Avec Jason Bourne, il nous a prouvé qu’il était crédible en héros d’action. Dans Elysium, il revient tout en muscle, tatoué et semi-robotisé pour casser du riche et sauver le pauvre.

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Pourquoi le futur est-il toujours aussi sombre dans les films de science-fiction, comme dans Elysium ? Montrer une future vie en rose est-il ennuyeux ?

Matt Damon : Vous avez besoin de conflits dans une histoire, ici, ce sont les riches contre les pauvres. Les films de science-fiction émanent tous d’esprits inquiets. Si le futur était génial, je crois qu’il n’y aurait pas vraiment matière à faire un film.

Neill Blomkamp, le réalisateur d’Elysium, serait-il donc un de ces esprits inquiets ?

La première chose dont Neill m’a parlé quand on s’est rencontré pour évoquer Elysium, c’était de son enfance, du fait d’avoir grandi dans un pays du tiers-monde et d’avoir déménagé dans un pays du premier monde. Il a émigré à Vancouver, au Canada, quand il avait 18 ans. Sa vie dans ces deux pays si opposés l’a entièrement construit. Ces thèmes sont bien présents dans ses deux premiers films. Il utilise juste la science-fiction pour s’exprimer parce que c’est un genre qu’il aime.

Je vous ai entendu comparer Neill à James Cameron.

Je pense honnêtement que Neill est le James Cameron de notre génération. Il a cette capacité, incroyable et rare, à créer une esthétique visuelle qui est totalement unique et qui lui est propre avec des thèmes qui parlent au plus grand nombre. Peu de gens sont comme ça. Spielberg l’est également. Ils ont cette prodigieuse capacité visuelle et savent en même temps raconter une bonne histoire et nous captiver avec. Quand j’ai rencontré Neill, il m’a montré 800 pages d’images et de détails du monde qu’il venait de créer pour Elysium et toutes ces images sont dans le film. Il avait tout un album sur les armes du film, leur aspect visuel, leur fonctionnement, des trucs qu’on ne voit que pendant une seconde. Le niveau de détail était impressionnant. La seule autre fois où j’ai vu ça, c’était avec Cameron pour Avatar. Il avait écrit un script et en même temps élaboré tout un univers.

Elysium-matt-damon_4Etait-ce tout aussi détaillé pour votre personnage ?

Oui, Neill avait ces images de Max, de ce type chauve, tout en muscles et couvert de tatouages. Ils ont engagé un entraîneur pour moi. Je lui ai montré une photo en lui disant : « Je veux ressembler à ça. » Il a répondu : « OK mais ça va demander du travail. » J’ai dit : « Je sais. » Pour moi, avoir un entraîneur personnel, c’était comme me faire un petit plaisir. Personne ne s’entraîne quatre heures par jour à moins d’être un athlète. En revanche, ne pas pouvoir manger ni boire ce que je voulais, ça c’était la plaie. (Sourire)

Il paraît que le tournage a été épique.

J’ai probablement vécu les deux semaines de tournage les plus dures de ma vie. On a une impressionnante scène d’action dans la seconde plus grande décharge du monde. On nous a expliqué que la poussière des décharges est largement composée de matière fécale. Un des lieux de tournage dans cette décharge s’appelle même la Rivière Caca. On y tournait une scène avec un hélicoptère. Vous imaginez le souffle du rotor ? Et la « poussière » qu’il soulève ? Vous en êtes vite tout recouvert. Et il vaut mieux ne pas ouvrir la bouche. (Rires) On s’est préparé psychologiquement pour cette scène. Neill disait qu’il pouvait la réaliser ailleurs, sur fond vert, mais il nous a dit aussi qu’il n’avait jamais vu de scène de film de science-fiction tournée dans un tel décor. Je crois que toute l’équipe a reconnu qu’il fallait le faire, que c’était une bonne idée, que ça en valait la peine. On savait tous ce qui nous attendait et personne n’a tiré au flanc.

Elysium-matt-damon_5Qu’est-ce qui aujourd’hui vous fait choisir un film plus qu’un autre ? Vos critères ont-ils changé depuis vos débuts ?

Je choisis toujours un film avec mon cœur. Mais avant, je choisissais en fonction du rôle et du scénario parce que j’étais scénariste. Maintenant, je choisis en fonction du réalisateur parce que j’ai fait des films sans scénario qui ont fonctionné grâce au réalisateur, parce qu’il était génial. Et j’ai fait des films dont les scénarios étaient prêts et qui se sont avérés médiocres. Tout est fonction du réalisateur.

Vous n’avez pas pu réaliser Promised land faute de temps, alors à quand votre première réalisation ?

Oui, ça n’a pas marché avec celui-là mais il y a un film que j’aime vraiment et après lequel je cours actuellement. J’espère l’avoir et peut-être le faire l’année prochaine.

Pouvez-vous en dire plus ?

Non. Si je l’ai, je vous en parlerai. (Sourire)

Article paru dans Studio Ciné Live – N°51 – Juillet-Août 2013

 

 

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