Il est Datak Tarr, le méchant principal de Defiance, un survivant arrivé au sommet de l’échelle sociale. Un personnage entre lyrisme et subtilité pour lequel Tony Curran pense avoir trouvé le bon équilibre.
Dans la saison 2, Datak touchait le fond. Où en est-il dans cette saison 3 ?
Tony Curran : A la fin de la saison 2, il retrouve sa femme qui lui pardonne ce qu’il a fait. Au début de cette saison, Datak et Stahma ont quitté Defiance avec Rafe McCawley pour retrouver leur fils, kidnappé par Pilar, et sa fille Christie, enceinte. Ils se retrouvent dans les Badlands. Ils sont là depuis six mois, traquant Pilar. Datak a adopté le mode chasseur cette saison.
Est-ce agréable de jouer ce Datak en mode chasseur ?
C’est compliqué car nous avons vécu le mois de février le plus froid qui soit. Nous avions de la neige jusqu’aux cuisses. Marcher dans les bois était éprouvant pour tout le monde. Ce début de saison 3 est passionnant grâce à cela. L’intrigue n’est plus, non plus, autour du sauvetage de Defiance mais autour de son implosion. Toutes les relations entre les différents personnages sont arrivées à un point critique. Il n’y a pas que la ville qui est danger mais aussi les relations. Les deux premiers épisodes de la saison sont choquants. J’ai fait une interview télé pour la presse et d’habitude, j’ai toujours une blague à raconter. Mais cette fois, en parlant de ce qu’il se passe dans les deux premiers épisodes, à la fois sérieux et choquants, je n’avais pas le cœur à rire. C’est un vrai bain de sang. Mais d’un point de vue dramatique, cela fonctionne bien.
Comment décririez-vous Datak ?
C’est un survivant. Il n’a jamais été privilégié. Il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Où que ce soit, il doit se battre pour lui-même et pour se créer une vie. Il connaît la rue, son père était un homme pieux. Dans certaines civilisations, ils gavent leurs enfants de culture et de traditions mais Datak s’est rebellé contre cela. Il s’est rebellé contre son père et ses enseignements d’un autre temps. Il a découvert que la rue lui permettait de trouver sa place plus rapidement qu’en suivant la manière de faire de son père. C’est un survivant mais il a aussi su grimper l’échelle sociale. Il veut arriver au sommet de la pyramide sociale mais il est un peu trop spontané. Il agit parfois avant de réfléchir, au détriment de son ambition. Je crois que c’est pour cela que Stahma et lui ont trouvé un équilibre, il est spontané alors que sa femme est très méticuleuse.
Pouvez-vous vous identifier à Datak sur certains points ?
J’ai eu une meilleure enfance que lui. (Sourire) Beaucoup de gens qui étaient en cours d’art dramatique avec moi ont été tués dans des bagarres de gangs dans les quartiers sud de Glasgow ou ont fini en prison. J’imagine que j’ai été assez chanceux de trouver mon équilibre et ma voie assez tôt. Datak a trouvé sa voie et s’y est donné à 100%. Je crois que vous devez être un survivant dans ce jeu. Beaucoup de mes neveux et nièces voulaient devenir acteurs et je leur ai dit qu’ils devaient avoir la peau dure pour cela où ils ne dureraient pas longtemps. Je suis père depuis quelques années et cela a changé ma vision des choses. Je ne suis plus le seul en jeu. J’essaye de ne rien prendre personnellement mais Datak est différent. Il prend beaucoup de choses à cœur.
Qu’est-ce qui est le plus dur à jouer dans ce rôle ?
Le jouer peut-être parfois très théâtral, très lyrique, très shakespearien. D’autres fois, c’est très subtil. C’est difficile de passer de l’un à l’autre. Après trois saisons, je pense avoir une idée de qui est Datak. Mais en même temps, le personnage ne cesse d’évoluer et il faut savoir trouver l’équilibre pour conserver ses anciens traits de personnalité tout en ajoutant les nouveaux.
Parlez-nous de votre expérience quand les maquilleurs vous retirent votre maquillage ?
J’ai photographié l’étape du maquillage ce matin, ce qui a pris trois heures, avec des prises de vue à intervalle régulier. L’expérience n’est pas si terrible que cela. Pour le retirer, ils utilisent beaucoup d’alcool et cela leur prend une demi-heure. Mais cette fois j’avais du maquillage aussi sur le torse. Je sais, je suis Ecossais et je suis donc blanc de naissance mais pour Defiance, je dois être encore plus blanc. (Rires)
Jouez-vous de façon différente avec ou sans le maquillage ?
La première fois que j’ai porté ce maquillage, je me sentais différent. J’avais les cheveux, les yeux et la peau différents et au final, j’ai endossé une personnalité différente. Au fur et à mesure des épisodes, je me sentais plus à l’aise. Il y a toujours les lentilles de contact qui gênent et je me retrouve souvent avec des cheveux de ma perruque dans la bouche. Mais ce sont des éléments, en plus de la langue, qui ajoutent de la valeur au personnage. La langue lui donne également une dimension et une texture. Il y a une nouvelle langue cette saison, celle des Omecs. Cette langue est très compliquée, elle possède quelques éléments africains. Elle ressemble à celle des Himbas, une tribu de Namibie. C’est une langue très rythmée avec des bruits étranges, ce qui en fait un vrai défi à prononcer.
Pourquoi pensez-vous la science-fiction est-elle si populaire aujourd’hui ?
Je pense que la télévision devient plus populaire et qu’elle est aussi meilleure. La science-fiction a un public de passionnés mais a aussi beaucoup de points communs avec les genres plus grand public. C’est ce que nous essayons de faire avec Defiance. Nous avons beaucoup de thèmes liés aux problèmes culturels, politiques et sociaux. La série évoque beaucoup l’immigration. Dans la saison 1, nous sommes un groupe d’immigrants à la recherche d’un foyer. Aujourd’hui, avec tout ce qu’il se passe autour de nous, nous pouvons dire que Defiance reflète la réalité du monde.
Table ronde réalisée sur le tournage de Defiance, à Toronto – 21 avril 2015
Crédit photo : Defiance Saison 3_©_2014_Open_4_Business_Productions_LLC
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