La comédie d’espionnage d’Yves Robert traverse le temps sans se démoder. 50 ans après la sortie du Grand blond avec une chaussure noire, les mésaventures loufoques du François Perrin incarné par Pierre Richard restent un régal. Gulli diffuse le film ce 7 octobre, à 21h05.
François Perrin, le magnifique
C’est la première apparition de François Perrin, personnage maladroit et gaffeur par excellence, créé en 1972 par Francis Veber, le scénariste du Grand blond. Perrin est une variante du François Pignon qu’il inventa un an plus tôt pour sa pièce de théâtre Le contrat. L’auteur et réalisateur utilisera invariablement ces deux noms dans ses films mais toujours pour le même type de personnage. Perrin/Pignon est un homme dans la foule, le plus anonyme possible – mais quand même plus malchanceux que la moyenne – plongé bien malgré lui dans une situation qui le dépasse et dont il parvient à s’extirper sans le faire exprès.
L’histoire rocambolesque
Dans le Grand blond, le chef des services secrets français fait passer François Perrin (Pierre Richard), un violoniste lunaire, pour un redoutable espion afin de piéger son adjoint qui veut lui prendre sa place. Bien que totalement à côté de ses pompes, le naïf réussira à mettre à genoux la fine fleur des agents secrets. Il déjouera sans le savoir tous les stratagèmes pour l’assassiner. Le réalisateur Yves Robert a eu l’idée de son film après avoir lu le récit autobiographique du violoniste israélien et agent du Mossad Igal Shamir publié en 1971 sous le titre La cinquième corde. Il s’est aussi inspiré des méthodes décrites par le musicien pour tout savoir de la vie privée d’une personne : des micros cachés dans les statues aux galipettes à répétition avec une espionne.
La chute de reins mythique
Christine, une Mata Hari incarnée par la superbe Mireille Darc, a pour mission de séduire François Perrin afin de le faire parler… alors qu’il n’a rien à avouer. Elle utilise tous ses charmes, dont certains qu’elle dévoile grâce à une robe noire austère de face et époustouflante de dos. Celle-ci révèle sa chute de reins plus que dénudée. Ce costume était une idée de Mireille Darc qui, débutant dans sa carrière, voulait marquer les esprits. Elle a ainsi demandé au couturier Guy Laroche de tailler toujours un peu plus dans le tissu jusqu’à obtenir un “déculté” plongeant, comme le surnomme Jean-Paul Gaultier qui s’en inspirera pour ses propres créations. Cette scène reste iconique autant pour le vêtement que pour la réaction de surprise sincère de Pierre Richard. Personne n’avait prévenu l’acteur quant à ce que cachait – ou plutôt exposait – le costume.
Le casting épatant
Pierre Richard et Mireille Darc sont entourés d’une troupe d’acteurs hors-normes qui ajoute à la saveur du Grand blond. Francis Veber et Yves Robert ont mis des bons mots et des dialogues savoureux dans la bouche d’excellents comédiens. Ils semblent en outre avoir écrits des personnages sur mesure pour eux. Jean Rochefort en colonel Toulouse, chef des services secrets français, glacial de malice et Bernard Blier en Milan ambitieux et obsédé par Perrin s’en donnent à cœur joie dans leurs joutes verbales. Paul Le Person en âme damnée et magouilleur de Toulouse et Jean Carmet en meilleur ami naïf de Perrin et cocu magnifique incarnent des seconds rôles mémorables. Jean Saudray, Maurice Barrier, Roger Gaccia, Jean Obé, Robert Castel en espions pathétiques et Colette Castel en maîtresse insatiable de Perrin complètent une distribution inoubliable.
La musique ludique
Vladimir Cosma a signé un thème musical avec une flûte de Pan en soliste accompagnée d’un cymbalum. Comme un réflexe de Pavlov, les premières notes font immédiatement sourire et donnent envie de tapoter du pied. A la base, l’indication scénaristique qu’Yves Robert lui avait donnée était de composer un pastiche d’une musique de James bond. Le musicien partait cependant du principe qu’il n’existe pas de musique comique. Le comique naît du décalage entre ce que l’on voit et la musique que l’on entend. Il voulait composer un thème qui engendrerait un choc pouvant être drôle ou étonnant. De plus, il estimait qu’un agent secret n’était pas forcément anglo-saxon. Un espion pouvait venir d’un pays de l’Est, comme lui qui était né en Roumanie. Vladimir Cosma a alors pensé utiliser un instrument spécifique de là-bas, la flûte de Pan. Yves Robert a été surpris car cela s’éloignait de ses attentes et a accepté aussitôt. La musique du Grand blond aura un tel succès que le jeune compositeur sera propulsé sur le devant de la scène pour ne plus jamais la quitter.
Crédit photos : © Gaumont
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