Le film ressemble visuellement à 300 et son histoire se passe pendant l’intrigue de 300 mais ce n’est pas 300. 300 : La naissance d’un empire aura-t-il en revanche le même succès que 300 ?

Le plateau de 300 : la naissance d’un empire de septembre 2012 ressemble à celui de 300 de décembre 2005. Le dispositif est le même : tout l’intérieur du bâtiment est recouvert de fonds verts et les acteurs évoluent sur des bouts de décors. Le terrain est connu et pourtant tout est différent. Les studios Icestorm de Montréal, au Canada, ont fait place aux studios Nu Boyana de Sofia, en Bulgarie. Ce ne sont pas le roi Léonidas et ses Spartiates invectivant des Immortels au sommet d’un mur de cadavres mais Artémise et ses Samouraïs trucidant des Grecs sur son navire de guerre. 300 : La naissance d’un empire n’est pas une préquelle ni une séquelle mais une « paraquelle », son histoire se déroule en parallèle de celle de 300 mais sur un autre théâtre de l’invasion de la Grèce par Xerxès et ses Perses. En l’occurrence, en mer.

Sullivan Stapleton (Thémistocle)

300 : La naissance d’un empire a reçu son feu vert le lendemain du week-end de la sortie du 300 de Zack Snyder, en mars 2007. Frank Miller, déjà à l’origine de l’histoire du premier film avec son roman graphique éponyme, proposait alors les grandes lignes d’une suite qui s’intéressait à Xerxès avant, pendant et après la guerre des Thermopyles. Le thème de David contre Goliath est toujours présent avec des centaines de Grecs du général Thémistocle contre des centaines de milliers de Perses de Xerxès. Mais le film se veut plus politique, avec des férus de démocratie face à un dictateur qui se prend pour Dieu. Il réserve néanmoins de beaux massacres bien sanglants. « Nous ne copions pas 300, affirme le réalisateur Noam Murro, nous racontons une seconde histoire avec des touches du génie de 300, des vieux films épiques et de modernité. »

Jolis abdos droit devant

Le tournage a commencé le 1er juillet 2012. Le décor de ce 50ème jour (sur 74) est un navire de guerre perse dessiné par Patrick Tatopoulos. Ce qui a été établi dans 300, comme la ville de Sparte ou le costume de Xerxès, a été conservé. Pour le reste, le chef décorateur a rendu l’univers des Grecs aussi historiquement authentique que possible mais il a inventé l’univers des Perses. « Noam voulait que je crée le Dolce Gabbana du passé, noir et lisse, avec une atmosphère d’opéra, sourit Patrick Tatopoulos. Les Perses évoluent dans des tons froids, noirs et gris foncés alors que pour les Grecs, les tons sont chauds et naturels pour mieux ressentir de la sympathie pour eux. »

Dans la tradition de 300, le costume des Grecs est sommaire : un slip et des sandales montantes en cuir, un kilt, une cape bleue, un casque, une épée et un bouclier. Leur leader, Thémistocle, n’est pas un nouveau Léonidas, même s’il sait trancher bras, jambes et têtes. Il est avant tout un politicien charismatique qui a unis les Grecs contre les Perses. Sullivan Stapleton, son interprète, et les autres acteurs ont suivi un entrainement intensif mais ils sont loin d’être aussi bodybuildés que les Spartiates. Ils jouent des citoyens ordinaires, des forgerons, des boulangers ou encore des poètes, pas des guerriers.

De l’eau sèche

Eva Green (Artémise)

La bataille navale principale se passe sur l’eau au large de l’île d’Eubée mais la production a tourné le film dans un environnement entièrement sec. Toute l’eau sera ajoutée en images de synthèse pendant les sept mois et demi dévolus à la postproduction. Les bateaux, en revanche, sont bien concrets. Celui d’Artémise, jouée par Eva Green, commandant de l’armada perse et bras droit vicieux de Xerxès, est trop grand pour tenir en son entier sur le plateau et a été découpé en trois morceaux. L’action se déroule ce jour-là sur la poupe. Pour amortir les chutes des futurs morts, le plancher est en caoutchouc et des matelas sont empilés tout autour du bateau. Un bloc vert placé sur un échafaudage indique la position de la trière grecque qui vient de mener l’abordage.

Alors que les combats font rage autour d’elle, Eva Green manie avec dextérité deux épées tronquées, les lames et les dégâts qu’elles causent étant ajoutés en postproduction. Elle tranche la gorge d’un Grec puis en poignarde un autre. Elle arbore une expression cruelle et un regard noir quand elle se bat mais entre deux prises, elle sourit et plaisante avec son adversaire. Le réalisateur crie : « Action ! » puis ajoute : « Vas-y ! Ouvre-lui le crâne ! » Et Eva Green de s’exécuter dans un geste précis. Elle dira plus tard : « Cela fait du bien de se lâcher et de tuer des gens ! ».

Article paru dans Studio Ciné Live – N°57 – Mars 2014

Crédit photos : © Warner Bros