Il se dit toujours plus inspiré par les femmes que par les hommes parce qu’avec elles, il y a toujours du rire et des larmes. Avec We want sex equality, où les Anglaises de 1968 se battent pour l’égalité des salaires, Nigel Cole a été servi.
Un sujet toujours actuel
« Pourquoi inventer une histoire quand vous en avez déjà une vraie sous la main ? Dans le cas de We want sex equality, ces femmes ont été ignorées par l’Histoire. Je voulais célébrer leur histoire, leur réussite, leur victoire. Je ne voulais pas du misérabilisme que l’on voit habituellement dans les films sur la classe ouvrière. Je voulais être positif et célébrer cette histoire de David contre Goliath. Et ici, David ne pouvait pas être plus petit ni Goliath plus grand. Cette histoire se passe en 1968 mais elle résonne encore en 2011. Plus que jamais nous nous sentons impuissants face aux grandes entreprises, au gouvernement. Il est toujours bon de rappeler que même si vous êtes petit et que l’entreprise est géante, vous pouvez dire non et ne pas accepter le sort qu’elle vous réserve. Si vous dites non avec assez de force et de conviction, vous pouvez même gagner. Ces femmes l’ont prouvé. »
Rester vrai
« Pour mettre en scène une histoire vraie, vous devez la changer pour la rendre claire et la faire tenir dans un film. Vous travaillez sur les faits, sur les détails mais vous gardez l’esprit de l’histoire. Vous n’avez pas le droit à l’erreur face à ces femmes, à ce qu’elles pensaient, à ce qu’elles vivaient. Vous voulez pouvoir les regarder droit dans les yeux et leur dire : « Cela vous va ? » Vous ne voulez pas les décevoir. J’ai rencontré six ou sept de ces femmes qui ont vécu cette histoire. Elles voulaient que je les montre comme des femmes ordinaires. Au début, elles n’essayaient pas de changer le monde, elles ne cherchaient même pas cette égalité avec les hommes. Elles étaient juste en colère face à leur mauvais traitement et au manque de respect, de voir que leur salaire n’était pas à la hauteur de leur qualification. Elles étaient des travailleuses en usine qui ont vite appris à vivre dans un monde d’hommes. Elles n’avaient rien à voir avec la politique, les syndicats, la direction. Elles ne cherchaient ni la gloire ni la fortune ni à écrire des livres ni à passer à la télé. Elles ont ensuite disparu en retournant à leur vie. Et c’est ce qui m’a fait les aimer encore plus. »
L’inspiration faite femme
« Bien sûr que je suis féministe. Quelqu’un a dit : « La femme qui cherche à devenir l’égale de l’homme manque d’ambition ». Elle devrait vouloir davantage. Les hommes ne sont rien sans les femmes. Mais les hommes et les femmes de ma génération ne savaient pas comment être égaux ni comment élever leurs fils et filles pour être égaux. Nous n’avions pas de modèle. Nos parents vivaient différemment. Nous avons essayé et ça n’a pas toujours été facile. Nous étions des pionniers. »
Article paru dans Studio Ciné Live – N°24 – Mars 2011
Crédit photos : © BBC Films
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