Les Transformers ont débarqué en Egypte. Ils veulent détruire les pyramides avant de réduire le monde à néant. Pour cette nouvelle guerre entre les Autobots et les Decepticons, Michael Bay a emmené ses acteurs tourner les scènes finales de son film au pied des pyramides de Gizeh. Un exploit en soi. La dernière autorisation de tournage en ces lieux daterait de 1984.
« Le studio Paramount Pictures disait que nous ne pouvions pas tourner en Egypte, raconte le réalisateur Michael Bay, que nous ne devions pas amener une grosse production ici parce que c’était trop dangereux. Il y a six mois, j’ai fait mes repérages. Tous les Egyptiens se sont montrés accueillants et chaleureux. Certains m’ont même invité chez eux. La perception des Américains est vraiment loin de la réalité. C’est donc bien que nous soyons venus ici. » Ici, c’est au pied des pyramides de Gizeh. Après 18 semaines passées sur le sol américain, la production de Transformers 2 commence ses deux dernières semaines au-delà des mers avec au programme l’Egypte, la Jordanie, la France (un jour à Paris pour des plans génériques) et enfin la Chine. Ces scènes tournées en dehors des Etats-Unis donneront un cachet authentique au film car tout le reste, déjà en boite, a été filmé dans divers Etats américains, et notamment les séquences avec les pyramides de Gizeh reconstruites en studio, à Los Angeles.
Le dernier épisode. Ou pas.
A l’approche de la fin du tournage, Michael Bay s’avoue détendu. « C’est vrai que vous vous mettez toujours la pression parce que vous voulez que ce soit encore meilleur que le premier. Mais j’ai dit aux scénaristes d’écrire ce film comme si c’était le dernier parce que les gens sont souvent déçus des deuxièmes épisodes. Je leur ai fait croire que j’en aurai marre des robots à la fin de cet épisode et que je ne ferai pas le troisième. » Mais avec plus de cent millions de personnes qui ont vu le premier Transformers, avec ou sans lui, la franchise ne s’arrêtera pas là.
L’action de ce second opus des (mes)aventures des Autobots et des Decepticons se passe deux ans après les événements du premier épisode. Comme si rien ne s’était passé. « Tout le monde est passé à autre chose, affirme Michael Bay. C’est réaliste. Deux semaines après le tsunami, plus personne n’en parlait déjà plus. C’était très étrange. Nous avons décidé de faire pareil avec Transformers. Le gouvernement parle d’un truc militaire, affirme que tout cela est faux, que c’est un canular, que les gens ne savent pas ce qu’ils ont réellement vu… De cette façon, nous gardons les robots secrets encore un peu. »
Transformers 2 commence en Egypte, à Gizeh, bien avant la construction des pyramides, et s’achève également là, à notre époque, par un affrontement final entre les Transformers ennemis. « Nous avons toujours voulu savoir comment les pyramides avaient été érigées, sourit Michael Bay. Nous en donnons une explication dans le film. » Il n’en dira pas plus mais le débat continue de faire rage sur le tournage quant à savoir si ce sont oui ou non les extraterrestres qui ont construit les pyramides. Le réalisateur n’expliquera pas non plus son choix du titre « The Revenge of the Fallen », « La revanche ». Il fera juste une pirouette avec un « parce que c’est un titre cool ».
Le secret et la désinformation sont de mises sur le film, à la fois pour le protéger des curieux mais aussi « pour protéger le mystère et mieux surprendre le spectateur ». Peu de membres de l’équipe ont ainsi lu le scénario en entier. Certains passages de l’histoire ont également été changés exprès dans des versions destinées à des personnes connues pour leur manque de discrétion. De fausses feuilles de service avec des scènes et des personnages factices ont été abandonnées volontairement sur les lieux de tournage. Mais Michael Bay avoue quand même qu’il n’y a eu moins de fuites qu’il pensait.
Grimpette sur Mykerinos
Avant de s’attaquer aux pyramides, le réalisateur a installé ses caméras juste à l’entrée du site. Au pied de la pyramide de Khéops, des murs cachent un ancien palais construit dans les années 30 pour les invités du roi Farouk. Son état est si délabré qu’il est interdit au public. Il est prévu qu’il soit rénové. Un jour. Devant le bâtiment bien abîmé par le temps, Shia LaBeouf sautille sur place. Il ne veut pas feindre d’être essoufflé, il veut l’être réellement pour sa scène. A « Action ! », il traverse la cour à brides abattues, s’arrête devant l’édifice, donne un coup d’épaule pour ouvrir la porte. Les comédiens Megan Fox, John Turturro et Ramon Rodriguez arrivent à sa suite et se précipitent dans le bâtiment. Shia LaBeouf lève la tête, lance quelques mots à un Bumblebee imaginaire puis s’engouffre à son tour à l’intérieur. Trois voitures, une Camaro jaune, une Trax rouge et une Bert verte – ces deux dernières dérivées de la Smart – démarrent alors en trombe et se postent en guetteurs un peu plus loin. Les trois véhicules sont conduits par des pilotes tout de noir vêtus et donc invisibles derrière les vitres fumées. Ce sont trois Autobots qui viennent juste de se transformer. « Coupé ! »
En fin de journée, l’équipe se déplacera au pied de la troisième pyramide, la plus petite, celle de Mykerinos. Elle est désertée par les touristes bien que son accès ne soit pas officiellement interdit. John Turturro, de retour dans son rôle de l’agent Simmons toujours en colère, doit l’escalader sur quelques blocs de pierre. Ce qui n’a pas été fait depuis une bonne trentaine d’années. Trop d’accidents ont en effet obligé les Egyptiens à interdire la grimpette sur les pyramides. L’acteur tentera d’échapper à un Decepticon imaginaire. L’un des quarante Transformers du film. Il n’y en avait que douze dans le premier épisode. « J’ai eu l’idée de ces deux stupides Transformers, Skids (la Bert verte) et Mud Flap (la Track rouge), précise Michael Bay. Ce sont des frères jumeaux qui n’arrêtent pas de se chamailler mais ils font des trucs héroïques au début du film. Bumblebee est, de son côté, devenu plus sérieux. Il refuse de quitter le garage des parents de Sam. Megatron n’est pas dans ce film, mais nous avons un nouveau méchant, Devastator. Et un vieux Transformer qui perd boulons et vis à chacun de ses mouvements. Et c’est John Turturro qui lui prête sa voix. » Mais c’est tout ce que le réalisateur révèlera des petits nouveaux.
Un acteur casse-cou
Shia LaBeouf revient de sa visite de la pyramide de Khéops. Une petite récréation pour un comédien soumis à rude épreuve dans un tournage où il ne se passe pas un jour sans qu’il ne coure. « Sam, mon personnage, n’a jamais voulu tout cela, souligne l’acteur. Il essaye de vivre une vie normale à la fac, de maintenir sa relation longue distance avec sa copine et son amitié avec un être non humain. Il essaye de garder un semblant de normalité et de raison dans sa vie. Mais il est de nouveau jeté dans ce chaos. » Un chaos des plus chauds. « Au Nouveau Mexique, nous avons tourné la plus grosse explosion jamais filmée, continue le comédien. Une explosion de près de 2 300 litres d’essence. J’étais en plein dedans. Les poils de ma nuque en ont roussi. C’était une explosion en quatre phases. Je devais courir dès l’explosion de la première bombe. En cinq secondes, toute la ville a été dévastée. Le pyrotechnicien se plantait et j’étais mort. »
« Je m’inquiète toujours pour Shia, reconnaît Michael Bay. Il est si aventureux. C’est un gamin et je suis toujours en train de lui dire : ‘Fais gaffe, mec.’ » Trop tard. Le personnage de Shia porte une bande autour de sa main gauche. Si c’est un accessoire pour la caméra, elle cache une protection couleur chair bien réelle qui protège deux des doigts de l’acteur contre les chocs éventuels. Hors tournage, Shia LaBeouf s’est en effet abîmé la main dans un accident de voiture. Quinze jours à peine après son opération, l’acteur était déjà de retour sur le plateau et des ajustements de scénario étaient faits pour inclure sa blessure. Quelques semaines plus tard, il se blessait à nouveau et recevait neuf points de suture à la paupière. Le comédien, philosophe, sourit : « Tu te relèves et tu continues. Quelque part, c’est marrant. » Il est le seul à le penser.
Article paru dans Ciné Live – N°128 – Novembre 2008
Crédit photos : © Paramount Pictures