Gerard Butler a un joli regard et un léger accent écossais. Il a le sourire facile et le rire plus encore. Et, excusez du peu, il a un corps de rêve depuis son nouveau film, 300, où il interprète Léonidas, le roi des Spartiates qui mène son armée dans une mission suicide. Son dernier rôle de va-t-en guerre. En tout cas, il va tout faire pour.

Savez-vous que les producteurs de 300 disent que vous êtes un second Russell Crowe ?

Gerard Butler : En fait, c’est Russell qui était le premier Gerry Butler ! (Rires) C’est gentil de leur part. Vous attendez toujours quelque chose en retour quand vous faites un film qui peut marcher d’un point de vue critique ou commercial. Je ne fais pas trop attention à cela mais je pense vraiment que je suis né pour ce rôle, qu’il m’était destiné. C’est ce que je leur ai dit quand je les ai rencontrés : “Ce rôle est pour moi ! Donnez le moi ! Risquez le coup !” (Rires)

Comment les avez-vous convaincus?

C’est fou mais cela a été plus facile que je ne pensais. Je venais d’être littéralement soufflé par le script quand j’ai rencontré Zach [Snyder, le réalisateur, NDLR], cela n’a donc pas été difficile de me montrer passionné, excité et déterminé. Il y a des projets de film qui vous poursuivent et je crois que cette fois, c’est moi qui ai poursuivi le projet. (Rires)

Encore un rôle de guerrier. N’êtes-vous pas lassé ?

C’est vrai que j’ai souvent interprété des militaires ou des mercenaires –  et je veux aujourd’hui m’en éloigner – mais à chaque fois, j’ai pu explorer ces personnages et suivre une approche différente pour chacun, trouver des éléments sur lesquels m’appuyer et distiller quelques unes de leurs valeurs. Léonidas est l’ultime défi pour moi. Je devais trouver un moyen de transmettre son intensité, sa force, son pouvoir tout en conservant son humour, sa compassion, sa vision du monde.

Alors qu’il n’est qu’un personnage de comic book.

Exactement. Mais je me suis justement beaucoup inspiré du graphic novel. Par moment, Léonidas a des manières incroyables de se tenir ou de poser et j’ai essayé de les reproduire dans le film. Mais cela reste un comic book et il fallait que je trouve un équilibre entre lui et l’authenticité pour éviter des postures qui pourraient mener au ridicule. J’ai aussi essayé de capturer le pouvoir de ce roi, que vous ressentez vraiment quand vous lisez le graphic novel, sans pour autant le faire paraître trop rigide. J’ai voulu lui prêter un peu d’humanité pour que le public puisse s’identifier à lui plus que dans le livre. Si j’avais dû le jouer aussi dur que dans le comic book… Dans les premières pages, il tue presque son meilleur ami pour avoir battu un de ses soldats. Dans ces conditions, le public vous hait tout de suite. (Rires) Mais petit à petit vous aimez ce roi. Même dans le graphic novel. Vous respectez ce qu’il a vécu, les liens qu’il a tissés avec ses hommes, son combat pour sauver son peuple. Il a des principes honorables mais il est aussi féroce, un peu fou, vaurien et dangereux. J’ai essayé de trouver un équilibre quant à sa brutalité extrême et qu’il use quand c’est nécessaire. C’est un aspect de lui que j’adore. Il est un héros qui expose les limites de la définition du héros au point que parfois vous pensez que les Perses sont les gentils et les Spartiates les méchants. Nous tuons tellement de types dans cette histoire. J’ai vraiment de la peine pour ces Perses quand ils passent à l’attaque parce qu’en avançant, ils se disent : “Merde, il me reste trois secondes à vivre.” Et nous ne faisons pas que les tuer, nous prenons plaisir à le faire. (Il commence à s’agiter sur son siège) Nous sommes nés pour cela, nous avons été élevés pour cela et je voulais vraiment entrer dans cet aspect du combat et de la guerre tout en rappelant que ce n’est pas nous qui avons déclenché cette guerre, nous avons été attaqués mais nous allons tout faire pour que ce soit aussi sanglant et marrant que possible parce que nous vivons pour cela. (Rires)

Nous ? Le roi Léonidas vous habiterait-il encore ?

Je me sens encore proche de lui. Pendant des mois j’ai pensé comme un Spartiate, j’ai parlé, combattu et je me suis comporté comme un Spartiate. Et je me sens aussi proche de ces valeurs mythiques. Ces histoires, ces mythologies ont une telle puissance qu’elles survivent au temps. Elles portent des valeurs que l’on utilise encore aujourd’hui pour se défendre. Aujourd’hui encore, nous devons soulever des montagnes et relever des défis. Ce film représente, d’une façon très épique, ce que nous sommes prêts à sacrifier pour la vérité, pour nos croyances, notre foi, notre confiance envers ceux qui nous entourent. Il nous fait nous demander comment éviter les tentations de la vie pour suivre ces valeurs spirituelles. Et combien de gens nous sommes prêts à tuer pour cela. (Rires)

Vous avez suivi un entraînement intensif pendant quatre mois…

Résultat, au fond de moi, j’ai l’impression d’avoir 18 ans et à chaque fois que je retire mes fringues, je vois un dieu grec. (Rires) Mais physiquement, j’ai l’impression d’avoir 80 ans. Je ne sens plus mes épaules ni mes genoux. Parfois je m’entraînais six heures par jour suivies de deux heures de combat à l’épée. Et cela six à sept jours par semaine. Je sais que le fait de toujours m’investir à fond pour un rôle est un atout chez un acteur mais j’en fais aussi parfois un peu trop et je crois que là, j’ai un peu forcé. Mais ce n’est pas tant le résultat physique que je recherchais ni la qualité de mon maniement de l’épée, de la lance ou du bouclier mais aussi l’aspect psychologique. Les Spartiates ont dédié leur vie à ce genre de discipline, de philosophie, de culture. J’ai fait de même. Et puis je joue un roi et je voulais avoir le sentiment que je méritais de chausser ses sandales. (Rires)

En parlant de sandales, que pensez-vous de votre costume? Enfin, si vous pouvez appeler un costume un slip en cuir, des sandales et une cape rouge.

(Rires) Ce qui est drôle, c’est qu’après cinq minutes, vous n’y faites plus attention. Mais j’avoue que la première fois que je l’ai porté dans le studio, que je suis passé devant les techniciens qui travaillaient ou qui mangeaient leur sandwich et que j’ai vu leurs petits sourires, je me suis senti comme un Chippendale. Après quelques jours, c’est à peine s’ils jetaient un coup d’œil. Mais en fait, j’étais plutôt content de me balader comme cela dès que je le pouvais. Quand vous avez autant travaillé sur votre physique et que vous en êtes fier… Et je savais pertinemment qu’une fois le film fini, cela disparaîtrait. Autant en profiter tant que c’est là. (Rires)

Article paru dans Ciné Live – N°110 – Mars 2007

Crédit photos : © Legendary Pictures