Les films tels Le Roi Lion, version 2019, et Comme des bêtes, dont le deuxième volet vient de sortir, regorgent d’idées et de moyens pour rendre nos petits compagnons plus vrais que nature. Trop mignons…

Chloe et Max dans Comme des bêtes 2 (©Illumination/Universal)

Que peuvent bien faire nos animaux domestiques dès que nous fermons la porte de notre appartement ? Cette réflexion de Chris Meledandri, fondateur et président du studio d’animation américain Illumination Entertainment, a donné naissance au premier volet de Comme des bêtes. Le coréalisateur, Chris Renaud, et les membres de l’équipe du film ont donc imaginé la vie secrète de nos petits compagnons et inventé des situations souvent inspirées du quotidien, et parfois fantasques, mais avec toujours en tête de rendre les façons de bouger ou de réagir de chaque animal les plus réalistes possibles. Pour cela, ils ont puisé dans des souvenirs d’anecdotes avec leurs petits protégés, chiens, chats, oiseaux, rongeurs, et se sont servis d’innombrables vidéos sur Internet et de documentaires animaliers. Une vraie mine d’or, notamment pour représenter des situations particulières, comme celle d’un matou excité par son herbe à chat. Dans le deuxième volet du film, actuellement en salle, l’effort s’est porté sur les émotions du Jack Russell Max, qui développe des comportements surprotecteurs à l’égard du bébé de Katie, sa maîtresse.

Une personnalité propre pour chacun

Simba dans Le Roi Lion (©Disney)

Quant au Roi Lion, réalisé en images de synthèse et adapté du dessin animé de Walt Disney, l’équipe de production a fait un safari photo en Afrique afin d’observer et de filmer les bêtes sauvages. Un grand nombre d’entre elles ont été étudiées dans les moindres détails, de leur démarche à leur façon de se nourrir. Voilà pourquoi le lionceau Simba a un côté un peu pataud, et le roi Mufasa, beaucoup de majesté. « Animer un animal est plus difficile qu’animer un humain car il a quatre pattes, une queue, des oreilles, auxquels il faut aussi donner vie, précise Chris Renaud. En plus des caractéristiques spécifiques à son espèce, on lui crée une personnalité propre pour les besoins de l’histoire. Celle-ci se dessine grâce à la performance vocale de l’acteur qui le double, au design particulier qui souligne son caractère, mais aussi à l’animation de ses mouvements et de ses attitudes, qui le distinguent des autres personnages. »

A l’écran, le résultat est assez bluffant. Certaines réactions du chien Max ou de la chatte Chloé, dans Comme des bêtes, reflètent les traits universels et familiers de vrais chiens ou chats. Dans Le Roi Lion, les animateurs ont recréé des animaux plus vrais que nature, grâce à la technique du photoréalisme : l’illusion est parfaite… jusqu’à ce qu’ils se mettent à parler ou à chanter, ou qu’on essaie de lire une émotion sur leur visage.

Les limites de la technique

Bagheera dans Mowgli : la légende de la jungle (©Netflix)

C’est l’une des limites de cette méthode d’animation, car un faciès animal est moins expressif que celui d’un humain. Dans le cas de Comme des bêtes, un dessin animé au style très « cartoon », les attitudes et les mimiques sont exagérées et immédiatement reconnaissables par le spectateur. « On transpose nos propres sentiments sur nos animaux, affirme Chris Renaud. On les humanise constamment. On voit chez eux de l’amour ou de la culpabilité, alors que la seule chose à laquelle ils doivent penser, c’est leur prochain repas. Mais cela permet au public de s’attacher à eux et à l’histoire. »

Dans Le Roi Lion, le photoréalisme peine à rendre expressif le visage du jeune Simba, qui reste rigide et sans émotion. Qu’il soit heureux ou triste, le lionceau a toujours la même tête. Le spectateur le trouvera mignon, mais restera de marbre. Dans Mowgli : la légende de la jungle, sorti en 2018, Andy Serkis a tenté de résoudre ce problème en captant les mouvements réels du corps et du visage des comédiens chargés de doubler les animaux pour les incruster ensuite sur les héros animés (technique de la motion capture). Mais ce qui semble naturel sur le chimpanzé César dans la nouvelle version (en trois volets) de La Planète des singes se révèle dérangeant sur la panthère Bagheera, qui se retrouve notamment dotée d’yeux humains.

Faudrait-il donc en conclure que, en matière de films d’animation, le bon vieux trait de crayon reste le meilleur outil pour susciter de l’émotion dans une histoire d’animaux ?

Article paru dans Le Parisien Week-end – 2 août 2019