Le producteur italien Dino De Laurentiis a porté sur grand écran Flash Gordon, le comic d’Alex Raymond (1934). Son film reste unique par son étrangeté devant et derrière la caméra et est, aujourd’hui, considéré comme culte. Voici quelques secrets qui ont marqué ce long métrage. La restauration 4K de Flash Gordon sort en vidéo ce 19 août.

Sam J. Jones incarne Flash Gordon

1 – Le synopsis

Par ennui, l’empereur Ming de la planète Mongo décide de détruire la Terre en multipliant les catastrophes naturelles. Sur Terre, le professeur Hans Zarkov est persuadé que les désastres ont une cause extraterrestre. Alors qu’il s’apprête à lancer sa fusée vers Mongo, son assistant s’enfuit. Pour le remplacer, Zarkov kidnappe la star du football américain Flash Gordon et l’agent de voyage Dale Arden dont l’avion vient de s’écraser près de son laboratoire. Tous trois s’envolent vers Mongo et se retrouvent rapidement dans les griffes de Ming qui projette alors de se marier avec Dale, d’exécuter Gordon et de laver le cerveau de Zarkov.

2 – De Flash Gordon à Star Wars

George Lucas voulait adapter Flash Gordon en film mais il n’a jamais pu acheter les droits détenus d’abord par le réalisateur français Alain Resnais puis par le producteur italien Dino De Laurentiis. Par dépit, il a donc créé son propre Flash Gordon : Luke Skywalker. De façon ironique, le succès de Star Wars Episode IV – Un Nouvel espoir a incité Dino de Laurentiis a lancé son projet de Flash Gordon.

Le réalisateur Mike Hodges

3 – Réalisation : les chaises musicales

Dino De Laurentiis espérait que Federico Fellini, qui avait pris une option sur les droits, réaliserait le film. Mais le projet ne s’est jamais fait. En hommage ou par vengeance, il a baptisé Fellini l’animal domestique de la princesse Aura. Puis, il a demandé à Sergio Leone, grand fan de Flash Gordon, de réaliser le film. Le metteur en scène a décliné l’offre, estimant que le scénario n’était pas assez fidèle au comic. Nicolas Roeg était ensuite prévu mais il est parti après avoir écrit – pendant un an – un scénario que le producteur n’a finalement pas aimé. Les deux hommes n’avaient pas du tout la même vision du film. Mike Hodges, qui devait mettre en scène la suite du film signé Nicolas Roeg et déjà planifiée, a pris la place.

4 – Scénario d’un désastre

Lorenzo Semple, Jr a écrit le scénario. Dino De Laurentiis voulait un film plein d’humour, confondant semble-t-il « comic » et « comique ». Si le scénariste a suivi cette idée, il estimait rétrospectivement que c’était une erreur. Pour lui, Flash Gordon n’a jamais eu pour but de faire rire. Lors des projections techniques, Dino De Laurentiis n’a pas aimé les premières réactions, estimant que les spectateurs riaient du film et non grâce au film. Lorenzo Semple, Jr ajoute que toute décision était prise en fonction de l’esthétique du film – décors et costumes – et non de l’histoire, une méthode qui, selon lui, ne pouvait mener qu’à un désastre.

5 – Deux équipes, deux langues, un film

Brian Blessed et John Hallam

Dino de Laurentiis a emmené une grande partie de son équipe d’Italie au studio de Shepperton, en Angleterre, pour le tournage. Les Italiens ne parlaient pas anglais et les Anglo-saxons ne parlaient pas italien. Tout ce faisait grâce au langage corporel et à des yeux expressifs. Chaque nationalité avait sa propre idée de ce que le film devait donner, d’où un résultat sans équilibre.

6 – Made in England

Le tournage a début en Angleterre le 6 août 1979. Il s’est déroulé sur six mois dans les studios de Shepperton et à Brooklands dans le Surrey.

7 – Une entente calculée

Après quelques tentatives catastrophiques, Mike Hodges a finalement trouvé un moyen de travailler avec Dino De Laurentiis qui voulait tout régenter. Le soir, le réalisateur donnait au producteur une idée pour une scène du lendemain. Le producteur affirmait au réalisateur qu’il allait y penser. Le jour suivant, le producteur répondait au réalisateur qu’il avait une idée et ressortait alors l’idée du réalisateur qui répliquait : « Merveilleux ! » et la mettait en pratique.

Sam J. Jones

8 – Casting : les chaises musicales

Dino De Laurentiis voulait Kurt Russell pour incarner Flash Gordon. L’acteur a refusé, trouvant que le rôle manquait de personnalité. Arnold Schwarzenegger, quant à lui, a été refusé à cause de son accent autrichien trop prononcé – Dino De Laurentiis l’engagera quelques années plus tard pour jouer Conan le Barbare. Sam J. Jones a été choisi après que la belle-mère de Dino De Laurentiis l’ait trouvé à son goût dans l’émission The Dating Game, la version américaine de Tournez manège. L’acteur aime à raconter qu’il n’a pas eu la fille mais qu’il a eu le rôle.

9 – Un méchant fan

Max von Sydow a tout de suite accepté le rôle de l’empereur Ming. Il était fan du comic quand il était enfant. Il a adoré tourné le film.

10 – Un physique au poil

Pour les besoins de leur personnage respectif, le brun Sam J. Jones (Flash Gordon) a vu ses cheveux teints en blond. La blonde Melody Anderson (Dale Arden) a vu ses cheveux teints en brun. Et le chevelu Max von Sydow (Ming) s’est rasé le crâne.

11 – Bon pied, mauvais œil

Sam J. Jones aurait dû porter des lentilles de contact bleu pour coller à l’image de Flash Gordon. Mais pendant un test caméra, l’acteur les a retirées car il ne parvenait pas à lire son script avec. Il n’a plus voulu en mettre par la suite.

12 – Une question de taille

Sam J. Jones a dû exécuter ses propres cascades car aucun cascadeur de l’équipe n’approchait sa taille de 1,91 m pour le doubler.

Max von Sydow

13 – Des costumes peu confortables

Max von Sydow ne pouvait se tenir debout que quelques minutes pour chaque prise car son costume pesait plus de 35 kg. Les acteurs interprétant les Hommes-oiseaux ne pouvaient pas s’asseoir entre deux prises à cause de leurs ailes. Pour se reposer, ils devaient s’allonger sur le ventre.

14 – Un acteur bagarreur

Sam J. Jones n’a pas cessé de se battre pendant le tournage, au grand dam des maquilleurs qui devaient alors dissimuler les résultats des coups sur le visage du comédien. Lors d’une rixe plus sanglante que d’habitude, Sam J. Jones s’est retrouvé à l’hôpital avec une grande éraflure. Dino De Laurentiis s’est précipité dans la salle d’opération pour s’assurer que le travail du chirurgien ne laisserait pas de cicatrice.

15 – Polo contre foot

Dans la bande dessinée des années 30, Flash Gordon joue au polo. Dans le film, il est un quarterback des Jets de New York. Le football américain était nettement plus populaire dans les années 70 que le polo.

16 – Un quaterback, une cheerleader…

L’improvisation semble avoir été une habitude sur le tournage. Lors de la première scène devant Ming, les personnages apportent des présents à l’empereur dont ce qui ressemble à des œufs de Fabergé géants. Flash Gordon étant un quarterback, Sam J. Jones a eu l’idée d’en prendre un et de s’en servir comme ballon de football américain. Et Melody Anderson, dont le personnage était présenté comme une Américaine typique, a suggéré de faire la cheerleader. La séquence est devenue un match de foot.

17 – « Piou, piou, piou ! »

Dans la séquence de l’attaque de Ming par les Hommes-oiseaux, plusieurs scènes ont dû être retournées car Brian Blessed (Vultan) et Sam J. Jones faisaient des « piou, piou, piou » à chaque fois qu’ils utilisaient leur blaster et ces sons ruinaient les prises.

18 – Improvisation finale

A la fin du tout dernier affrontement, Flash Gordon saute devant la caméra en criant « Yeah! ». C’est une improvisation. Personne ne savait comment achever la séquence.

19 – Rira bien…

Melody Anderson, Sam J. Jones et Ornella Muti

La scène finale du film montre une main inconnue récupérer la bague de Ming. Alors que le mot « Fin » apparaît, un point d’interrogation est ajouté avec en fond sonore le rire diabolique de Ming. L’histoire de la suite de Flash Gordon devait se passer sur Mars.

20 – Une question de hauteur

Au début du film, Ming est filmé en contre-plongée pour montrer sa puissance. Quand les forces commencent à se liguer contre lui, la caméra le filme à son niveau. Vers la fin du film, il est cadré en plongée pour symboliser sa défaite.

21 – Pink Floyd vs Queen

Mike Hodges espérait engager Pink Floyd pour composer la musique du film. C’est finalement Queen qui a été approché en 1979. Dino De Laurentiis ne connaissait pas le groupe. Juste avant de les rencontrer, il aurait dit : « C’est qui ces reines ? » [queens en anglais].

22 – Queen vs Howard Blake

Après avoir vu un montage d’une vingtaine de minutes de Flash Gordon, Queen n’a eu que peu de temps pour écrire la musique et les chansons. Le groupe travaillait alors sur leur huitième album, The Game, et se préparait pour une tournée aux Etats-Unis. Si Mike Hodges a adoré leurs créations, Dino De Laurentiis a estimé qu’elles n’étaient pas pour son film. Face au retard pris par la production, il a quand même accepté les chansons mais a engagé Howard Blake pour composer la musique.

Timothy Dalton

23 – Un acteur en grève

La fin du tournage des prises principales a coïncidé avec la pause de Noël. Sam J. Jones a quitté l’Angleterre pour Los Angeles et n’est jamais revenu. Dino De Laurentiis a demandé à Mike Hodges de continuer le tournage pour les prises de seconde équipe en prenant la meilleure doublure de Sam J. Jones. Un imitateur a également été engagé pour refaire la postsynchronisation des dialogues, l’acteur étant toujours en grève à ce moment-là. Le doublage aurait été réalisé par l’acteur Peter Marinker et, selon les sources, concernerait 5% des dialogues ou tous les dialogues. Sam J. Jones a également refusé de participer à la promotion de Flash Gordon lors de sa sortie, ce qui a pénalisé le film.

24 – Un semi-échec

Flash Gordon a gagné plus de 27,1 millions de dollars au box-office américain, pour un budget de 20 millions. Il a connu un bon succès en Grande-Bretagne – battant même Les Aventuriers de l’arche perdue au box-office de 1981 – et en Italie – grâce à la production italienne et à la présence des stars locales Ornella Muti et Mariangela Melato. Il a rencontré l’échec dans tous les autres pays.

25 – Clap de fin

Sam J. Jones avait signé pour trois films. Ses relations houleuses avec Dino De Laurentiis, son départ de la production du premier opus et le peu de succès au box-office ont fait que les suites n’ont jamais reçu le feu vert. L’acteur a fait un procès au producteur pour non-respect de son contrat. Il a perdu.

Crédit photos © Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.