Shia LaBeouf. Son nom se prononce « chaya lebœuf » et signifie « Remercions Dieu pour le bœuf ». Pas moins. Cela n’empêche pas le garçon d’avoir les pieds sur terre, de paniquer à l’idée de foirer Indiana Jones et de se dire que tout cela n’est qu’une grossière erreur. Avec le succès prochain de Transformers et de Paranoiak, beaucoup vont vouloir vivre cette même grossière erreur…

Après Bobby, A guide to recognizing your saints et Paranoiak, trois films à la teneur assez sérieuse voire tragique, nous vous pensions échappé des films Disney ou des séries B. Et voilà, Transformers.

Shia LaBeouf : C’est juste différent. Je grandis, en tant que personne et en tant qu’acteur, et j’essaye de faire un maximum de choses différentes dans ma carrière. Mais Transformers n’est pas un film Disney. C’est un film intense qui fait monter l’adrénaline, battre le cœur à tout rompre. Ma mère ne tiendrait pas devant ce film. Je n’ai jamais vu un film aussi intense. Il y a tant de choses à voir… Vous ne savez plus où donner de la tête. Rien que la main d’Optimus Prime ! Elle possède 15 000 particules en mouvement qui convergent toutes en un bras façon Rubi’s cube. C’est un orgasme visuel. C’est dément.

Votre rôle dans Transformers semble peu exigeant pour un acteur, peu d’émotions à montrer, rien de psychologique…

Faux. C’est le travail le plus exigeant que j’ai fait jusqu’à présent. Pas sur le plan émotionnel, c’est vrai, mais sur le plan physique. C’est comme aller au combat. Vous n’êtes jamais plus proche du feu que sur le plateau de Michael Bay [le réalisateur, NDLR]. S’il doit faire sauter un truc, il le fera juste à côté de vous. Vous sentez la chaleur, vous sentez la chair brûlée. C’est dingue. Je me suis retrouvé à côté d’un gars qui avait des brûlures au troisième degré sur le cou. J’ai regardé sa peau faire des cloques ! (Il secoue la tête)

Et au final, les spectateurs regarderont les robots et pas vous.

Je sais. Le succès de Transformers ne viendra ni de moi ni des autres acteurs mais des effets spéciaux et des robots. C’est en toute connaissance de cause que vous signez pour un film pareil. Mais c’est un choix positif. J’ai fait très peu de blockbusters et Transformers est vraiment le premier dont je suis fier. Suprêmement fier.

Un blockbuster basé sur une histoire des plus simples.

Comme celle de Star Wars. Le Bien, le Mal et un gars au milieu.

Vous avez signé pour deux suites, sans avoir lu le moindre scénario, sans garantie du succès du premier.

Je ferais quinze suites si je le pouvais. J’adore Transformers. J’ai adoré le tourner, j’ai adoré mon personnage. Parce que même si c’est un film de robots, il a une histoire avec un être humain, et c’est mon histoire. Je suis le facteur humain du film. Je suis l’intermédiaire entre les robots et le gouvernement. Vous avez besoin de moi pour avoir conscience de la magnitude et de la taille des robots. Et j’adore être dans cette position. Pour un fan des Transformers, c’est un rêve qui devient réalité. J’ai grandi avec eux, alors me retrouver à côté d’un Bumblebee grandeur nature, c’est magique.

Transformers, c’est bien, mais la question du jour c’est quand même Indiana Jones. Il y a quelques semaines vous disiez encore que votre participation à Indiana Jones IV n’était qu’une rumeur.

Mais c’était une rumeur. Il y a eu des discussions à Dreamworks comme quoi j’étais une possibilité mais je n’ai jamais discuté aucun projet avec eux. Ensuite les rumeurs ont commencé et là je me suis dit : « Hein ? ». Puis j’ai additionné deux et deux. Mais je n’avais pas signé de contrat ni lu de scénario. Je n’ai toujours pas lu de scénario mais j’ai signé un contrat. Je n’avais jamais parlé à Steven Spielberg ni rencontré George Lucas. Maintenant c’est fait, mais pas à l’époque. Tout a changé en deux semaines.

Que pouvez-vous dévoiler sur votre rôle ?

Rien. (Il sourit devant ma mine dépitée) Allez, je peux vous dire que je joue un sidekick, un acolyte. Qu’il m’arrive des trucs qui vont vous faire rire. Et qu’il y aura de drôles de bestioles qui vont me ramper dessus.

Etes-vous le fils d’Indiana Jones ?

Je ne sais pas qui je suis. (Je souris, incrédule) Je ne sais vraiment pas. (Il éclate de rire) Non, sans blague. C’est de vous voir sourire qui me faire rire. Je ne sais vraiment pas.

Ne trouvez-vous pas que c’est un effet de scénario un peu trop facile de lui donner un fils ?

Si. Ce serait une meilleure idée de lui donner une fille. Mais encore une fois, je n’ai pas lu le scénario. Mais je suis comme vous, je suis un fan et je ne voudrais pas m’impliquer dans un film qui ruinerait la franchise. Je préfèrerais ne rien faire plutôt que de faire quelque chose de mauvais. Mais je suis dans de bonnes mains avec Steven Spielberg, il va fuir tous ces clichés. C’est tout aussi important pour lui que cela l’est pour les fans, si ce n’est plus.

Pensez-vous qu’il va créer une nouvelle franchise avec votre personnage ?

Je ne pense pas. Qui sait ? Je ne sais pas. Cela dépendra du résultat de celui-ci. Si je suis nul et que le film n’est pas bon, ils n’en feront pas un autre. Si je suis nul mais que le film est génial, ils en feront un autre, mais sans moi. (Il rit) Attendons de voir le film fini.

Vous entraînez-vous pour le rôle ?

Depuis trois mois. (Mon sourire le fait sourire) Dans l’hypothèse de. Mais depuis une semaine, je suis un entraînement spécifique avec des armes.

Avez-vous déjà senti quelques répercussions sur votre carrière ? Avez-vous plus de propositions de films ?

Oui, mais cela ne sert à rien de lire quoi que ce soit maintenant. Je ne me vois pas faire un film dans la foulée d’Indiana Jones. Tout ce que je pourrais faire après Indiana Jones ne sera pas à la hauteur. Personne ne pourra pas me proposer quelque chose de plus grand, de plus fort, de meilleur. A moins d’un rôle de composition. S’il y a quelque chose après Indiana Jones, ce sera un rôle de composition.

Vous avez près de dix ans de carrière derrière vous. Pourquoi avoir choisi le métier d’acteur si jeune ?

Je ne me sentais pas bien dans ma peau. C’est toujours le cas. C’était une échappatoire, c’était la seule chose où j’étais bon. Je détestais l’école, c’était une façon d’y échapper mais aussi d’éviter les gens que je ne supportais pas à l’époque. Si je n’étais pas acteur, je serais en prison à l’heure qu’il est. Sûr et certain. Mes parents sont des hippies, très cool. Avec eux c’était toujours : « Fais comme tu veux. Tu veux être acteur ? Vas-y ! » Je me suis toujours débrouillé seul, je n’ai jamais vraiment reçu de conseils à part ceux venant des personnes avec qui j’ai travaillé, comme Jon Voight [son partenaire dans La morsure du lézard, NDLR]. C’est une sorte d’éducation bohème. Mes parents sont des bohémiens. Moi aussi. Mais tout cela est une grosse arnaque. Je ne suis pas vraiment bon à ce que je fais. Je ne suis pas le meilleur acteur sur terre, ni le plus séduisant, ni le prochain-ci ni le prochain-ça. Je suis juste un type qui fait croire à tout le monde qu’il peut jouer. C’est mon sentiment. Honnêtement. Je ne pense pas mériter tout cela et cela fait peur parce que quand je me regarde dans la glace, je me dis : « Tu vas être dans Indiana Jones, mon salaud. T’as intérêt à être bon. Tu n’es pas prêt. Tu ne vaux rien. » Et après je vais sur Internet et je lis la même chose. Je suis dans une drôle de position. Il y a plein de pression. Je ne veux pas être le Jar Jar Binks d’Indiana Jones.

A 21 ans, vous jouez encore les adolescents dans vos films. Ne voulez-vous pas de rôles d’adulte ?

Oh si. Indiana Jones va être mon premier rôle d’adulte. Enfin, de presque adulte.

Y jouez-vous un méchant ou un gentil ?

Je ne sais pas. (Il éclate de rire)

Article paru dans Ciné Live – N°114 – Eté 2007

Crédit photos : © Paramount Pictures

 

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