Elle reprend son rôle de Letty dans Fast & Furious 6. Une femme qui lui ressemble : forte, indépendante, libre d’esprit et qui ne le doit à personne d’autre qu’à elle-même.

michelle_2

Vous en êtes à six épisodes de Fast & Furious. Qu’est-ce qui donne encore de la fraîcheur à cette franchise ?

Michelle Rodriguez : Ces histoires de jeunes qui sont de l’autre côté de la barrière. J’ai grandi comme ça, je respecte ça, j’adore ça. Je pense qu’il y a différents codes éthiques, différentes structures morales, différentes tribus… C’est un monde inépuisable pour les histoires. Où que vous alliez, à Mexico, Tokyo ou Moscou, vous trouverez toujours ces jeunes, ils existeront toujours. Il y aura toujours des gens en marge, qui ne respectent pas les lois, les règles ni les restrictions. Peut-être parce qu’ils ne le peuvent pas, parce qu’ils ont déjà un casier judiciaire et qu’il n’y a pas de possibilité de retour en arrière. C’est une chose qui me parle. J’ai toujours aimé ces histoires de rebelles, de non conformistes, de Robin des Bois. C’est aussi pour ça que Fast & Furious aura toujours une place dans mon cœur.

Vous battez-vous encore dans ce film?

Oui, je me suis entraînée pendant un mois et demi pour être prêt à me battre contre Gina Carano. Ca manque de bagarres entre filles aujourd’hui dans ce monde. Je trouve que les filles devraient plus se battre, on arrêterait de se faire des coups en douce et on s’entendrait alors mieux. En devenant plus physique, on se respecterait plus et les hommes ne prendraient pas le dessus comme ils le font.

michelle_3Comment survivez-vous sur un tel film avec autant de testostérone autour de vous ?

Mais je nage dedans. (Rires) Franchement, je fais ça depuis trop longtemps, ça ne m’impressionne plus.

Quand vous choisissez un projet, quelle importance doit avoir ce pouvoir donné à la femme ?

C’est la seule chose que je recherche. Je ne suis pas une actrice classique, je ne suis pas une vraie comédienne qui peut donner vie à n’importe quel personnage et qui ne juge pas les personnages qu’elle incarne. Si c’était le cas, je pourrais jouer la fille qui se fait violer et qui se venge de son agresseur ou celle qui a perdu l’amour de sa vie et qui va essayer de le reconquérir. Certaines femmes voient ça comme du pouvoir. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’une fille doit se faire violer avant qu’elle ait du pouvoir ? Je veux créer des icônes cool que les jeunes filles peuvent admirer, dont elles peuvent s’inspirer, qu’elles leur fassent sentir qu’elles ont du pouvoir. Je ne cherche pas à gagner un Oscar. (Rires)

michelle_4Et vous trouvez cela dans les films d’action ?

Oui mais pas seulement. Faire des films d’action, c’est faire des choses extraordinaires qu’on ne fait pas dans la vraie vie. Sinon vous finissez en prison (rires) ou il vous arrive un accident ou vous êtes étiqueté terroriste à vie pour avoir détruit un immeuble. J’aime ça, c’est existant. Je pense même avoir raté ma vocation car ce sont les cascadeurs qui s’éclatent le plus sur un film. Mais d’un autre côté, je veux aussi voir des filles qui sont des garçons manqués, qui sont indépendantes et libres, qui n’ont pas à se reposer sur quelqu’un pour cette liberté. J’adore ça et j’ai besoin de voir ça plus souvent, il n’y en a pas assez. C’est ce qui a mené ma carrière ces 13 dernières années et c’est là où je me sens à l’aise. Bien sûr, je me dis : « Michelle, il y a d’autres aspects de toi que tu devrais explorer. Pourquoi ne tournes-tu pas dans un film indépendant pour explorer tes capacités d’actrice ? » Et une part de moi le désire mais je n’ai pas encore trouvé l’histoire qui m’en donne assez envie pour le faire. C’est aussi parce que j’ai commencé ma carrière avec Girlfight et que je connais les difficultés rencontrées par Karyn Kusama pour faire ce film. Les producteurs lui ont demandé : « On ne peut pas faire gagner le mec à la fin ? ». Il lui a fallu quatre ans pour monter le film juste parce qu’une femme en était le personnage principal, parce que les producteurs voulaient une fille sexy pour le rôle principal même s’ils ne roulaient pas pour une fille qui a grandi à contre-courant à Brooklyn. Tout ça m’a donné envie de changer la façon dont on perçoit une femme indépendante et libre d’esprit. Mais je n’essaye pas de dire autre chose que : « Sois libre et assume-le. Sois indépendante et dois-le à toi-même et à personne d’autre. » C’est pour moi la vraie libération. J’aime juste les femmes indépendantes qui savent se défendre et qui ne le doivent à personne. J’adore ça et ce sont des rôles qui m’attireront toujours.

Article paru dans Studio Ciné Live – N°49 – Mai 2013