Thor revient pour une deuxième aventure en solo. Tous les personnages (et quasiment tous les acteurs) du premier film sont de retour avec quelques ajouts car il y a de nouveaux méchants. Très méchants.

Thor-The-Dark-World_34

Shepperton Studios, à une heure de voiture de Londres. Le décor de Thor : Le Monde des ténèbres est des plus simples mais occupe une bonne partie du plateau. Un tronc d’arbre avec le bout de ses branches coupées peint en bleu. Des rais de lumière droits tombant sur le sol. L’actrice Natalie Portman est au centre. Elle est habillée à la mode asgarde, avec une toge bleue. Quand la caméra tourne, elle fait des gestes dans le vide comme si elle feuilletait quelque chose. Une fois les effets visuels et spéciaux ajoutés, on la verra dans la Salle des Sciences où les dieux font leurs recherches, devant un grand Arbre-monde dont les branches représentent tous les royaumes et elle fera évoluer des éléments holographiques dans les airs. Entre Chris Hemsworth, vêtu de son costume civil de Thor, sans armure. Les deux personnages parlent des Neufs Royaumes et des projets maléfiques de Malekith, le nouvel adversaire des Asgards dont le but est de plonger le monde dans les ténèbres.

Une histoire toujours shakespearienne

Thor-The-Dark-World_5Thor  : Le Monde des ténèbres se passe deux ans après les premières aventures de Thor et un an après celle des Avengers. Loki (toujours interprété par Tom Hiddleston) est désormais prisonnier dans une cellule sur Asgard et devra répondre de ses crimes. Thor, quant à lui, depuis ses péripéties terriennes, a grimpé quelques échelons militaires. « Thor  : Le Monde des ténèbres est à plus grande échelle, » remarque Alan Taylor qui, surtout reconnu pour la réalisation de nombreux épisodes de séries comme Les Soprano, Mad Men et Game of thrones, reprend le flambeau laissé par Kenneth Branagh. « C’est un film plus sombre mais aussi plus mature. Thor est un personnage dont l’arc narratif le fait mûrir à chaque film. On le voit ici se rapprocher du trône de son père, Odin, qu’il remplacera un jour. C’est toujours une histoire sur le passage à l’âge adulte et c’est un nouveau chapitre dans cette histoire shakespearienne entre deux frères, entre un père et ses fils et entre un homme et sa petite amie. »

En parlant de petite amie, à la fin de sa première aventure, Thor promettait à Jane Foster qu’il reviendrait sur Terre pour elle. « Il a tenu parole ou presque, plaisante Chris Hemsworth, car il est revenu pour se battre aux côtés des Avengers et non pour Jane. Il lui doit quelques explications et il va avoir quelques discussions bien adultes avec elle. Natalie et moi nous amusons d’ailleurs beaucoup avec ça. » A un moment donné de l’histoire, la Jane en question est invitée à vivre sur Asgard par son cher et tendre. « Elle est humaine mais aussi scientifique, rappelle Natalie Portman. Etre sur Asgard est excitant pour elle. C’est comme vivre une vision du futur et voir ce que l’avenir pourrait réserver aux humains. »

Un monde en guerre

Thor-The-Dark-World_39Un avenir peu reluisant pour l’instant car la guerre fait rage dans les Neuf Royaumes. Ils ont été envahis par les cruels Marauders qui ont notamment écrasé le très pacifique royaume de Vaneheim. « Ce sont de vrais méchants, sourit Craig Kyle, l’un des producteurs exécutifs du film. Ils possèdent des lasers, des mitrailleuses, des lance-roquettes… Ce n’est pas parce que les Asgards se battent avec des marteaux et des épées que ces armes d’une technologie avancée n’existent pas. » Ils ne sont cependant pas les seuls à s’attaquer au monde de Thor.

Malekith le Maudit et ses Elfes noirs de Svartalfheim que l’on croyait morts depuis 5 000 ans profitent de ce que l’armée asgarde est occupée par le chaos créé par les Maraudeurs pour revenir dans les Neuf Royaumes et s’en prendre à Asgard. Ces Elfes noirs ont des capacités surhumaines, ils sont forts, rapides, endurants et agiles. Seul le fer est leur Kryptonite. De son côté, Malekith peut transformer son apparence et celle des autres, projeter de l’énergie, se téléporter… « Nous avons voulu que notre méchant ne soit pas unidimensionnel, affirme Alan Taylor. C’est toujours difficile de donner vie à un bon vilain, il peut très vite tomber dans la folie ou le rire incontrôlable juste parce qu’il est démoniaque. Nous lui avons donné un passé et des raisons de faire ce qu’il fait. Nous avons aussi beaucoup parlé des méchants de notre monde réel et actuel. Nous voulions trouver de vraies émotions, de vrais thèmes et de vrais motifs. Et quelques jours avant le début du tournage, nous avons ajouté une difficulté pour Christopher Eccleston, l’interprète de Malekith, et pour Adewale Akinnuoye-Agbaje, qui joue Algrim le fort, premier lieutenant de Malekith et futur monstre Kurse. Nous leur avons inventé une langue étrangère. Mais tous deux ont travaillé dur et ont pris la chose avec sérieux et conviction alors qu’il est si facile de se sentir ridicule dans un costume en latex. »

Outre les Elfes noirs et les Maraudeurs, Craig Kyle promet un clin d’œil pour les fans inconditionnels de Thor : un affrontement spectaculaire avec Korg le Kronan, le tout premier adversaire que Thor a combattu dans sa première aventure parue dans Journey into mystery n°83.

Un tournage nordique et british

Thor-The-Dark-World_23« Nous voulions apporter plus de réalisme dans le film, reprend Craig Kyle, qu’il soit plus ancré dans la réalité. Nous voyageons donc dans les mondes autres qu’Asgard et la Terre et notamment Vaneheim et Svartalfheim. » La production est allée tourner en Islande (pour le royaume de Svartalfheim), en Norvège et surtout en Angleterre. Un village de Vaneheim a été construit à Bourne Woods. Le Greenwich de Londres a été le théâtre d’une bonne partie de la grande bataille entre Thor et les Elfes noirs située dans le troisième acte du film.

Les Studios Shepperton ont accueilli d’autres décors tels que l’appartement londonien de Jane Foster, situé dans le quartier de Borough Market et qui, vu de l’extérieur, a un côté très Mary Poppins et doit valoir au moins 1 million de livres sterling sur le marché ; la Salle des Sciences des dieux où l’Arbre-monde fera à l’écran 30 m de haut ; ou encore le vaisseau de Malekith, à la décoration intérieure très organique façon bois brûlé. A cause de sa démesure, la salle du trône d’Odin a été reconstituée dans le plus grand des huit studios de Shepperton. Tout y est gigantesque : les dalles, les marches, les portes, les vasques, les statues. Les colonnes font 10 m de haut sur le plateau mais feront jusqu’à 20 m à l’écran, après le passage des effets visuels. Cela promet d’être spectaculaire quand le vaisseau de Malekith s’écrasera contre elles…

« Dans Thor, nous restions dans le palais d’Asgard, continue le producteur exécutif, là, nous montrons les rues, les pubs, les zones d’entraînement ou de recherches et d’études mais aussi le quotidien des Asgardes, comment ils vivent, d’où ils viennent. 50% du film se passe dans les Neuf Royaumes et 50% sur Terre. Nous avons voulu gardé ce principe du poisson hors de l’eau avec Thor qui doit s’adapter à la Terre mais il fallait trouver un bon équilibre. »

Thor-The-Dark-World_26« Je ne suis pas spécialement axé sur la fantasy, reconnaît Alan Taylor, mais je me suis amusé avec Game of thrones et notamment sa qualité épique basée sur les relations intimistes entre les personnages. C’est quelque chose que je retrouve dans Thor : Le Monde des ténèbres. Je n’ai pas commencé ce projet en pensant que je faisais un film de superhéros. Je suis aussi un passionné d’histoire et, pour moi, l’histoire est aussi une façon d’aborder les problèmes humains. On peut toujours s’identifier aux personnages en dépit de la distance temporelle. J’ai voulu étendre le côté viking et mythologie nordique car j’adore la férocité de cette culture, sa fierté et sa façon de voir le monde qui implique Ragnarök [la fin du monde selon une prophétie nordique, NDLR], ce qui est un point de vue loin d’être chrétien. Dans la mythologie chrétienne, si nous faisons les choses bien et si nous croyons dans ce qui est bien, la fin du monde aura lieu mais ce sera génial. Avec Ragnarök, on est foutu mais on continue quand même. » L’espoir fait vivre.

Article paru dans Studio Ciné Live – Hors-série Marvel – 2013