Gerard Butler a tout pour plaire : beau, intelligent, gentil, drôle… Et comme il le sait, il aime en jouer. Surtout connu pour des rôles d’action, il délaisse cette fois les films de gros bras pour une jolie dramédie romantique, P.S. : I Love You, où il interprète un type comme lui, beau, intelligent, gentil, drôle… Mais je crois que je l’ai déjà dit, non ?

Ce film est rafraichissant car pour une fois vous ne mourrez pas à la fin, mais au début.

Gerard Butler : (Rires) Oui, tant que je meurs. C’était aussi assez inhabituel après cette séquence… (Il se tourne vers la porte et hurle) J’essaye de faire une p… d’interview, m… ! (Il se calme aussitôt) Ça va. Ça me prend parfois. (Il éclate de rire) Désolé, Rupert. (Son assistant a ouvert la porte.)

Rupert : Tout va bien.

Gerard Butler : Je suis désolé, mec. (Rires)

Hillary Swank et Gerard Butler

Est-ce que je peux ouvrir une cagnotte à jurons ? Je serai riche à la fin de l’interview.

(Rires) C’est ce qu’a fait Abigail Breslin sur le tournage de Nim’s Island. Deux dollars le juron. Je pouvais monter jusqu’à six dollars d’un coup parce je jurais et j’en rajoutais parce que je réalisais que j’avais juré. Et Abigail ne laissait rien passer. Elle ne me rendait même pas la monnaie ! Je lui disais que c’était du crédit pour plus tard mais elle répondait : « Je ne fais pas crédit ! ». (Rires) L’argent est allé à des œuvres de charité. Enfin, c’est ce qu’elle m’a dit. Je hais ces p… de cagnottes à jurons. (Sourire) Donc oui, je meurs. Encore. Mais quand j’ai lu cette séquence d’ouverture, ces quinze pages de situations et de dialogues hilarants entre ces deux personnes… C’est drôle et intelligent et cela en dit tant sur ce couple. Et puis je meurs. Cool ! Et revenir comme ça, à travers des lettres… C’est une belle idée pour exprimer la notion de l’âme sœur, de l’amour éternel.

Dans ses lettres, Gerry, votre personnage, dit à Holly d’aller chanter dans un karaoké, de partir en vacances… Hypothétiquement, si vous deviez perdre votre femme, que vous dirait-elle dans ses lettres ?

Certainement pas de rencontrer quelqu’un d’autre. (Rires) Ni, je l’espère, d’aller m’acheter une belle robe et des chaussures pour aller danser. Mais il y aurait quelques similitudes avec Holly : apprendre à apprécier le moment, m’aimer un peu plus. M’amuser plus. Parce que j’ai tendance à prendre les choses très au sérieux. Je me laisse aussi submergé par les situations. Comme Holly, comme tout le monde. Nous nous laissons tous prendre par ces moments de vie et après coup, nous nous disons : « Quelle perte de temps et d’énergie » car tout s’arrange éventuellement. C’est juste notre façon d’interpréter les choses. Rien ne devrait être négatif. (Il réfléchit et secoue la tête) Des c… tout cela. (Sourire)

Vous interprétez souvent des guerriers épiques. Qu’est-ce cela fait de jouer un gars ordinaire ?

C’est génial ! (Rires) Parce que je suis un gars ordinaire. Parce qu’une part de moi ressemble à Gerry. Il est drôle, il aime faire l’imbécile, prendre les choses à la légère mais il a aussi bon cœur. Je ressemble plus à Gerry qu’aux personnages iconiques que j’ai joués, comme le fantôme de l’opéra. Je partage certains traits avec eux dans mon âme et dans mon psyché mais ce ne sont pas mes traits dominants. Le plus drôle, c’est que ma carrière me permet de passer d’un extrême à l’autre, de jouer dans une comédie musicale, un drame historique ou un film d’action épique mais peu de gens ont pu me voir moi, être moi, être drôle ou pseudo drôle ou essayant d’être drôle. (Rires) J’aimerais faire plus de comédies, romantiques ou noires. J’adore faire des choses différentes, qui me surprennent et surprennent les autres. J’ai toujours ce sentiment de n’avoir fait qu’effleurer ce dont je suis capable. Et ce que j’ai fait dernièrement, ce que je fais actuellement et ce que j’espère faire… Les possibilités sont immenses, excitantes et nouvelles pour moi. C’est une bonne période pour moi. Très intense.

Recevez-vous de meilleurs scénarios depuis 300 ?

Oh oui ! Les choses se passaient déjà bien avant 300 mais c’est comme au foot, je suis monté dans la ligue supérieure. Au lieu de recevoir un bon scénario sur six, j’en reçois quatre. Et là, le fait de dire non à certains prend toute son importance. Parce que je ne peux pas tout faire.

Comment choisissez-vous ?

Hillary Swank et Gerard Butler

Au final, j’en reviens toujours au scénario et au rôle. Puis avec qui je vais travailler, qui réalise, si cela ressemble à ce que j’ai déjà fait, si c’est le bon moment de le faire, s’il vaudrait mieux faire une pause… Et après des trucs me tombent dessus, du genre : « Au fait, tu es tout nu, en Sibérie, en plein hiver. » Je n’ai pas envie d’être tout nu en Sibérie en plein hiver. (Rires) Mais j’ai tendance à penser à ces choses-là quand il est déjà trop tard. Sur Nim’s Island, je suis trempé la moitié du film. C’était l’hiver en Australie et je devais plonger dans des eaux infestées de requins et affronter des vents glacés. J’ai cru mourir. (Rires)

Est-ce dans ces moments-là que vous vous souvenez pourquoi vous êtes devenu acteur ?

Je me souviens de rêver d’être acteur en regardant des films. Je voulais jouer. Je ne sais pas si c’était pour émouvoir les gens autant que j’avais été ému ou si c’était pour entrer dans ce monde, jouer dans ces films pour leur côté romantique ou violent ou fantastique ou cool ou mythique… Je pensais que ce serait cool de vivre selon certaines idées éthiques et de relever des défis.

Et finalement, êtes-vous heureux ?

Non ! (Rires) Cette question est difficile parce que je suis très critique envers moi-même mais j’ai aussi la faculté de me dire que dans l’ensemble, je suis content de ce que j’ai fait. Mais je pourrais trouver facilement cent raisons de ne pas être content de certaines de mes performances et vouloir tout changer. Je sais que j’ai joué dans quelques films douteux, mais vous ne pouvez jamais savoir. Les films peuvent finir par être douteux pour tant de raisons. Mais dans une carrière, il y a des moments où vous n’avez pas ce large choix dont nous parlions plus tôt. Aujourd’hui, j’adore ce que je fais ! Et généralement, récemment, je suis plus heureux avec les films que j’ai faits.

Article paru dans Ciné Live – N°120 – Février 2008

Crédit photos : © Warner Bros