Des criminels plus ou moins malins, de l’action, de l’humour, une intrigue intelligemment menée, des dialogues savoureux. Avec The Gentlemen, Guy Ritchie retrouve ses racines (Arnaques, crimes et botanique, Snatch) et réunit un casting extraordinaire. Sa comédie de voyous, captivante, déjantée et extrêmement amusante, sort en salles ce 5 février.

 

L’histoire des Gentlemen

L’Américain Mickey Pearson est devenu un baron de la drogue à Londres. Quand il annonce qu’il prend sa retraite et vend son empire de marijuana, deux rivaux sont sur les rangs. Mais ils n’ont aucune envie de payer le prix fort pour ce business lucratif.

La genèse des Gentlemen

Guy Ritchie a eu l’idée des Gentlemen il y a près de dix ans. Pendant un temps, il a pensé en faire une série avant de retourner à son projet de long métrage.

Guy Ritchie, Matthew McConaughey et Charlie Hunnam

Au départ, le titre était Toff Guys (Les rupins) qui, en argot, désigne une personne issue d’un milieu aristocratique affichant un air de supériorité. « J’avais envie d’orchestrer le télescopage entre le mode de vie de mes personnages et leur business, raconte le réalisateur. Ils sont parvenus à un âge où ils sont spontanément attirés par les belles choses et où ils se sont embourgeoisés, malgré leur activité qui les oblige à avoir les mains dans le cambouis. Au fond, ce sont des durs à cuire qui, à leur façon, ont su gravir les échelons de leur ‘hiérarchie’. Désormais, ils sont pris en tenaille entre deux mondes, dont l’un est riche d’ambitions. Et le mode de vie qu’ils apprécient est à présent en total décalage avec le milieu qu’ils fréquentent. » Le nouveau titre The Gentlemen fait allusion à leurs aspirations mais il n’y a pas beaucoup de gentlemen parmi eux.

Guy Ritchie et la drogue

L’industrie du cannabis fascine Ritchie. L’idée qu’un Américain dirige un empire de marijuana au Royaume-Uni est née de l’ambiguïté de la législation américaine à l’égard de cette substance. Aux Etats-Unis, certains Etats l’ont légalisée mais la loi fédérale la proscrit toujours. En s’installant au Royaume-Uni, il n’a plus à se soucier de cet imbroglio juridique et sait exactement à quoi s’en tenir. Mickey Pearson a ainsi commencé à cacher des fermes à cannabis dans le sous-sol de milliers de propriétés au Royaume-Uni contre un « loyer » d’un million de livres par an. Il a ciblé les propriétaires en difficulté financière, trop contents d’une rémunération leur permettant de continuer à mener grand train sans rien avoir à faire si ce n’est fermer les yeux. L’activité de Mickey a prospéré et a fini par devenir un véritable empire.

Hugh Grant

Hugh Grant et la drogue

Quand il était adolescent, l’acteur a cru vivre sa première expérience avec l’herbe. Son frère et lui ont acheté ce qu’ils pensaient être un bout de résine de cannabis à un dealer lors du carnaval de Notting Hill, à Londres. Et ils l’ont fumé. Et découvert qu’il s’agissait en fait d’un morceau de linoléum.

Le casting des Gentlemen

Guy Ritchie a confié à la plupart de ses acteurs des rôles à contre-emploi afin d’apporter de l’originalité et de la surprise au Gentlemen. Le talent de ses comédiens fait qu’ils sont tout aussi bons dans ce registre inhabituel que dans leur zone de confort.

Mickey Pearson

Au départ, les scénaristes Guy Ritchie, Ivan Atkinson et Marn Davies ont écrit le rôle du baron de la drogue pour un acteur anglais. Ils ont ensuite pensé que le personnage serait plus riche et plus imprévisible s’il était américain. Et plus encore s’il était interprété par Matthew McConaughey.

Ray

Charlie Hunnam voit son personnage de fidèle conseiller de Mickey Pearson « un peu comme Alfred, le majordome de Batman – à ceci près qu’il est nerveux, bourré de TOC, et qu’il souffre parfois de troubles psychotiques. Il est obnubilé par l’organisation et l’ordre. »

Rosalind Pearson

Michelle Dockery, Matthew McConaughey et Charlie Hunnam

Bien que la femme de Mickey Pearson joue un rôle déterminant dans le déroulement de l’intrigue, la production n’avait pas encore déniché l’actrice deux semaines avant le début du tournage. Guy Ritchie, grand admirateur de Downton Abbey, a pensé à Michelle Dockery, alias Lady Mary dans la série. Les producteurs craignaient cependant que la comédienne soit trop BCBG pour ce personnage de dure à cuire. Rosalind est en effet aussi coriace que les hommes et ne recule devant rien.

Le réalisateur a rencontré la comédienne quelques jours avant de tourner la première scène avec Rosalind. Il a tout de suite compris qu’elle correspondait exactement à ce qu’il recherchait. De son côté, Michelle Dockery était ravie de camper un rôle inédit pour elle. Elle explique que ce personnage est plus proche d’elle que les femmes de la très bonne société qui s’expriment bien, à l’image de Lady Mary, qu’elle a jouées jusqu’à présent.

Fletcher

Guy Ritchie a pitché The Gentlemen à Hugh Grant, qui incarne le maître chanteur Fletcher, le jour de son mariage. Ce 25 mai 2018, l’acteur était déjà en retard pour célébrer son union avec Anna Eberstein quand un homme est tombé de vélo devant lui, dans la rue, à Londres. Alors qu’il l’aidait à se relever, Guy Ritchie a débarqué de nulle part, expliquant que c’était son assistant. Le réalisateur a alors profité de cette rencontre impromptue avec l’acteur pour lui exposer l’intrigue des Gentlemen, le mettant encore plus en retard.

Les réécritures des Gentlemen

Colin Farrell et Charlie Hunnam

Guy Ritchie admet qu’il a réécrit 20% des scènes des Gentlemen, souvent le jour même du tournage, après avoir entendu ses acteurs jouer ses dialogues. Il ajustait alors les répliques pour avoir le bon rythme, la bonne mise en bouche. Une démarche qu’il adopte sur tous ses longs métrages. Le réalisateur aime aussi que ses acteurs participent à la création du film, qu’ils ne se contentent pas d’attendre entre deux prises. Très favorable à leurs propositions, il juge que cela rend le processus plus vivant et amusant. Matthew McConaughey estime même que les idées de Guy Ritchie sont meilleures quand il les a dans l’instant.

La boîte noire de Guy Ritchie

Le cinéaste organise des répétitions selon une méthode qu’il qualifie de « boîte noire ». Guy Ritchie préfère éviter les traditionnelles séances de lecture où les comédiens lisent leur texte autour d’une grande table. Lui et ses comédiens tournent donc l’ensemble des scènes du scénario, à la manière d’un reportage brut, sur une période de douze heures, devant de grands rideaux noirs. Toute l’équipe a ainsi une idée très claire du film. « C’est comme une pièce en un acte, remarque Matthew McConaughey. Guy recueille beaucoup d’informations importantes en filmant les acteurs en train de répéter. Cela lui permet de mieux cerner la dynamique du film. » Mais aussi de réécrire une énième fois son scénario.

Le style vestimentaire des Gentlemen

Tom Wu, Matthew McConaughey et Charlie Hunnam

Charlie Hunnam raconte que Guy Ritchie et lui sont allés tous les deux dans une boutique de vêtements pour hommes à Londres où ils ont passé « trois ou quatre heures à dévaliser les rayons. J’ai trouvé dans ce magasin toutes les tenues de Ray. Guy a un vrai regard pour les costumes et il sait parfaitement ce que chacun doit porter dans ses films ». Le réalisateur avait une idée très précise du style vestimentaire de ces personnages. Il voulait des costumes classiques, loin de toutes les tendances actuelles. Littéralement et métaphoriquement, Guy Ritchie voit les vêtements – et non la mode – comme une philosophie. Est-ce l’homme qui fait le costume ou le costume qui fait l’homme ?

Le roi du grill

Guy Ritchie a lui-même dessiné la table/brasero/barbecue des Gentlemen. Et il en aurait fait un business. Ce produit serait ainsi désormais fabriqué à la demande et disponible à la vente.

Crédit photos : © Miramax / SND