Stephenie Meyer est comparée à J.K. Rowling : deux mères de familles qui, un jour, ont décidé de jeter quelques idées sur le papier, d’en faire un livre puis un autre. Plusieurs millions de dollars plus tard, elles sont adulées par des milliers de fans et mamans d’icônes de jeunes.

Stephenie Meyer © Getty Images

Stephenie Meyer avoue n’avoir jamais vu un film de vampires. Elle a bien jeté un coup d’œil à Entretien avec un vampire et à Génération perdue mais ses réactions ont été respectivement « Yuck ! » et « Flippant ! ». Elle estime qu’un film d’Alfred Hitchcock est encore ce qu’elle peut supporter le mieux. Elle aime encore moins les histoires d’horreur mais se laisse volontiers tenter par les super héros. L’auteure est un membre actif de l’Eglise de Jésus Christ des saints des derniers jours. L’Eglise mormone. Ceci explique peut-être cela. « Il n’y a pas beaucoup de méchants dans mes romans. Et même les mauvais garçons ont une bonne raison pour ce qu’ils sont et certains s’améliorent souvent sur la fin. Je ne vois pas le monde tout en noir. Mon héroïne de Twilight, Bella Swan, est une gentille fille parce que c’est comme ça que j’imagine les ados, parce que c’est comme ça qu’on était quand j’étais ado. J’ai grandi dans une communauté où il est attendu qu’on soit un bon garçon ou une bonne fille. » D’où ce côté très fleur bleue de ses romans, nourri de ses lectures comme Jane Austen et les sœurs Brontë, saupoudré d’un peu de Shakespeare, de Lucy Maud Montgomery (une femme de pasteur) ou plus curieusement d’Orson Scott Card (auteur de science-fiction et de fantasy… mormon).

Stephenie Meyer et la scénariste Melissa Rosenberg

Stephenie Meyer a toujours dévoré les livres, cinq à six romans par semaines. Elle raconte que pendant six ans, elle avait constamment un bébé dans les bras (elle a eu trois fils en cinq ans) et un livre dans une main. Jusqu’à son désormais célèbre rêve d’une humaine et d’un vampire dans un pré. A partir de là, elle a troqué le livre pour la plume parce qu’elle voulait connaître la fin de cette histoire. A en perdre le sommeil. C’était ça ou négliger ses enfants. Elle n’a pas réfléchit une seule seconde. « J’ai écrit Twilight pour moi, c’était exactement ce que je voulais lire. J’avais un lectorat spécifique en tête quand je l’ai écrit : une mère de 29 ans avec trois enfants. Moi. Personne n’était supposé lire mes écrits et si j’avais pensé que quelqu’un d’autre verrait ce que je faisais, je n’aurais jamais été capable de le finir. Beaucoup trop de pression. » Que dire d’aujourd’hui ?

Robert Pattinson et Stephenie Meyer

A la publication de Twilight aux Etats-Unis, la critique était partagée mais le succès public a été immédiat et ne s’est jamais démenti. A ses premières séances de dédicaces, elle n’avait qu’une vingtaine de personnes. Avec qui elle pouvait discuter. C’est vite monté à une centaine. Ce qui l’a faite d’abord paniquée. Elle a désormais une moyenne de 6 000 fans à chaque rencontre. Elle a pris l’habitude de respirer un bon coup et de se lancer face à la foule. « J’imagine que ça fait partie du boulot… » Elle ne s’est pas endurcie pour autant et elle ne se cache pas non plus sous terre. « Un auteur vit dans une maison de verre. Si vous dressez des murs autour de vous, vous ne pouvez plus voir le monde qui vous entoure ni le transposer dans vos histoires. Et quand des gens jettent des briques contre vos vitres, vous ne pouvez réparer la casse en remplissant les trous avec du ciment. Vous remettez des vitres. Etre vulnérable et fragile est essentiel pour jeter vos émotions sur une page. Je n’ai pas le sentiment d’avoir perdu mon émerveillement face aux bonnes choses ni mon horreur face aux mauvaises. Si je devais vraiment arrêter de ressentir les choses, je ne serais plus capable d’écrire. »

Elle s’est quand même protégée depuis sa célébrité : elle a retiré ses photos de famille de son site Internet, elle jette les lettres de fans arrivant directement chez elle et change de numéro de téléphone dès qu’un fan l’appelle sur son portable. Elle adore ses fans mais pas dans sa sphère privée. Les événements publics, qu’elle a dû limiter pour écrire, lui suffisent pour savoir ce qu’ils pensent de son travail. « Je veux devenir une meilleure écrivaine et leurs réactions peuvent être utiles ». Jusqu’à un certain point. « Cent personnes peuvent me dire qu’elles adorent ce que je fais, si une personne me dit qu’elle déteste ça et que je suis stupide, ce sera elle que je vais écouter… Je ne suis pas de nature optimiste. » Elle a pourtant de quoi l’être. Depuis les débuts de Twilight, tous ses livres s’arrachent et elle regorge d’idées : suites ou spin-off de ses romans existants mais aussi sujets inédits comme les sirènes, les fantômes ou le voyage dans le temps. « Depuis que j’ai découvert combien il était génial d’écrire une histoire, je ne peux plus m’arrêter ! »

Article paru dans Studio Ciné Live – Hors-série n°9 – Juillet 2010

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