Canal+ réussit le pari fou de transposer sur le petit écran le roman culte de Virginie Despentes, critique acerbe et ludique de notre société. La diffusion de la série Vernon Subutex commence ce 8 avril sur Canal+ et myCanal.

Romain Duris

Vernon Subutex, disquaire au chômage depuis la fermeture de son magasin, est expulsé de son appartement. Il reprend contact avec ses anciens amis dans le but de squatter chez eux pour quelques nuits. Quand l’un d’eux, Alex Bleach, une rock star qui fait son comeback, meurt d’une overdose, Vernon se retrouve avec ses cassettes vidéo en héritage et à ses trousses, La Hyène, la femme de main sans scrupule d’un ignoble producteur, qui fera tout pour les récupérer. A l’instar du roman dont elle est librement adaptée par Cathy Verney – la créatrice de la série Hard -, cette dramédie, série à la fois comédie et drame, raconte l’errance de Vernon Subutex sur un ton doux-amer et dresse sans compromis le portrait d’une génération abîmée par la vie. Elle parle du temps qui passe et des amitiés qui se délitent et se recréent. Ou pas. Elle décrit la désillusion de la société d’aujourd’hui et montre l’âme humaine dans ce qu’elle a de pire et de meilleur. Mais elle raconte surtout une histoire de potes pleine d’optimisme et d’espoir où la solution est simplement de vouloir vivre ensemble.

1 – L’éblouissant Romain Duris

Le choix de Romain Duris pour interpréter Vernon Subutex a été une évidence pour tout le monde. A l’image du héros de la série pour la communauté qui l’entoure, le comédien appartient à notre mémoire collective depuis qu’on l’a découvert à 20 ans dans Le péril jeune (1994). Il est le témoin d’une époque et partage une certaine complicité avec les spectateurs qui l’ont vu grandir au fil de ses films et de ses rôles. Comme d’habitude, en vrai caméléon qu’il est, Romain Duris s’abandonne dans son personnage derrière lequel il disparaît littéralement. Lui conférant de la nonchalance, de la sagesse et jusqu’à de la poésie, il le rend immédiatement attachant et émouvant.

2 – La playlist incontournable

La musique joue un rôle à part entière dans la série car elle est le moyen d’expression et le pouvoir de Vernon Subutex. Grâce à elle, il comprend les gens et les aide à se révéler à eux-mêmes ou à se reconnecter avec des pensées positives. Les morceaux ont été intégrés au scénario dès l’écriture. Certains appartiennent au rock underground indépendant, d’autres sont des classiques (comme “Cambodia” de Kim Wilde ou “Me and Bobby McGee” de Janis Joplin). Des titres étaient régulièrement joués sur le plateau de tournage afin d’aider Romain Duris dans son interprétation et permettre à la réalisatrice Cathy Verney de déterminer les mouvements de caméra qui adopteraient au mieux le rythme et le souffle de Vernon.

3 – La qualité et la créativité de l’adaptation

Cathy Verney a préféré l’esprit à la lettre dans son adaptation – et Virginie Despentes lui a d’ailleurs laissé carte blanche. En parallèle de l’errance de Vernon, elle a créé un fil conducteur – la recherche des cassettes – qui lui permet de croiser les différentes intrigues jusqu’à la résolution finale et d’apporter un petit côté polar à la série. Elle a aussi donné un aspect plus positif au récit comparé au roman en rendant Vernon plus actif, et moins un homme qui subit sa chute, et en développant une jolie histoire d’amour pour La Hyène, la féroce détective privée chargée de retrouver les cassettes. Bien que sa série parle d’une réalité très sombre, Cathy Verney revendique une vision optimiste de l’humanité.

Article paru dans Le Parisien Week-end – 12 avril 2019

Crédit photos : © Canal+