Les personnages imaginés par Julian Fellowes il y a plus de 13 ans sont de retour dans un nouvel opus de Downton Abbey. Après une série de six saisons et un premier film, Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère plonge les Crawley et leurs domestiques dans le monde du cinéma et les fait voyager dans le sud de la France. Comme toujours, ces aventures inédites mêlent de purs moments de comédie à des scènes bouleversantes. Quelques artistes du film nous dévoilent les coulisses de Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère, en salles ce 27 avril.

L’histoire

1928. La comtesse de Grantham (Maggie Smith) vient d’hériter d’une villa dans le sud de la France. Elle souhaite la léguer à Sybbie (Fifi Hart), la fille de feue Lady Sybil et de Tom Branson (Allen Leech). Sans comprendre pourquoi le regretté marquis de Montmirail s’est montré aussi généreux envers Violet, les Crawley partent sur la Côte d’Azur visiter la maison et rencontrer la famille du défunt. Ce voyage est aussi l’occasion pour eux de fuir le chaos qui s’annonce à Downton Abbey. Lady Mary (Michelle Dockery) a, en effet, accepté que le tournage d’un film muet, Le joueur, réalisé par Jack Barber (Hugh Dancy), se déroule dans la propriété. Pragmatique, elle ne pouvait refuser l’offre de la production face aux travaux de rénovation qu’exige le manoir familial. Cette perspective provoque un vif émoi chez les domestiques. Daisy (Sophie McShera) et Anna (Joanne Froggatt) se réjouissent de voir leurs idoles de cinéma en chair et en os, Myrna Dalgleish (Laura Haddock) et Guy Dexter (Dominic West).

Hugh Bonneville et Michelle Dockery

Un univers réconfortant

Hugh Bonneville, acteur (Lord Grantham) : “S’il était facile de se glisser à nouveau dans la peau de nos personnages, on ressentait un vrai soulagement de pouvoir retravailler. Le monde a traversé une situation totalement hors normes ces deux dernières années. Pendant quelques mois, il a semblé impossible de tourner ce film. Gareth Neame a dit que Downton Abbey 2: Une nouvelle ère était le tonifiant qu’attendent nos fans depuis longtemps. Downton Abbey a toujours été un havre de paix. Y revenir sera si réconfortant pour tant de gens au moment où on sort à peine de la pandémie. C’est un univers doux et rassurant. Quelles que soient les crises que traversent les Crawley et leurs domestiques, elles se résolvent en général sur une note d’espoir. Cela a toujours été la marque de fabrique de Julian Fellowes. J’ai souvent dit que Julian écrit en considérant que les gens essaient de faire de leur mieux. S’ils ne se comportent pas toujours bien, leur monde est marqué par la compassion et la tolérance. Après ce que nous avons vécu, je crois qu’on peut tous apprécier une bonne dose de tolérance et de compassion.”

Une famille à l’écran et à la ville

Simon Curtis, réalisateur : “Il s’agit d’une famille d’acteurs qui joue une famille de personnages. Plusieurs scènes de ce film ont été nourries par toutes les naissances, les mariages et les décès qui, en douze ans, sont survenus dans la vie des comédiens et des personnages. Les acteurs savent parfaitement ce qui se passe dans la vie des uns et des autres. Cette proximité et ces connaissances intimes ont été d’une force et d’une utilité inestimable pour plusieurs scènes du film.”

L’équilibre entre émotion et humour

Julian Fellowes, showrunner : “L’humour que j’aime, c’est un humour quotidien. Dans la vie de tous les jours, on connaît tous des gens qui sont plus drôles que d’autres. Ces gens-là ont le don d’avoir des réparties hilarantes, mais sans s’extraire du contexte quotidien. On peut alors facilement revenir à la réalité de la situation dramaturgique. C’est le genre d’humour qui convient bien à une saga familiale se déroulant sur plusieurs années comme Downton Abbey.

Penelope Wilton et Maggie Smith

Et, bien entendu, il faut avoir des acteurs qui sont à l’aise avec le comique de mots. J’ai eu de la chance avec Maggie Smith, parce que j’avais déjà travaillé avec elle à quelques reprises auparavant et le personnage que je lui avais écrit pour Gosford Park (2001) était assez proche de celui de Violet Grantham dans Downton Abbey. Maggie a plusieurs talents. Elle est notamment capable d’être extrêmement drôle à un moment et, deux minutes plus tard, de vous émouvoir aux larmes. Et elle sait changer de registre sans renier son personnage. Elle reste parfaitement fidèle au personnage.”

Un mariage inspiré du Parrain

Donal Woods, chef décorateur : Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère commence par le mariage de Tom Branson et de Lucy Smith. Il se déroule dans une petite église près du domaine des Bagshaw que nous avons dénichée à Belchamp Hall, dans le Suffolk. Il était évident que ce mariage ne pouvait pas se dérouler dans l’église familiale de Downton Abbey. Tom et Lucy se situent, en effet, à mi-chemin de l’aristocratie et de la classe ouvrière, sans appartenir à l’une ou l’autre.

Allen Leech et Tuppence Middleton

C’est un mariage beaucoup moins guindé – et à certains égards plus moderne – que les autres. On a monté un chapiteau dans les jardins et les invités se pressaient aux alentours. Il y avait aussi un clin d’œil aux origines de Tom grâce à la présence de joueurs de violon irlandais. La fête était assez joyeuse et détendue. Je me suis inspiré des couleurs de la scène d’ouverture du premier Parrain (1972) – la violence en moins ! Mais on retrouve la lumière du soleil, les teintes orangées, les chapiteaux et les nombreux invités qui discutent de manière décontractée en passant un bon moment.”

Les Crawley en France

Gareth Neame, producteur : “J’avais toujours voulu emmener les Crawley en Europe et sur la Côte d’Azur en particulier. C’était une région d’Europe prisée par l’aristocratie britannique. On n’avait jamais vu la famille quitter l’Angleterre jusque-là. L’aristocratie britannique a joué un rôle déterminant pour établir la notoriété de la Côte d’Azur. Elle faisait le déplacement du nord de l’Europe pour fuir les hivers rigoureux. Cependant, ce n’est qu’à partir de la fin des années 1920 et du début des années 1930 que les nobles anglais s’y rendaient pendant l’été. Ce sont des Américains comme F. Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway qui ont lancé cette mode.

La magnifique villa et les somptueux jardins que nous avons trouvés à Toulon étaient parfaitement emblématique de la Côte d’Azur que je me figurais quand on a commencé à évoquer l’intrigue.”

Le film dans le film

Gareth Neame, producteur : Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère se déroule en 1928. C’est à cette époque que le cinéma muet a cédé la place au parlant. Chantage d’Alfred Hitchcock a été tourné en 1928. Coïncidence extraordinaire, mon grand-père, aujourd’hui disparu, était assistant cadreur sur ce film. Je sais donc ce qui s’est passé sur le plateau, presque comme si j’y avais été moi-même. Le tournage a démarré et, au même moment, Le chanteur de jazz est sorti. Pour la première fois, les spectateurs pouvait aller dans une salle de cinéma voir les acteurs chanter et entendre leurs voix. C’est ce qui a révolutionné le cinéma presque du jour au lendemain. Le muet, qui n’avait qu’une trentaine d’années d’existence, s’est avéré être une forme d’expression relativement éphémère. Alfred Hitchcock a dû se débrouiller pour faire de Chantage un film parlant, et c’est ce qui arrive à Jack Barber avec Le joueur.”

Une experte des films des années 1920

Dominic West et Hugh Dancy

Hugh Dancy, acteur (Jack Barber) : “La production a sollicité une experte, Lorraine Porter, afin de nous parler de la réalisation de films dans les années 1920 au Royaume-Uni. C’était passionnant. La qualité artistique de ces films était impressionnante. Quand on pense aux films muets, on a tendance à se représenter des hommes portant beaucoup de mascara et des acteurs surjouant terriblement. Ayant visionné quelques-uns de ces films, je peux dire que les acteurs travaillaient vraiment dur pour communiquer de différentes manières. Quelquefois, ils utilisaient une gestuelle plus physique mais c’était en fait assez beau, quoique statique, et avec de la retenue. Ils savaient vraiment ce qu’ils faisaient et avaient une connaissance intime de ce mode d’expression artistique. Ils croyaient sincèrement que le parlant ne serait qu’une passade et qu’ils reviendraient rapidement au muet.”

1875 mais façon années 1920

Anna Robbins, chef costumière : “Le film Le joueur, tourné à Downton Abbey, se déroule en 1875. Cela m’a donné l’occasion – réjouissante – de voir des pièces et des films des années 1920, mais situés à une autre époque. On a vu L’importance d’être Constant, qui correspondait parfaitement à nos dates, au théâtre, et des films comme Autant en emporte le vent (1939) et My Fair Lady (1964). Ces deux films étaient riches d’enseignements pour savoir comment, en 1939 et dans les années 1960, on a réinterprété des époques antérieures.

On a cherché à réinventer un pastiche de la mode de 1875 tel qu’on s’y serait pris dans les années 1920. Les silhouettes, les formes et les tendances des années 1870 ont été mêlées à des tissus, des mélanges de couleurs et des ornementations des années 1920 – comme des garnitures de perles, des paillettes, des broderies et des fleurs de soie. On a utilisé des tissus des années 1920, mélangés à des soieries du XIXè siècle. 1875 marquait l’apogée de la ‘tournure’, mais on en a un peu exagéré les proportions pour lui donner une touche années 1920. On a aussi affublé les robes de longs gants de soie et on a utilisé des bijoux du XIXè et du XXè siècles.

Je me suis aussi intéressée à la manière dont rendent les couleurs dans
les vieux films en noir et blanc, parce que certaines couleurs réagissent
différemment. On a photographié les essayages en couleurs et dans un décor
monochrome pour savoir, le plus précisément possible, comment les costumes
allaient rendre à l’image.”

Crédit photos : © Universal Pictures