Elle est Stahma Tarr, peut-être la femme la plus puissante de Defiance mais du côté des méchants. Jaime Murray retrouve avec plaisir son personnage pour cette troisième saison en dépit de tous les aléas du maquillage.

Defiance_gallery_302Recap_03_0 Où en est Stahma au début de cette saison 3 ?

Jaime Murray : Chaque année est pire que la précédente pour Stahma. Dans la saison 1, sa situation était horrible car elle était sous le joug de Datak son mari dominant. Elle vivait une relation autoritaire. Mais c’était aussi la plus sécurisante qu’elle ait eu. Dans la saison 2, c’était amusant parce que j’ai pu affirmer les qualités de Stahma au sein de son couple. Il y avait du danger mais elle pouvait se sentir plus authentique. Et c’est là que les auteurs ont senti le besoin de lui couper à nouveau l’herbe sous les pieds. A la fin de la saison 2, elle a perdu son fils et part donc à sa recherche. Au début de la saison 3, cela fait environ neuf mois qu’elle est sur la route. Ce qui a été dur pour elle. Elle dort dans sa voiture. Nous avons commencé à tourner à la fin janvier et avons vécu le mois de février le plus froid que Toronto a connu. C’est magnifique à l’image. La neige est profonde et immaculée mais les jours étaient longs et durs. Cela ajoute à la situation effrayante dans laquelle se trouve Datak et Stahma. Une des plus dangereuses qu’ils aient vécues. D’habitude, le danger vient d’eux et ce sont eux qui créent les ennuis. Là, ils se coltinent des soldats du Collectif de Voltanis qui détestent les humains. Je crois que le thème lié à Stahma dans Defiance, c’est le pouvoir. Dans la saison 3, tout lui est retiré.

Stahma et Datak sont en désaccord toute la saison 2. Où en est cette relation maintenant ? Se battent-ils toujours l’un contre l’autre pour avoir le pouvoir ?

A moins que Datak ait une transplantation de personnalité, il y aura toujours une lutte de pouvoir entre les deux. Ils se tapent mutuellement sur les nerfs et Datak n’aime pas vraiment recevoir des ordres. Elle essaye d’être aussi diplomate et manipulatrice que possible mais il y beaucoup de situations de vie et de mort dans la saison 3. Et elle ne peut pas toujours faire avec l’ego de Datak. Elle doit prendre des décisions qu’il n’aime pas mais pour leur survie et le bien de la famille. Les deux sont vraiment entre le marteau et l’enclume. L’histoire ne tourne pas tant que ça autour de leurs problèmes de couple mais il y a assez de lutte de pouvoir et d’amusement pour le public.

Defiance_gallery_301FunFacts_06Se sont-ils réconciliés ?

A la fin de la saison 2 mais contre son gré à elle. Elle ne le veut pas mais c’est pour le bien de la famille. Elle essaye de garder sa famille soudée. C’est quelqu’un de bien et elle va se sacrifier pour l’équipe.

En quoi votre perception de votre personnage a-t-elle changé au cours des années ?

La Stahma de la saison 1 me manque mais je suppose que je ne pouvais pas rester dans ce carcan. Les auteurs ont changé tellement de choses. J’ai aimé explorer son côté alien. Jouer une autre créature m’intéressait beaucoup. Elle s’est définitivement humanisée. Son parler américain est bien placé et correct. Au début, je ne faisais pas les contractions, je ne disais pas « don’t » mais « do not » mais les autres personnages les faisaient, j’ai donc atténué cela un petit peu. Quand vous rencontrez Stahma pour la première fois, vous savez tout de suite qu’elle vient d’une autre planète et qu’elle est protégée. Elle est un peu plus intégrée cette saison. Elle a changé mais elle est en paix avec cela. J’aime assez être cet alien bizarre.

Quelle relation a-t-elle avec son fils ?

Elle l’adore même si c’est un enfant gâté. Elle est une maman ourse, elle n’aimera jamais rien d’autant autant qu’elle aime sa famille. Elle est très loyale.

s02_e0209_FunFacts_13Quel genre de retrouvailles pouvons-nous espérer entre Stahma et Amanda ?

Cette femme ne lâchera jamais prise, n’est-ce pas ? Ce n’était pourtant qu’une sœur. J’ai perdu toute ma famille alors qu’elle n’a perdu qu’une sœur. (Sourire) Cela ne se passe pas bien entre elles. Je pense que Stahma souhaite faire amende honorable et passer à autre chose. Je crois qu’elle aimait bien Amanda mais Amanda n’est pas du genre à pardonner. Il y a de la tension entre elles, elle bout en surface et fait tourner la tête. Le public devrait aimer cela.

Comment Stahma réagit-elle à l’arrivée des Omecs ?

Elle est électrisée par leur arrivée. Que ce soit vrai ou non, elle se sent très supérieure à toutes les autres races aliens et même à son mari. Elle est très cultivée, bien entraînée mais personne auprès de qui s’en vanter, personne à admirer. Elle connaît la langue des Omecs. C’est plus facile que le castithan. Elle a appris de la poésie, des fables et des histoires dans cette langue. Pour elles, les Omecs étaient comme des licornes. Elle a probablement eu une grand-mère qui lui racontait des histoires sur les Omecs pour l’endormi. Ils étaient à la base des espèces aliens. Leur pouvoir est célèbre, et a peut-être été exagéré. Ils sont un âge vénérable et sont très cultivés. Selon la légende, ils ont réduit les autres races votanes à l’esclavage pour le travail, la nourriture et ils utilisaient les plus belles comme concubines. Quand j’ai construit le personnage de Stahma, je pensais aux concubines. Stahma a été élevée pour en devenir une mais elle n’a personne à qui le montrer.

Recevez-vous les scénarios à la fois en anglais et en omec ?

Oui. C’est assez effrayant et dur d’apprendre toutes ces répliques. Tous les aliens ont des mini crises de nerfs et nous nous soutenons les uns les autres. (Sourire)

Avez-vous un souffleur pour vous aider sur le plateau ?

Non. J’ai la chance d’avoir déjà cette personne dans ma tête. Tout est dans le rythme. Vous ratez une syllabe et vous perdez le rythme. Les monteurs doivent le savoir car je ne les ai jamais vus utiliser une prise où je m’étais trompée.

Jaime Murray au naturel.

Votre maquillage a-t-il évolué depuis la saison 1 ?

Je ne veux pas me plaindre mais le maquillage est affreux comme toujours et cela ne va pas en s’améliorant. J’ai le sentiment que les auteurs m’ont trouvé de nouveaux défis à relever du genre : « Nous allons te peindre en blanc, avec une substance qui ne tient pas, et te couvrir de perles qui grattent. » Cette fois, ils me font me frotter contre plein de choses incompatibles avec du maquillage blanc. J’ai un nouvel amoureux et nous passons notre temps l’un sur l’autre. Les maquilleurs sont épatants et sont les meilleurs de leur profession. Je me trouve plus jolie en alien qu’en humaine, ce qui est peu dire.

Combien de temps votre maquillage prend-il à appliquer ?

Ils ont amélioré leur technique et cela prend désormais deux heures et demie. Mais seulement pour la tête et le cou. Vous avez dû remarquer que nous cherchons à cacher tout le reste sous des vêtements. Toutes mes robes descendent jusqu’au sol et je porte des gants sinon, ils devraient aussi maquiller mes mains. Et c’est au moment où vous avez les mains couvertes de maquillage blanc que vous réalisez que vous devez aller aux toilettes. Et que vous devez alors vous laver les mains. (Rires) Quand j’étais petite, je ne tenais pas en place et c’est une raison pour laquelle j’ai voulu devenir actrice. Et maintenant, mon métier m’oblige à rester immobile pendant des heures et ne pas tout saloper.

A quoi occupez-vous votre temps pendant le maquillage ? Et combien de temps cela prend pour tout retirer ?

Je passe mon temps en bavardant, en racontant des potins et en buvant du thé avec mon maquilleur. Nous regardons aussi des vidéos sur YouTube et écoutons de la musique. J’aime beaucoup ce moment en fait car c’est comme être avec mes amis. J’ai juste une brosse constamment sur mon visage. (Sourire) Retirer le maquillage est assez ennuyeux. Quand j’arrive, je suis fatiguée, j’ai ma tête du matin et ils me transforment en une jolie chose. Une fois le maquillage retiré, je suis rouge, couverte de taches, avec de la colle dans les cheveux et je dois rentrer comme ça chez moi. Un vendredi soir… C’était au début. Il faisait froid, dans les -20° Celsius, je rentrais chez moi avec mes grosses bottes de montagne, un grand manteau et mon visage couvert de taches. Je me retrouve dans l’ascenseur avec quelqu’un et je lui dis : « Il fait si froid, je suis contente que ma journée soit finie car je l’ai passée dehors. » Et il lance : « Oh, vous êtes dans la maintenance ? » Je réponds alors : « Non, pas du tout ! » Il n’y a rien de glamour une fois le maquillage retiré. En fin de journée, c’est toujours un peu gênant pour moi d’avoir des mains qui me touchent encore pour retirer le maquillage. Donc une fois, j’ai préféré rentrer chez moi avec le maquillage sur tout le corps pensant le retirer plus tard. Ce qui s’est avéré impossible. Ils m’avaient donné de l’huile pour le corps pour qu’elle dissout le maquillage. Et me voilà en train de frotter à 3 heures du matin pour tout retirer, de faire des allers et retours dans la douche, de m’essuyer avec des serviettes, sans succès. L’eau dans la salle de bain ressemblait à une tache d’huile. Et tout à coup, j’ai eu cette pensée : « Que diraient-ils en trouvant une actrice morte au pied de sa baignoire, couverte d’une matière blanche et huileuse ? Et quand me trouveraient-ils ? Je ne travaille pas lundi. Ils me retrouveraient seulement mardi ? » (Rires) Vous voyez le genre de pensées glamour que nous avons,-nous, les aliens.

s02_e0212_FunFacts_12Etes-vous à l’aise avec les scènes de sexe ?

D’habitude elles ne me dégoutent pas, ni la nudité. Dans Defiance, c’est autre chose. Je pense qu’il y a quelque chose de très intéressant à raconter une histoire juste avec le corps. Mes scènes préférées sont les plus simples où vous communiquez avec peu de mots. Si vous pouvez faire la même chose avec le corps, c’est génial. Je peux trouver passionnant de jouer une telle scène. Cependant, dans Defiance, il est difficile d’être naturel, c’est un vrai défi pour moi. J’ai souvent l’impulsion de bouger mais je ne le peux pas à cause du maquillage. Je ne peux pas non plus soutenir un regard trop longtemps sans cligner des yeux parce qu’alors les lentilles de contact s’assèchent. Dans les scènes de nu, mon corps est recouvert d’un maquillage qui ne tient pas longtemps. Si à l’écran ces scènes vous apparaissent naturelles ou faciles, tant mieux.

Pourquoi pensez-vous que la science-fiction est si populaire ?

La science-fiction est une manière d’explorer une plus grande vue d’ensemble. Elle réveille notre imagination et dans cette saison, nous nous coltinons des thèmes liés à la réalité. Nous avons le terrorisme et des gens divisés par la haine issue d’atrocités commises des années plus tôt. C’est à la fois terrifiant et horrible. Nous voyons ces choses tous les jours au journal et c’est affreux. Parler de ces problèmes grâce à l’art est une façon de les digérer, de les personnaliser et d’en être tenu informé afin de les régler.

Table ronde réalisée sur le tournage de Defiance, à Toronto – 21 avril 2015

Crédit photo : Defiance Saison 3_©_2014_Open_4_Business_Productions_LLC