance. Matthieu Roussel est en effet victime d’un kompromat. Ce terme russe désigne des documents compromettants – et faux – utilisés par les services secrets russes dans le but de nuire à un rival ou de se débarrasser d’une personne gênante. En général, un kompromat touche des Russes. Pour une fois, un étranger s’est retrouvé pris au piège.

L’histoire vraie

Gilles Lellouche

En 2011, Yoann Barbereau est nommé directeur de l’Alliance française à Irkoutsk, en Sibérie. En février 2015, accusé d’actes pédocriminels notamment sur sa fille de cinq ans, il est arrêté par le FSB (successeur du KGB). L’expatrié français dénonce des plaintes montées de toutes pièces. Torturé et jeté en prison, il est ensuite interné dans un hôpital psychiatrique, puis assigné à résidence, sous contrôle d’un bracelet électronique. Echappant à la surveillance de ses gardiens, il parvient à se réfugier dans l’ambassade de France, à Moscou. Il est condamné par contumace à quinze ans de camp à régime sévère – en isolement strict avec une promenade d’1h30 par jour – en Sibérie. Devant l’inaction des pouvoirs publics français, Yoann Barbereau préfère quitter le pays clandestinement. Il traverse la Russie et l’Europe par ses propres moyens et retrouve sa famille après un périple de 4 000 kilomètres et deux ans de cavale.

Les suites de l’affaire

Yoann Barbereau ©Loïc Venance / AFP

Yoann Barbereau a raconté son histoire dans le livre Dans les geôles de Sibérie, paru en février 2020 chez Stock. Il a également poursuivi en justice la France et la Russie. En avril 2020, l’Etat français a été condamné à lui verser plus de 300 000 euros pour ne pas avoir assuré la protection de son agent en l’absence de faute personnelle de celui-ci. Puis, en août 2020, l’organisation de coopération policière internationale Interppol annule la notice rouge – un mandat d’arrêt international – demandée par la Russie après l’évasion de Yoann Barbereau, estimant que la procédure judiciaire russe est de caractère politique et manipulatoire. Enfin, en juillet 2021, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Etat russe et constaté la violation de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales pour avoir empêché Yoann Barbereau de faire appel de son jugement.

Aujourd’hui, Yoann Barbereau, 44 ans, vit dans le Finistère.

Crédit photos : © SND