The King’s Man : Première mission est la préquelle des deux films précédents de la saga Kingsman réalisés par Matthew Vaughn, Kingsman : Services secrets et Kingsman : Le cercle d’or. Ce nouvel opus dévoile les origines de Kingsman, la toute première agence de renseignement indépendante qui réunit des gentlemen irréprochables et espions accomplis. The King’s Man : Première mission sort en salles ce 29 décembre.

Ralph Fiennes et Harris Dickinson

1 – La genèse

L’inspiration de The King’s Man : Première mission émane du premier film, Kingsman : Services secrets. “Le discours que prononce Harry Hart (Colin Firth) à l’intention d’Eggsy (Taron Egerton) quand ils descendent dans l’ascenseur explique en quelque sorte les fondements de l’agence Kingsman,” raconte le réalisateur Matthew Vaughn. “Je me souviens l’avoir lu dans une ancienne version du scénario. Je l’ai trouvé tellement frappant que je me suis demandé comment je pourrais tisser une intrigue autour de ce discours. À partir de là, tout s’est mis en place. J’ai visualisé le film en entier dans ma tête et je l’ai écrit.”

“Le discours de mon personnage, Orlando Oxford, duc d’Oxford, fait écho à celui que prononce Harry Hart dans le premier film”, renchérit l’acteur Ralph Fiennes. “Sa raison d’être est de maintenir la paix et de préserver la vie. Kingsman est une agence de renseignement indépendante. Elle a été conçue pour s’affranchir de la lenteur et de la lourdeur de la bureaucratie propre à une organisation d’espionnage gérée par le gouvernement. Son but est d’agir efficacement au nom de la paix, pour l’humanité. C’est pour cela qu’elle existe. Cet esprit puise ses racines dans la tradition arthurienne des chevaliers qui ont juré de combattre le mal et l’injustice.”

2 – Quand l’Histoire rencontre la fiction

Tom Hollander interprète George V, Guillaume II et Nicolas II

The King’s Man : Première mission mêle des personnalités et des faits historiques à des personnages et un récit fictifs. Les événements évoqués sont réels et viennent accréditer la fiction. Le film détaille juste ce qui s’est déroulé en coulisses. Ainsi, des personnages comme l’espionne Mata Hari, le mystique Raspoutine ou l’arnaqueur Erik Jan Hanussen qui n’étaient pas nécessairement liés dans la réalité le sont dans le film.

Le long métrage joue aussi beaucoup sur la ressemblance, bien réelle, des trois cousins : le roi d’Angleterre George V, le tsar de Russie Nicolas II et l’empereur d’Allemagne Guillaume II (tous trois interprétés par l’acteur Tom Hollander). Le roi et le tsar avaient l’habitude de faire des farces en échangeant leurs uniformes. Sur certaines photos, ils portent le mauvais uniforme, et personne ne l’a remarqué. Ils pensaient que c’était drôle. Cette attitude résume bien la folie de l’Europe dirigée par ces cousins.

The King’s Man : Première mission est un film d’époque qui trouvera un écho chez le public d’aujourd’hui,” remarque Matthew Vaughn. “Je veux que les enfants comprennent que lorsque ce sont des fous qui sont au pouvoir, le monde peut basculer très rapidement et échapper à tout contrôle. Nous sommes actuellement dans un climat politique qui ressemble beaucoup à celui d’avant la Première Guerre mondiale. Personne ne pensait qu’il pourrait y avoir une guerre, personne n’a compris quand elle a éclaté, et personne n’a compris pourquoi elle a continué. La Première Guerre mondiale était de la folie absolue et l’agence Kingsman a été créée à cause d’elle.”

3 – Recréer la Première Guerre mondiale

Harris Dickinson

La reconstitution de la Première Guerre mondiale apporte un cadre dramatique qui a obligé à les équipes du film à se montrer respectueux de ce qu’elle a été et respectueux de l’Histoire. Les cinéastes ont dû trouver des lieux de tournage pouvant passer pour des villes européennes et concevoir des décors qui redonneraient vie à cette époque.

L’assassinat de François-Ferdinand de Habsbourg, archiduc d’Autriche, a déclenché la Première Guerre mondiale. C’est une scène clé de The King’s Man : Première mission dans laquelle la ville de Turin passe pour Sarajevo. “Nous nous sommes efforcés d’approcher la réalité au plus près,” explique le chef décorateur Darren Gilford. “Nous sommes même allés jusqu’à chercher un lieu de tournage qui s’approche de celui où l’assassinat a réellement eu lieu. La chance nous a sourit à Turin. Il y a une très belle promenade sur le fleuve Pô et une rue qui correspondent quasi à l’identique en termes de géographie.”

Le plus grand défi a été de recréer les tranchées. Le décor faisait environ 300 mètres de long. L’équipe de construction a creusé une tranchée allemande tout au long d’une voie ferrée. “Il est difficile de dépeindre et de s’approcher de l’horreur qu’a été la Première Guerre mondiale,” avoue Matthew Vaughn. “Même chose pour l’ampleur de son inutilité. J’ai fait de mon mieux pour donner l’impression que c’était réel sans m’approcher d’un documentaire, pour traiter tout cela avec le respect que méritent ces soldats de tous bords, car cette guerre était de la pure folie. J’ai voulu essayer de saisir cette absurdité destructrice à travers les yeux d’un personnage, celui de Conrad, le fils du duc d’Oxford.”

4 – Une relation père/fils conflictuelle

Ralph Fiennes et Harris Dickinson

The King’s Man : Première mission raconte aussi l’histoire d’un père qui a fait le serment d’être un pacifiste et qui s’efforce de préserver son fils de toute cette folie.

Conrad Oxford (Harris Dickinson), fils du duc d’Oxford, est un des héros du film. C’est un jeune homme courageux et un aristocrate de 17 ans. Il grandit surprotégé par son père, écrasé par son pacifisme et les limites qu’il lui impose au point de se sentir prisonnier. Assez naïf face au monde réel, il sera propulsé dans l’âge adulte par l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Afin de vivre ses propres expériences et de prouver sa bravoure, et contre la volonté de son père, il s’engagera dans l’armée pour se battre.

Orlando Oxford (Ralph Fiennes), duc d’Oxford, est un aristocrate assumé et tout dévoué à son fils. En pacifiste convaincu, il éprouve une profonde aversion à voir partir Conrad à la guerre. Il se retrouve écartelé entre la violence et le désir de paix, entre la protection qu’il veut apporter à son fils en tant que père et la nécessité de le laisser suivre sa propre voie librement. “J’ai le sentiment d’avoir connu des gens comme le duc d’Oxford,” admet Ralph Fiennes. “Un Anglais comme il n’en n’existe plus aujourd’hui, avec une éducation et une vision du monde discrètement ancrées dans des principes chevaleresques. Il a été élevé d’une certaine manière et incarne des valeurs comme le courage, l’honneur, la bonté et l’engagement. C’est est un homme bien. Vraiment bien.”

5 – Un méchant mystique

Rhys Ifans

Toute grande aventure nécessite un méchant à la hauteur. Celui de The King’s Man : Première mission n’est autre que Raspoutine. “Raspoutine est bien sûr un personnage historique,” indique Rhys Ifans, qui l’interprète. “Il vit à la cour du tsar et de la tsarine de Russie. C’est un mystique et un prêtre – quoique le vrai Raspoutine n’ait pas été officiellement ordonné par l’Église orthodoxe. Ce personnage porte son image d’homme d’Église comme un déguisement, car au fond ce n’est qu’un païen amateur de chair.”

L’acteur est fasciné par cet homme et a toujours voulu l’interpréter. Pour lui, c’est un “rôle de rêve”. “C’est un personnage mystérieux, puissant, très présent dans l’Histoire alors qu’une grande partie de sa vie reste un mystère,” continue le comédien. “On a émis beaucoup d’hypothèses folles sur Raspoutine. Il occupe cette place particulière non seulement dans la culture russe, mais aussi dans la culture mondiale. D’une certaine manière, il a été la première rock star rebelle. Il y a aussi en lui quelque chose de Charlie Manson, ce côté charlatan mystique qui a hypnotisé et séduit toute une génération.”

6 – De l’action à l’ancienne

L’un des éléments clé de la saga Kingsman est l’action. Mais The King’s Man : Première mission se déroulant il y a plus d’un siècle, les cinéastes ont dû s’adapter au style de l’époque. “Autrefois, filmer une scène d’action consistait en un plan large, avec 8 ou 10 secondes de chorégraphie, puis un gros plan, puis un retour en plan large,” précise Matthew Vaughn. “Nous avons fait quelques plans sur ce modèle. Cependant, je ne pense pas que le public soit prêt à remonter aussi loin dans le temps !” Une scène en particulier rend hommage à Errol Flynn et à ses combats à l’épée. Ralph Fiennes, très attaché aux cascades qu’il est autorisé à effectuer lui-même, affirme que ce combat à l’épée à l’ancienne est “méchamment bluffant !

Matthew Vaughn a trouvé un style particulier pour Raspoutine. “Je me suis intéressé aux Cosaques, à la danse et aux figures typiquement russes. J’ai découvert que les danses cosaques étaient un peu comme le karaté, elles dérivaient de leur style de combat. Quand on leur a interdit de se battre comme ils le faisaient, ils ont gardé les enchaînements et la discipline sous la forme d’une danse.” Des danseurs russes professionnels ont étroitement collaboré avec le coordinateur des cascades pour intégrer la danse dans les combats. Ainsi, cela ressemble à un nouvel art martial mêlant judo, jiu-jitsu et karaté. “Ces danseurs ont fait des choses dont mes cascadeurs étaient incapables,” poursuit le réalisateur. “Nous étions très enthousiastes à l’idée de nous appuyer sur leur talent et de transformer les mouvements pour installer l’idée que Raspoutine était un brillant danseur. Et pour moi, cela résume Raspoutine : il tue en dansant.”

7 – The King’s Man : Deuxième mission

Ralph Fiennes, Djimon Hounsou, Harris Dickinson et Gemma Arterton

Matthew Vaughn pense déjà à une suite à The King’s Man : Première mission. Il veut “se promener dans l’Histoire, explorer chaque décennie, et montrer comment l’espionnage a évolué au fil du temps.” Le point de départ sera le dernier discours prononcé par le duc d’Oxford où il est persuadé que le traité de Versailles est trop contraignant et qu’il engendrera une autre guerre. Ce qui a été le cas. Le réalisateur reste intrigué par l’histoire d’Hitler et son ascension en tant que dictateur. Selon lui, à l’époque, d’un côté des Anglais pensaient qu’Hitler était formidable. De l’autre, des hommes, comme Churchill, tentaient de montrer son vrai visage. Ces derniers auront, cette fois, l’aide de l’agence Kingsman.

Crédit photos : © 20th Century Studios