J’ai la mémoire qui flanche… France 2 adapte un thriller de Jean-Christophe Grangé avec Jean-Hugues Anglade dans le rôle d’un psychiatre en quête de vérité. Mais toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à trouver.
Les tournages avec des armes à feu sont toujours palpitants car cela signifie généralement qu’il va y avoir de l’action et que les acteurs vont retomber en enfance et lancer des « Pan ! Pan ! » et des « Ra-ta-ta-ta-ta ! » à tout va pendant les répétitions. Ce qui ne manque jamais de faire sourire. Mais surtout, il règne tout de suite une tension supplémentaire et une atmosphère plus électrique. Elles s’ajoutent à l’énergie des techniciens qui installent le plan, au stress du réalisateur qui trouve que tout ne va pas assez vite et à la concentration des comédiens.
Et pour le coup, cela va bien avec le sujet de cette série sombre à souhait. Adaptée du roman éponyme de Jean-Christophe Grangé, Le Passager raconte l’enquête menée sur un tueur en série par un psychiatre, Mathias Freire, et une flic, Anaïs Chatelet. L’assassin s’inspire de la mythologie pour accomplir ses meurtres, de vrais tableaux macabres qui évoquent le Minotaure, Icare, Œdipe ou encore Prométhée. Quand un amnésique retrouvé sur la première scène de crime devient le patient de Mathias Freire, ce dernier commence alors un travail sur la mémoire. Celle de son nouveau malade, mais aussi la sienne. Et il n’est pas au bout de ses mauvaises surprises.
Pan ! T’es mort !
La scène du jour apparaîtra dans l’épisode 5 (sur 6 de 52 min). Mathias (Jean-Hugues Anglade) et Anaïs (Raphaëlle Agogué) retrouvent leur indic, une escort girl, dans un parking quand un 4×4 déboule. Un des occupants leur tire dessus avec un pistolet semi-automatique. Mathias crie « Planquez-vous ! » aux filles puis riposte en avançant vers la voiture. Il tue le chauffeur à bout portant. Le 4×4 emboutit une Smart. Le plan large de la fusillade et de la collision ont été tournés les jours précédents. Aujourd’hui, ce sont principalement les plans serrés sur les acteurs.
Toutes les vitres du parking sont opaques mais elles laissent entrer suffisamment de lumière pour filmer avec seulement deux petits projecteurs. Au deuxième jour de tournage sur ce décor, les techniciens connaissent le terrain. Ils finissent de positionner les deux caméras, l’une sur un travelling pour suivre l’action et l’autre fixe sur le côté pour un plan plus serré sur Jean-Hugues Anglade. Les gestes sont rapides et précis. Le réalisateur Jérôme Cornuau a revu avec l’acteur les positions et les regards qu’il voulait pour ce plan. Il l’observe maintenant calmement répéter sa scène.
Le comédien est à l’aise avec un pistolet en main. Ses quelques rôles de flic et de voyou passés font qu’il n’est plus impressionné par un simple 9mm. Il refait ses déplacements et ses gestes sur le décor. En silence. Ses lèvres remuent mais pas de « Pan ! Pan ! ». Ce qui gâche un peu le plaisir mais Jean-Hugues Anglade est toujours très sérieux sur un plateau avant de tourner. « Cette scène est importante car elle finit dans la violence, explique-t-il. Mon personnage abat un homme et cette violence l’étonne. Il ne savait pas qu’elle était en lui. Il est très chahuté dans la série mais il en est aussi le héros. Il a l’instinct du combat et il veut connaître la vérité. »
Une fliquette en blouson noir
Son identité de héros, il la partage avec sa partenaire d’enquête. « Anaïs Chatelet est un personnage ‘chanmé’, riche et fort, sourit Raphaëlle Agogué. C’est une écorchée vive, une fille à papa qui s’en défend. » Elle promène cette révolte en elle, possède un langage assez cru et s’habille comme une loubarde. Sauf pour la scène d’aujourd’hui. La comédienne porte une petite robe rose fuchsia moulante et des chaussures beiges à hauts talons. Pas facile de courir comme un garçon manqué ainsi vêtue mais la comédienne s’en amuse. « Pour une fois que mon costume est sexy, j’en profite ! ».
Une première prise est filmée. Les coups de feu résonnent dans le parking. Le bruit est assourdissant. L’odeur de poudre flotte immédiatement. Jérôme Cornuau demande quelques ajustements aux acteurs puis enchaîne les prises. La mécanique est bien huilée. Le rythme est vif, l’action fluide et bien menée. Le réalisateur travaille vite. Il doit libérer le décor d’ici ce soir et il lui reste encore tous les plans serrés sur chacune des deux actrices puis sur le trio de comédiens en train de discuter, sans compter quelques plans de coupe. Il regarde sa montre. Deux fois. La trotteuse lui a rarement paru avancer aussi vite.
Diffusion ce vendredi 6 novembre, sur France 2, à 20h55.
Crédit photos : © Anouchka de Williencourt / François Lefevbre – EuropaCorp Television – France2
Article paru dans Studio Ciné Live – N°63 – Octobre 2014