Le nouveau Pixar est une histoire de passage à l’âge adulte. Celle d’une fille qui apprend à grandir et à gérer les changements de son corps et l’évolution de ses relations avec sa mère et ses amis. C’est aussi un film qui dit à tous les ados que cette partie de la vie va être compliquée, effrayante, drôle, gênante et embarrassante mais que ça va bien se passer et qu’ils vont y survivre. Alerte rouge est disponible sur Disney+ à partir de ce 11 mars.

1 – La genèse

Après le succès de son courte métrage Bao, Pixar a demandé à sa réalisatrice, Domee Shi, de leur soumettre quelques projets pour un long métrage. Toutes ses idées étaient des histoires de passage à l’âge adulte mettant en scène des adolescentes. Ce sujet la passionnait et, selon elle, à l’époque, ce n’était pas quelque chose qu’elle voyait beaucoup dans les médias et dans les films d’animation. De ses propositions, Alerte rouge était la plus personnelle pour elle car l’histoire s’inspire de sa propre relation avec sa mère.

Domee Shi est née à Chongqing, en Chine. Elle a émigré à Toronto, au Canada, à l’âge de deux ans. Comme Mei Lee, l’héroïne d’Alerte rouge, elle est enfant unique et elle a toujours été très proche de ses parents, surtout de sa mère. Elles faisaient tout ensemble. Mais comme tous les enfants, elle a commencé à grandir, à changer, à s’intéresser aux dessins animés, aux bandes dessinées, aux garçons. Elle passait aussi plus en plus de temps avec ses amis et de moins en moins avec sa mère. La jeune fille se sentait attirée dans une direction, mais son devoir et sa loyauté envers ses parents et sa mère la poussaient dans une autre direction.

2 – La métaphore du panda roux

Alerte rouge s’inspire de cette lutte universelle qui consiste à grandir et à essayer de trouver comment honorer ses parents tout en restant fidèle à soi-même. Pour Mei Lee, le panda roux est cette étincelle magique qui déclenche ce conflit intérieur. Jusque là, Mei pense qu’elle a tout compris jusqu’à ce qu’elle se réveille un matin et réalise que, tout à coup, elle est couverte de poils, qu’elle sent mauvais et que ses émotions vont dans tous les sens. Domee Shi utilise le panda roux comme une adorable métaphore des changements effrayants, inavouables, gênants ou séduisants que nous traversons à l’adolescence et de la  manière dont ils façonnent ce que nous devenons.

La réalisatrice a toujours pensé au panda roux parce qu’elle les trouve super cool et mignons. Par ailleurs, ils sont originaires de la province du Sichuan, en Chine, une région d’où vient sa famille. Alerte rouge est donc aussi un petit hommage à ses origines.

Pendant la préparation du film, Domee Shi et les animateurs ont étudié les pandas roux au zoo de San Francisco. Ils ont surtout analysé leurs comportements afin de les retranscrire dans le personnage : leur façon de marcher, de s’asseoir, de se coucher…  Ils ont ainsi appris que lorsque le panda roux est effrayé, il met immédiatement ses mains en l’air. Trouvant ça tellement mignon, bizarre et étrange, ils l’ont utilisé. A chaque fois que Mei est effrayée, elle lève les mains.

3 – Une bande de filles

L’amitié joue un rôle essentiel dans Alerte rouge. Pour montrer qu’elles sont soudées, qu’elles ne font qu’une, les animateurs les font se déplacer comme une seule personne. Elles commencent à marcher ou elles s’arrêtent exactement au même moment. Chacune des filles a sa propre personnalité et apporte quelque chose de spécial à cette relation.

Mei est une étudiante brillante, mais c’est aussi une fille de 13 ans géniale et intransigeante. Elle est sur le point de connaître les affres de la puberté. Elle est pleine d’enthousiasme mais aussi quelque peu maladroite, presque empotée, comme beaucoup d’adolescente.

Miriam est l’amie un peu rebelle qui vous fait sortir de votre zone de confort. Elle vous pousse à essayer de nouvelles choses, elle vous fait découvrir de la musique cool et plein de trucs sympas. Votre mère n’est peut-être pas très enthousiaste à l’idée que vous soyez proche de ce genre de fille et de sa « mauvaise influence ». Miriam a un côté garçon manqué et elle est la plus cool de toutes.

Abby est l’amie qui se met en colère pour vous quand les choses deviennent injustes. Vous voulez l’avoir à vos côtés dans n’importe quelle situation. Elle n’a pas peur de jouer du poing. Elle apparaît toujours avec des sourcils froncés, qu’elle soit heureuse, triste ou énervée.

Priya est l’amie à l’âme gothique super cool qui aime les vampires. D’origine indo-canadienne, elle bout littéralement intérieurement malgré sa voix et ses expressions impassibles.

4 – Billie Eilish

Billie Eilish et son frère Finneas O’Connell ont crée les chansons des 4*Town, le fameux boys band qui met en émoi Mei. La jeune artiste était relativement inconnue en 2016, quand a été lancée la production d’Alerte rouge. Pixar cherchait alors des auteurs-compositeurs qui pourraient capturer le son du début des années 2000 et y apporter de la fraîcheur. Le nom de Billie Eilish est apparu. Domee  Shi lui a envoyé un carnet qui ressemblait à ce que Mei aurait fait. Il contenait des dessins, des photos, des fanarts, des personnages avec les têtes de Billie et Finneas collées dessus… C’était un aperçu du personnage de Mei et de son obsession pour ce boys band.

La démarche a fonctionné, car la fratrie a accepté d’écrire trois titres originaux. Il s’agissait de composer une chanson qui donne confiance, le genre que vous chantez à l’un de vos amis lorsqu’il se sent déprimé. Puis une chanson à succès que tout le monde connaît, que vous ne pouvez pas vous sortir de la tête et que vous chantez à plein volume quand elle passe à la radio. Et enfin une chanson d’amour, celle qui vous fait ressentir que vous avez le cœur brisé, même si vous avez 13 ans et que vous n’avez jamais eu de rendez-vous.

5 – Un Pixar unique

Ce 25è film d’animation de Pixar est le premier à être réalisé du début à la fin par une femme, qui plus est une sino-canadienne. C’est peut-être aussi le premier Pixar à être le plus personnel. Il dépeint, à bien des égards, la relation familiale profondément intime entre la réalisatrice Domee Shi et sa mère. Alerte rouge est également le premier dessin animé de Disney à parler ouvertement des règles, une approche étonnamment courageuse mais quasi incontournable quand il s’agit d’évoquer la puberté d’une jeune adolescente.
De plus, ce Pixar a un style d’animation unique avec notamment le mouvement isolé. C’est quand une seule partie du personnage bouge alors que tout le reste est immobile. Les animateurs ont dû s’entraîner afin de parfaire cette technique. Un exemple de mouvements isolés apparaît dans la bande-annonce, lorsque le panda rouge Mei repousse une fille d’une main dans les toilettes de l’école. Seul le bras gauche bouge. Un autre élément n’est pas du tout courant dans l’animation de Pixar : la prise de vue de profil où l’on ne voit qu’un seul œil. Certaines scènes semblent mieux fonctionner avec un profil du personnage plutôt qu’avec un visage où les deux yeux sont visibles.
Enfin, c’est le tout premier Pixar dans lequel un protagoniste brise le quatrième mur, ce que Mei fait très souvent en s’adressant à la caméra, et donc aux spectateurs.

Crédit photos : © Pixar/Disney