Née en Islande en 1988, Hera Hilmar a commencé à jouer dès 7 ans dans les films de son réalisateur de père et aux côtés de son actrice de mère. Ses parents ont tenté sans succès de la dissuader de se lancer dans ce métier dur et incertain mais une fois qu’ils ont découvert qu’elle était sérieuse quant à sa future profession, leur soutien a été inconditionnel. Trop à l’étroit sur son île nordique, Hera a fait ses études à la London Academy of Dramatic Arts tout en se lançant sur la scène internationale avec son personnage de Vanessa dans la série Da Vinci’s Demons. Celle qui avoue posséder un tempérament de fonceuse incarne Hester Shaw, l’héroïne de Mortal Engines (Mécaniques fatales), un film réalisé par Christian Rivers, produit par Peter Jackson et adapté du roman de Philip Reeve. Hera revient sur ce rôle majeur dans sa jeune carrière et ce qu’Hester peut représenter pour les jeunes femmes d’aujourd’hui. Mortal Engines sort en salle ce 12 décembre.

Comment décririez-vous Hester Shaw ?

Elle est marquée par toutes les épreuves qu’elle a traversées [et notamment l’assassinat de sa mère]. Elle a toujours vécu avec un robot, Shrike, et elle est à la fois en colère et bouleversée. Tout le monde la traite différemment et elle se sent d’ailleurs différente. Mais plus on apprend à la connaître et plus on découvre que c’est une fille normale qui veut aimer et être avec des gens. Mais, l’autre jour, je devais tourner des flashbacks de son passé avec Shrike et ces moments étaient tous comiques. Je n’ai pas vraiment su comment jouer Hester dans ces moments-là et je me suis même demandé si cela lui ressemblait. C’était comme jouer un personnage totalement différent.

Comment avez-vous préparé ce rôle ?

C’est toujours bien quand ton personnage vient d’un livre car tu peux t’y référer et t’inspirer de tous les détails de son passé. J’ai trouvé un lien avec Hester en lisant le livre mais je me suis aussi inspirée de gens qui ont tout perdu, qui ont connu la guerre, qui ont vécu des actes de violence très graves. Côté physique, je fais du sport régulièrement et je n’ai pas eu à suivre un entraînement spécial. En revanche, je me suis beaucoup entraînée avec mon couteau parce que je le lance souvent et je voulais avoir l’air cool. Mais Hester n’est pas un assassin professionnel, c’est juste une fille qui veut venger ses parents.

Dans le livre, Hester est gravement défigurée. Est-ce le cas aussi dans le film ?

Au début, la déformation du visage était la même : l’œil abîmé, le nez cassé, la bouche déformée… Mais je devais alors porter une lourde prothèse sur le visage et cela diminuait mes expressions faciales. Et surtout, c’était dur à regarder. Nous avons donc opté pour une cicatrice plus légère. Mais elle reste importante car elle définit Hester. Tout le monde la voit et elle souffre de ce regard des autres.

Est-ce que cela reste perturbant de jouer une femme aussi défigurée ?

C’est surtout excitant de jouer une femme qui est un personnage principal, aussi fort et plein de défauts, comme nous tous. Hester n’est pas aussi hideusement défigurée qu’elle pourrait l’être mais au moins, on lui permet d’être défigurée, ce qui n’existe habituellement pas à Hollywood. Comme on lui permet d’être détestable. Et on ne l’oblige pas à être sexy. D’habitude, les femmes doivent être sympas et sexy dans les films. Cela met une énorme pression sur les filles. Pour moi, Hester apparaît plus humaine que quelqu’un qui serait parfait. Elle est une bouffée d’air frais, quelqu’un que les filles peuvent prendre pour modèle.

Article paru dans Azimut – Hiver 2018-2019

Crédit photos : © Universal Pictures