Il s’est surtout fait connaître avec son one man show à l’humour décapant, Laurent Lafitte, comme son nom l’indique. Pensionnaire à la Comédie française, l’acteur a aujourd’hui trouvé un équilibre entre le cinéma et la scène. Dans son dernier film, 16 ans ou presque, il incarne Arnaud Mustier, un avocat philosophe d’une trentaine d’années atteint du syndrome de puberté tardive et qui va faire sa crise d’ado. L’occasion pour Laurent Lafitte de revenir sur son adolescence, entre deux répétions du Système Ribadier de Feydeau.

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Quels sont vos points communs avec Arnaud, adulte ?

Laurent Lafitte : A part un grand respect pour les anciens combattants ? On n’est pas très similaire. J’ai le même intérêt pour la littérature mais j’espère être un peu moins rébarbatif et donneur de leçon. (Rires)

Vos points communs avec Arnaud, 16 ans ?

J’ai tout le temps envie de m’amuser dans ce que je fais même si je suis un mec sérieux.

Comment s’est passé votre propre crise d’ado ?

Assez calmement. Je n’ai pas eu de crise extraordinaire. J’avais l’impression d’être incompris et pourtant mes parents m’ont toujours soutenu et encouragé dans ce que je voulais entreprendre.

Qu’avez-vous fait de plus dingue ?

Dans mon envie d’affirmer mon indépendance, quand j’avais 15 ans, avec mes premiers cachets, je me suis acheté un scooter alors qu’il était hors de question que j’en ai un. (Rires) Je n’ai jamais été dans la trashitude ni dans la rébellion totale.

16-ans-ou-presque_1En quoi une crise d’ado permet de s’épanouir une fois adulte ?

On n’est pas obligé d’être dans une révolution totale mais c’est un moment où on prend une indépendance d’esprit. On est encore matériellement dépendant de ses parents, on est chez eux et sous leur autorité mais, en même temps, on a une indépendance de pensée, de réflexion. On commence à avoir un avis, même sur eux. On commence à les juger. Ce qui est nouveau car quand on est enfant on idéalise beaucoup ses parents. La crise d’ado est un moment qu’il faut vivre pour pouvoir se construire.

Quel est votre regard sur la jeunesse d’aujourd’hui ?

On a toujours l’impression que c’était mieux quand on était jeune. Aujourd’hui, on a des craintes pour nos ados face à la pornographie, la drogue, l’alcool. Mais je pense qu’au XIXème, les parents avaient peur que leurs enfants boivent de l’absinthe et attrapent la syphilis. (Rires) On a tout le temps les mêmes craintes et angoisses pour la jeunesse. De leur côté, les ados sont vite soulés. Les adultes les soulent tout le temps. On n’a pas leurs codes, leur langage, on représente une autorité qu’ils ont de plus en plus de mal à supporter. On arrive donc très vite au clash. Cela m’amusait d’explorer ce côté soulée et défiant des ados.

Vous pensez que les ados vont inciter leurs parents à aller voir le film ?

J’espère. Ce serait un moyen pour eux de leur montrer ce qu’est leur vie. Ce serait amusant.

Les parents vont plutôt être effrayés.

C’est sûr, mais en même temps, ils ne sont pas dupes. Ils savent très bien comment ça se passe.

Article paru dans Azimut – Hiver 2013-2014