La saga Matrix revient pour un quatrième opus signé par la réalisatrice Lana Wachowki. Dans Matrix Resurrections, Carrie-Anne Moss reprend son rôle emblématique de Trinity. A moins qu’elle ne soit Tiffany, une paisible épouse et mère de trois enfants qui adore les motos surpuissantes et semble avoir une vie parfaite… Matrix Resurrections sort en salles ce 22 décembre.
Comment s’est passé votre retour sur la saga Matrix ?
Carrie-Anne Moss : Alors que je prenais mon cours de yoga, j’ai reçu un SMS de Lana qui me disait : “C’est Lana. Rappelle-moi quand tu peux”. En sortant, je me suis assise dans ma voiture pour l’appeler : on a parlé longtemps et je lui ai dit que c’était génial d’avoir eu de ses nouvelles, et elle m’a alors confié : “Tu ne me croiras jamais, mais j’ai écrit un scénario que j’aimerais te faire lire”. Elle m’a ensuite expliqué ce qui lui avait inspiré Matrix Resurrections. Je suis rentrée chez moi et j’en ai parlé à mon mari. Je crois bien que je me suis mise à pleurer – la seule perspective de ce projet m’a rendue folle de joie. Mais je me demandais quand même si c’était vraiment concret.
Et puis, j’ai pris l’avion pour San Francisco et j’ai retrouvé Keanu que je n’avais pas vu depuis longtemps. On a fait une lecture du scénario. Je ne l’avais pas encore lu en entier et je n’aurais jamais imaginé que mon personnage – ou l’intrigue – avait évolué à ce point. On a terminé la lecture et je crois que j’étais un peu sous le choc parce qu’il m’a fallu du temps pour digérer tout cela. Et puis, bien sûr, tout cela résonnait sur un plan personnel. J’ai digéré tout cela pendant longtemps – et je n’ai toujours pas fini d’ailleurs. C’était génial de repartir dans cette aventure.
Que diriez-vous de votre collaboration avec la réalisatrice Lana Wachowski ?
Le tournage de la trilogie a été difficile, surtout pour que tout soit de la plus grande justesse possible. À l’époque, j’entendais la voix de Lana dans ma tête. C’est difficile à expliquer, mais mon personnage était comme le prolongement de Lana. J’avais envie d’être totalement au service de mes metteurs en scène – cela ne se passe pas toujours comme ça, et je ne sais pas pourquoi. Mais en tant qu’actrice de ces trois films, j’avais besoin de m’abandonner complètement et d’être au service d’une vision artistique. Je ne me suis jamais battue pour affirmer ma manière de voir les choses – ce n’est pas comme si j’avais un point de vue et que j’étais infantilisée. C’était une transmission, un échange entre nous, qui a permis de créer Trinity.
Ce qui est intéressant, c’est que la méthode de travail de Lana à l’heure actuelle correspond parfaitement à la mienne. Cela me fait penser à un cours d’art dramatique – dans le meilleur sens du terme – où le prof vous lance des idées. J’adore ce genre d’atmosphère. Il exige pas mal de souplesse et d’adaptabilité – et c’est ce que je préfère.
Quelles ont été vos retrouvailles avec Keanu Reeves ?
J’ai tourné avec beaucoup de grands acteurs, mais quand je travaille avec Keanu, j’ai comme le sentiment d’être chez moi, d’une certaine façon. Peu importe qu’on ne se soit pas parlé pendant longtemps ou qu’on n’ait pas joué de scène ensemble depuis des semaines. Il débarque sur le plateau et il fait surgir la situation qu’on est censés jouer. C’en est presque sidérant par moments parce que notre relation remonte à très loin. Nous sommes très bons amis, nous avons de l’affection l’un pour l’autre, et nos rapports sont sincères et fondés sur le respect, l’intégrité, l’empathie et l’attention. On a donc ce type de relation, et puis on insuffle à nos personnages la vision de Lana et l’amour que nous leur portons. Il est même arrivé qu’on se mette à pleurer parce que Neo et Trinity nous touchent énormément. On les adore.
Crédit photos : © Warner Bros.