Connu pour ses rôles dans J’aime regarder les filles, Comme des frères et 20 ans d’écart, il a brillé en ce début d’année dans son incarnation sans faute d’Yves Saint Laurent dans le film éponyme. Actuellement au théâtre pour la Comédie française avec Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche où il chante et danse, il revient en mai sur Canal+ dans sa série loufoque Casting(s). Des grands écarts qu’il adore.

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Tu passes sans sourciller des rôles sérieux à des personnages ridicules. Serais-tu bipolaire ?

Pierre Niney : (Il éclate de rire) Non ! Et c’est vrai que si le ridicule tuait, je serais mort depuis longtemps (rires). The Big Lebowski des frères Coen est un de mes films cultes (juste après le Casino de Martin Scorsese). Il parle de la médiocrité humaine et l’élève au rang de génie. Le ridicule flirte toujours avec le génial. Regardez Molière. Patron de la Comédie française, il écrivait des comédies avec des quiproquos et des jeux de mots, sur des sujets sérieux, politiques et brûlants pour l’époque. Et c’était à se tordre de rire. Cela n’aurait pas de sens pour moi de choisir entre le sérieux et la comédie. J’ai envie de jouer les deux. Je suis curieux des deux.

Tu as à la Comédie française depuis 2010. Que t’apporte cette troupe ?

C’est là où j’ai appris le plus de choses : la patience, l’humilité, gérer mon ego, regarder les autres jouer. Quand tu quittes un plateau de cinéma, il est toujours bon de se recentrer sur la notion de travail, de collectif, d’artisanat. Les acteurs de la Comédie française sont des artisans, ils ont un savoir-faire. Je trouve ça beau de savoir raconter des histoires et de connaître ses outils de travail que sont sa voix et son corps. La Comédie française est aussi une aventure humaine dingue. C’est une famille de 60 personnes !

 pierre-niney_6As-tu un modèle d’acteur ?

Je n’ai pas de modèle de jeu mais un modèle de choix artistiques : Leonardo DiCaprio. Je suis impressionné par la façon dont il mène sa carrière. J’aime cette idée, très américaine, de créer sa boîte de production, de choisir ses projets, d’aller acheter les droits d’un livre comme Le Loup de Wall Street pour le proposer à Martin Scorsese. Je trouve super cette démarche active d’entertainer. Et au-delà de ça, il n’y a jamais d’étalage de sa vie privée. Il sait se faire relativement rare.

Tu as 25 ans et tu es acteur depuis l’âge de 16 ans. Penses-tu avoir eu une adolescence normale ?

Bien sûr, même s’il y a des choses que je n’ai pas pu faire. Quand mes copains partaient en vacances, j’étais en tournage ou en tournée. Ma vie était différente, j’avais d’autres problématiques qui normalement arrivent plus tard. Mais j’ai toujours voulu ça et je n’ai aucun regret. J’ai rencontré mes meilleurs amis en primaire et au collège et aujourd’hui, quand on se voit, on continue notre vieille tradition : on met des défis dans un chapeau, chacun en tire un et est obligé de le relever. Le dernier pour moi était de ne pas parler pendant trois jours. J’ai craqué au deuxième.

Article paru dans Azimut – Hiver 2013-2014