Ghostface est de retour. Les scénaristes Guy Busick (Wedding Nightmare) et James Vanderbilt (Independence Day: Resurgence) font renaître la franchise Scream avec un nouvel opus titré, lui aussi, Scream. Et pour cause, leur film est un retour aux sources de cette saga commencée en 1996. Au programme : beaucoup d’horreur et un peu de légèreté. Scream sort en salles ce 12 janvier 2022.

Guy Busick

Diplômé de l’University of Southern California School of Cinematic Arts, Gary Busick a commencé par écrire quelques épisodes de séries télé dramatiques en 2006-2007. Il a réussit à vendre à la 20th Century Fox son premier script de long métrage en 2012, Archetype, une histoire de robots co-signée avec Ryan Murphy qui n’a jamais été tournée. Mais sa carrière a réellement démarré en 2016. Après le thriller The Duke (2016) d’Aaron Kaufman, l’auteur s’est définitivement tourné vers l’horreur avec des épisodes de “Stan Against Evil” (2016-2018), puis il a rejoint l’atelier d’écriture de la saison 2 de “Castle Rock” (2019), inspirée des histoires de Stephen King. En 2019, il a aussi co-écrit avec Ryan Murphy le scénario de Wedding Nightmare réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett. Il retrouve ces deux derniers pour le nouvel opus de Scream.

Guy Busick et James Vanderbilt

James Vanderbilt

Scénariste, réalisateur, producteur, James Vanderbilt a vendu son premier scénario – qui n’a cependant jamais été filmé –  48 heures avant d’être diplômé du programme d’écriture filmique de l’University of Southern California. Il a depuis signé et/ou produit de nombreux films, avec plus ou moins de bonheur, tels que Basic (2003) de John McTiernan, Zodiac (2007) de David Fincher, The Amazing Spider-Man (2012) de Marc Webb, White House Down (2013) et Independence Day: Resurgence (2016), tous deux réalisés par Roland Emmerich. Il est passé derrière la caméra avec Truth: Le prix de la vérité (2015) qu’il a également écrit et produit. A son actif de producteur peuvent s’ajouter la série de Netflix « Altered Carbon » (2018), Slender Man (2018) de Sylvain White, Suspiria (2018) de Luca Guadagnino, La prophétie de l’horloge (2018) d’Eli Roth ou encore Wedding Nightmare (2019) réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett. Il retrouve ces deux derniers pour le nouvel opus de Scream, à la fois en tant que scénariste et producteur.

Comment avez-vous été choisis pour écrire Scream ?

James Vanderbilt : Mes partenaires de production, William Sherak et Paul Neinstein, et moi avons eu une conversation avec Gary Barber, qui dirige Spyglass Entertainment. Gary avait les droits de Scream. Nous parlions de différents films que nous pourrions faire ensemble et j’ai tout de suite lancé : “Attends, tu as les droits de Scream ? C’est l’un de mes films préférés. On peut le produire pour toi ?” Gary m’a regardé et m’a répondu : “Tu l’écrirais ?” J’ai répliqué : “Je le co-écrirai. Je connais quelqu’un avec qui ce serait génial de le faire.” Et il a dit : “Ok.” Et cela a conclu notre réunion. Je me souviens avoir regardé William et Paul et avoir annoncé : “Je crois qu’on vient d’avoir Scream. Puis j’ai appelé mon ami Guy, que je connais depuis de nombreuses années, qui est un incroyable écrivain d’horreur. Je savais que nous devions écrire le scénario rapidement. Je voulais aussi travailler avec un grand dans le genre et quelqu’un qui avait le même amour pour ces films que moi. J’ai demandé à Guy s’il voulait l’écrire avec moi. J’ai eu beaucoup de chance qu’il réponde oui.

Guy Busik : C’était le oui le plus facile que j’ai donné de ma vie. C’était vraiment un travail de rêve et une énorme opportunité d’écrire sur une de mes franchises préférées. Et une chance de collaborer avec un bon ami et un écrivain incroyable.

Neve Campbell

Dans quelle mesure avez-vous travaillé avec Kevin Williamson [l’auteur des premiers Scream] sur le scénario ?

J.V. : Kevin n’était pas impliqué au départ. Nous avons dit à Spyglass que nous devions l’intégrer au projet. Il a créé Scream. C’est son monde. Kevin a été assez gentil pour accepter de déjeuner avec moi. Au début, il était du genre : “Bonne chance à vous les gars. Je vous souhaite le meilleur. Ce n’est pas pour moi, je ne veux pas m’en mêler.” Guy est venu à la rescousse et nous lui avons expliqué ce que cela signifiait pour nous et combien il était important qu’il fasse partie du film. Il a eu la gentillesse de nous rejoindre en tant que producteur. Et puis nous avons eu ce déjeuner incroyable avec lui où nous lui avons raconté l’histoire à laquelle nous pensions.

G.B. : Avant tout, Kevin Williamson est un de mes héros en matière d’écriture. C’était donc vraiment un honneur de collaborer avec lui. J’étais intimidé au début mais il est tellement désarmant, généreux et humble, que c’est rapidement devenu une joie. Lorsque nous lui avons parlé des idées que nous avions pour ce film, il a avoué que certaines étaient les mêmes qu’il avait eues dans le passé, quand il avait pensé à des suites et aux différentes directions que la franchise pourrait prendre. Cela nous a donné confiance. C’était une sorte d’affirmation pour nous que nous étions sur la bonne voie. De plus, il a vraiment aimé la façon dont nous développions les personnages qu’il a créés. Il a estimé que c’était cohérent avec eux tout en étant nouveau et intéressant. Nous n’aurions pas pu être plus enthousiastes d’avoir son approbation. Puis, il nous a guidés. Au fur et à mesure que nous écrivions, il nous donnait son avis. Il a apporté des contributions significatives à l’histoire en précisant ce qui pourrait être mieux, ce qui fonctionnait, ce qui ne fonctionnait pas tout à fait. Il était en quelque sorte notre étoile polaire.

Comment avez-vous apporté de la fraîcheur à l’histoire et au concept ?

David Arquette et Courteney Cox

J.V. : C’est un peu le secret du film… Nous avons beaucoup parlé de la raison pour laquelle ces films proposent un si bon commentaire sur la culture dans laquelle ils évoluent. Le premier Scream est vraiment une histoire très méta sur les films d’horreur en 1996 et sur l’état de l’horreur. Dans Scream 4, quand la franchise a fait son retour après une pause, en 2011, tout était question de reboot. Et ce film avait beaucoup à dire à ce sujet. Quand nous avons commencé ce projet, Guy et moi, nous nous sommes demandé ce qui a changé en 2022. Qu’est-ce qui est différent ? Qu’avons-nous de nouveau à dire ? Et une fois qu’on a compris ça, c’est devenu, je pense, la sauce secrète du film, et ce qui le rend nouveau.

G.B. : Comme l’a dit James, on ne fait pas ce film juste pour le faire. Il doit gagner sa place dans la franchise et avoir quelque chose de nouveau et de pertinent à dire, tout en contenant ce que nous considérons comme l’ADN de ce qui fait un Scream. Ce serait un peu spoiler que de parler des spécificités de ce qui rend ce chapitre particulièrement nouveau. (Rires) Mais nous avons senti que nous avions une histoire qui répondait aux critères et qui était digne de la franchise, sinon nous ne l’aurions pas fait. Parce que nous ne voulons pas gâcher quelque chose d’aussi génial.

Quel est pour vous l’ADN d’un Scream ?

G.B. : Comme Jamie l’a dit, c’est un méta-slasher-whodunit. C’est en quelque sorte la manière la plus facile et la plus courte de décrire un Scream. Mais ce n’est pas obligé. Je pense que ce que Scream m’a montré quand j’ai vu l’original, c’est que les films d’horreur ne sont pas forcément qu’une seule chose. Et il y a tellement de vie, d’horreur et d’humour dedans. Et il y a des personnages auxquels on s’intéresse vraiment. C’est donc l’objectif que nous nous sommes fixée : offrir de l’humour et de la terreur, créer des personnages qui sont mémorables, que l’on soutient et que l’on veut voir survivre.

J.V. : Je ne pourrais pas être plus d’accord avec Guy. Et l’autre chose que je voudrais juste ajouter, c’est que quelqu’un a dit, j’ai lu ça, ce n’est pas ma pensée originale : « Il y a beaucoup de franchises d’horreur et elles sont toutes sur le tueur. Scream est en quelque sorte la seule franchise d’horreur qui parle des survivants ». Il s’agit des personnages de Sydney, Dewey et Gale. Je pense que c’est ce qui distingue Scream et rend la franchise différente et spéciale. C’est ce concept que nous étions si surexcités d’explorer, dont nous voulions faire partie.

En ce qui concerne les personnages, quelle est la différence entre écrire des personnages que vous connaissez et avec des acteurs spécifiques en tête, et écrire de nouveaux personnages sans savoir qui va les interpréter ?

J.V. : J’adore ça. Avoir la voix de Neve Campbell ou de David Arquette dans ma tête est tellement amusant en tant que fan. En lisant une réplique que Guy a écrit pour Dewey, j’entendais la voix de David qui me disait : “Oh, c’est parfait.” Cela peut donc être vraiment fantastique et en même temps utile. Et simplement amusant. C’est presque comme avoir enfin accès à des jouets avec lesquels vous avez toujours voulu jouer. Ensuite, avec les nouveaux personnages, c’est génial de pouvoir créer des choses que nous n’avions pas vues auparavant dans ce monde. Quand vous ne savez pas qui va incarner un protagoniste, vous passez par l’étape du casting, vous regardez les différentes auditions, vous associez le bon acteur au bon personnage et ensuite vous voyez le protagoniste évoluer avec ce comédien et se transformer en quelque chose qui est encore mieux que ce qu’il était sur la page. C’est une expérience géniale.

G.B. : C’était l’un des moments les plus passionnants et surréalistes de ma vie de pouvoir écrire Sidney, Dewey et Gale sur la page puis d’écrire des dialogues sous ces noms. (Rires) C’était très, très cool.

J.V. : Et écrire pour Ghostface ! C’est un méchant très verbal. Etre capable de l’écrire avec la voix de Roger L. Jackson dans la tête était vraiment sympa.

Pourriez-vous décrire l’évolution de Sydney, Gale et Dewey ? Où en sont-ils dans leur vie quand nous les retrouvons ?

J.V. : Je ne veux pas trop en dévoiler. Je dirais qu’ils sont tous dans des situations différentes, très différentes de celles où nous les avons laissés dans le dernier film. Un des éléments dont Guy et moi avons parlé, et qui était important pour nous, c’est que le temps a passé et pourtant quand vous retrouvez les personnages, ils sont exactement les mêmes qu’il y a dix ans. La vie a continué en dehors des films que vous avez vus. Ils ont tous vécu dix ans d’expériences en dehors des meurtres de Ghostface. Nous voulions que cela se reflète dans le film. Nous souhaitions aussi donner à ces merveilleux acteurs de nouveaux défis. Je pense que tous les ont relevés et qu’ils les ont appréciés.

Melissa Barrera

Comment avez-vous inventé les nouveaux meurtres perpétrés par Ghostface ?

G.B. : James et moi, nous nous sommes efforcés de créer des meurtres inédits puis le scénario a évolué une fois que les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett et le producteur Chad Villella, tous trois de Radio Silence, si talentueux et si créatifs, sont arrivés à bord. Nous avons travaillé ensemble afin d’améliorer tous ces assassinats. Nous nous sommes assuré que chacun d’eux corresponde au film, au personnage dans la scène et que tous soient très différents de ce que vous avez vu auparavant.

J.V. : Je suis tout à fait d’accord. L’équipe de Radio Silence a été fantastique à ce sujet. Je suppose que nous sommes tous le genre de personnes qui, pendant notre temps libre, s’assoient afin de penser à ce type de choses. (Rires) Tristement, trouver de nouvelles façons de tuer des gens n’est pas difficile pour nous.

Est-ce que vous vous mettez des limites ? Parce que dans Wedding Nightmare [écrit par Gary Busick et produit par James Vanderbilt], il n’y a pas beaucoup de limites.

G.B. : (Rires) C’est bien vu.

J.V. : Guy a écrit Wedding Nightmare et a fait un travail incroyable. Je ne parlerai que pour moi mais une de nos limites est le fait que l’univers dans lequel se déroule Scream est très spécifique. C’est le monde réel. Il n’y a pas de magie, il n’y a ni anges ni démons. Nous n’avons jamais voulu enfreindre ces règles de base qui avaient été établies, ni ce qui avait été fait auparavant. L’autre limite, si on peut appeler ça une limite, était de faire en sorte que le film soit vraiment effrayant. Nous aimons tous les Scream, nous sommes de grands fans. Je pense que la seule chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est qu’avec Scream 3 et Scream 4, les films deviennent un peu plus comiques et un peu moins effrayants. Il était très important pour nous de revenir à l’original, où l’on était vraiment terrifié pour les personnages eux-mêmes. Il y avait un fou en liberté, qui pouvait vous faire n’importe quoi. C’était notre étoile polaire, si je peux encore utiliser cette métaphore. Nos règles étaient donc que cela semble réel et effrayant.

Jenna Ortega

G.B. : Le film original n’est pas gore de façon gratuite. Toutefois, il y a des moments de violence vraiment choquants dans Scream et Scream 2. Nous avions ainsi une grande marge de manœuvre pour pousser les choses plus loin, en utilisant le premier film comme modèle. Mais nous ne voulions pas franchir la limite de la gratuité. Je ne pense pas que les Scream l’aient jamais fait. Ils utilisent le sang, la violence et le gore d’une manière très spécifique, en nous amenant jusqu’à une certaine limite, sans la dépasser.

Est-il vrai que vous avez écrit une fausse fin pour que personne sur le film ne sache qui était Ghostface ?

J.V. : Oui, c’est absolument vrai. En fait, nous avons même écrit plusieurs fausses fins. C’est une tradition. Kevin Williamson a dû aussi le faire pour Scream. C’était comme un honneur de participer à cette tradition. Nous étions d’ailleurs tout excités à ce sujet. On se disait : “On écrit plusieurs fins, c’est génial. On est vraiment en train de faire un Scream.” Les acteurs dans le film ne savaient pas s’ils étaient le tueur ou non jusqu’à ce que la production soit bien avancée. Je crois qu’ils ont même parié les uns avec les autres sur qui était Ghostface.

Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre votre lettre d’amour à Scream et votre propre vision ?

G.B. : Le Scream original est déjà une sorte de lettre d’amour aux films d’horreur. Il rend hommage à de nombreux autres slashers. Cependant, il était évident que nous ne voulions pas faire un film de fan et que nous devions être très exigeants quant à ce que nous produisions. Mais c’était vraiment amusant de l’aborder d’abord en tant que fans et de nous demander les uns aux autres ce que voudrions voir dans ce prochain chapitre. Puis, nous avons associé cette liste de souhaits à la question du “pourquoi maintenant ?” Pourquoi faire ce film maintenant ? Ensuite, nous avons construit une histoire autour de ça.

J.V. : Je suis tout à fait d’accord. Nous ne cherchions pas à copier ce qui a été fait auparavant. Ce qui était vraiment important pour nous était de faire un nouveau Scream, de respecter ce qui s’est passé avant mais aussi d’innover. Au début, alors que nous parlions avec Kevin Williamson de quelque chose dans le film, il a remarqué : “C’est intéressant car cela ne ressemble pas à un Scream, cela ne ressemble pas à ce que nous avons déjà fait auparavant. C’est pourquoi il est très important que vous le fassiez.” Apporter quelque chose de nouveau, innover et raconter notre propre histoire est une partie importante du projet. Mais le faire d’une manière qui honore ce qui a été fait avant. C’était enthousiasmant de pouvoir jouer dans ce bac à sable et de raconter notre propre histoire.

En tant que spécialistes de l’horreur, qu’est-ce qui vous terrifie ?

G.B. : (Rires) Dans les films d’horreur, j’ai tendance à réagir et à être plus effrayé par les tueurs du monde réel et les menaces comme Ghostface que par les menaces surnaturelles. C’est le genre de choses où après avoir regardé un film, si vous êtes à la maison, vous ne voulez pas marcher dans un couloir sombre.

J.V. : Je suis d’accord. Pour moi aussi, c’est très basique. Que quelque chose de mauvais arrive aux gens que j’aime et auxquels je tiens me terrifie. Je suis très proche de ma famille, j’ai des enfants. Pour paraphraser Kevin Williamson, Scream est juste un film à propos d’un gars avec un couteau qui tout à coup craque, ce qui est terrifiant. Mais ce que j’aime surtout dans ces films, et que Wes et Kevin ont si bien réussi auparavant et que nous espérons avoir réussi ici aussi, c’est qu’on s’intéresse vraiment à ces personnages. Et donc l’idée que quelque chose de mal leur arrive est ce qui est le plus effrayant.

Crédit photos : ©Paramount Pictures

Article paru dans L’Ecran fantastique reboot – N°14 – Janvier 2022