Doctor Strange est de retour. Dans sa première aventure cinématographique en 2016, il explorait le surnaturel, un territoire vierge dans l’univers cinématographique Marvel. Ce second opus lui permet de poursuivre ce voyage au cœur de la magie et du mystère dans le Multivers où notre monde se décline en une infinité de réalités différentes. Dans chaque nouvelle dimension où Doctor Strange atterrit, sa rencontre avec une version alternative de lui-même lui ouvre un peu plus les yeux sur qui il est et qui il pourrait devenir. Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi sort en salles ce 4 mai.

L’histoire

Doctor Strange demande à Wanda Maximoff, membre des Avengers, de l’aider à protéger America Chavez, une adolescente dotée du pouvoir unique d’ouvrir des portails sur différents univers.

Le Multivers, c’est quoi ?

Dans le premier film, Doctor Strange (2016), l’Ancien a introduit le concept du Multivers à Doctor Strange avec cet avertissement : “Et si la fabrique de la réalité que vous pensiez connaître n’était qu’un des fils qui tissent quelque chose de beaucoup plus vaste ? Vous croyez que cet univers matériel est tout ce qui existe ? Il n’est qu’un parmi un nombre infini : des mondes sans fin, certains bienveillants et donnant la vie, d’autres remplis de malveillance et de colère, des lieux obscurs où des pouvoirs plus anciens que le temps lui-même, attendent, affamés. Qui êtes-vous dans ce vaste Multivers, Mr Strange ?”

Benedict Cumberbatch

Dans l’univers cinématographique Marvel (MCU), le Multivers a des origines et des effets multiples sur ses personnages. Il existe ainsi autant de réalités alternatives que de personnages alternatifs. “Dans le multivers, tout ce qui existe connaît des versions alternatives,” explique le réalisateur Sam Raimi. “Ce qui donne aux personnages l’opportunité unique de croiser leur alter ego et de voir quels chemins ils ont emprunté : les bons et les mauvais. Ils reconnaissent des qualités auxquelles ils sont restés aveugles pour eux-mêmes alors qu’elles leur semblaient plus claires pour les autres. Ils croisent aussi de meilleures versions d’eux-mêmes qui sont le reflet de ce qu’ils auraient pu être.”

Sam Raimi, le réalisateur

Sam Raimi n’est pas étranger aux films de super-héros, puisqu’il a dirigé et produit Darkman en 1990, puis la trilogie originelle Spider-Man (en 2002, 2004 et 2007). Il a accepté de revenir au genre 15 ans après, quand le producteur Kevin Feige a annoncé qu’il voulait apporter une touche d’horreur à Doctor Strange. “Pour moi, l’horreur et le suspense, c’est ce qu’il y a de plus fun dans le cinéma,” précise Sam Raimi. “Ce qui me captive le plus dans le personnage de Doctor Strange, c’est que c’est un magicien. Je l’ai moi-même été dans ma jeunesse, pour des fêtes d’enfants ou des mariages. J’adorais créer des illusions. Un super-héros qui est un illusionniste et un magicien suscite en moi un intérêt particulier.”

Benedict Cumberbatch et Sam Raimi

C’était aussi pour lui, l’opportunité de voir évoluer la personnalité de super-héros, connus ou nouveaux. “Qui sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Ont-ils fait les bons choix ? Même dans Avengers: Endgame, certains ont fait des choix qu’ils regrettent dans ce film. Car ils en voient les conséquences, et c’est vraiment captivant. Les histoires Marvel peuvent être d’une grande richesse quand elles s’inscrivent dans la continuité. C’est ce que nous explorons dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness.”

Plusieurs Doctor Strange pour le prix d’un

Doctor Strange va littéralement se heurter aux versions alternatives de lui-même dans le Multiverse. Ces confrontations vont lui montrer à quel point  son comportement obéit aux mêmes schémas, quelle que soit la dimension où il se trouve. “C’est comme une empreinte, une carte d’identité de sa personnalité et des dangers qu’elle représente dans n’importe quel univers,” remarque son interprète Benedict Cumberbatch, l’inoubliable Sherlock Holmes. Et cette personnalité fait un grand écart entre le Defender Strange (Strange le défenseur), un pur héros d’action, le Zombie Strange, un… zombie.

America Chavez, la petite nouvelle

Xochitl Gomez

Ce personnage, incarnée par Xochitl Gomez, a le pouvoir d’ouvrir des portails sur les différents univers. America Chavez n’appartient pas à notre Terre. Elle est catapultée dans notre réalité alors qu’elle fuit un terrible danger, traquée pour son pouvoir et pourchassée d’une dimension à l’autre. Au début de Doctor Strange in the Multiverse of Madness, elle est encore en train de découvrir ses pouvoirs. A mesure qu’elle apprend à les maîtriser, elle prend confiance en elle.

America Chavez sera amenée à diriger un jour son propre univers. Dans les comics, elle est plus adulte mais la production a voulu conserver son innocence afin qu’elle puisse grandir et évoluer dans les histoires à venir.

Des décors impressionnants

La production a débuté en novembre 2020 à Londres. En raison de la pandémie de la Covid-19, l’équipe a tourné le film presque entièrement en studio.

Les scènes avec Gargantos, la pieuvre géante qui poursuit America Chavez, devaient être tournées à Philadelphia. Les restrictions de voyages et la fermeture des frontières ont contraint le chef décorateur Charles Wood à reconstituer une rue de New York sur le terrain des studios Longcross à Londres – les rues de Hong Kong y avaient déjà été construites pour les besoins du premier film. La déco a érigé quatre blocs de rues new-yorkaises, d’une longueur de 15 mètres, en tenant compte des exigences des effets spéciaux qui devaient s’ajuster aux dommages infligés par Gargantos sur les bâtiments. Une fois le décor construit, la production a envoyé une équipe à New York afin de tourner des images ajoutées en post-production pour créer l’horizon de gratte-ciel de la Grosse Pomme.

Bleeker Street a été délocalisée de Greenwich Village à une zone plus commerciale. Charles Wood voulait la connecter à une partie plus vibrante de la ville, ce qui a été rendu possible par la création de New York en studio. Il a ainsi placé le Sanctuaire au cœur des quartiers animés. Originellement prévu uniquement pour le combat de Gargantos, à cause de la Covid et de l’évolution du scénario, ce décor a finalement servi pour trois univers alternatifs et donc trois histoires différentes. Comme la production passait sans cesse d’un univers à l’autre, l’équipe n’avait pas le temps matériel de changer le décor. Elle a utilisé la neige, la signalisation et les costumes pour différencier les trois dimensions.

Dans l’un d’eux, on trouve même des voitures flottantes… Ces dernières devaient être créées numériquement en post-production. Chris Corbould et son équipe ont cependant suggéré de suspendre les véhicules à des grues. Cela a permis d’ancrer dans la réalité ce monde étrange, troublant et inquiétant.

Des effets spéciaux spectaculaires

Doctor Strange in the Multiverse of Madness offre deux séquences d’effets spéciaux assez épiques. La première est celle avec Gargantos. Cette pieuvre géante avec un seul œil est apparue pour la première fois dans le numéro 80 des Strange Tales. “Toute la scène constitue ce qu’on peut appeler une aventure classique de Doctor Strange,” déclare le scénariste Michael Waldron. “Et c’est dans les comics que nous avons puisé l’inspiration de ce combat.” Cette créature haute de 2,50 mètres et dotée de huit pattes, balance des voitures en l’air et tout ce qui lui tombe sous la main dans les vitrines des magasins, tord les lampadaires, arrache les feux de signalisation… C’est un carnage total dans les rues dont la caméra devait capter le maximum.

Benedict Cumberbatch et Benedict Wong

La seconde est la bataille de Kamar-Taj. Cette séquence a nécessité quatre mois de préparation et des semaines de tournage. L’équipe l’a filmée sur un vaste plateau des Studios Longcross, en combinant les départements effets visuels et effets spéciaux, les cascadeurs, les accessoires et les caméras. Des trois toits de Kamar-Taj, un seul a été construit en dur, les deux autres sont virtuels. Le directeur des effets spéciaux Chris Corbould a déclenché 30 explosions sur ce toit. Une caméra reliée à un câble filait à travers les explosions, pour les capturer à l’écran. Il a fallu également enfoncer les explosifs dans le sol et creuser des trous suffisamment profonds pour que la terre vole au moment des détonations alors que des cascadeurs volaient dans les airs, accrochés à des câbles. A cela s’ajoutaient des flashs lumineux, des jets de projectiles, des cercles de feu…

Crédit photos : © Marvel Studios 2022