Sombre et torturé à l’écran, ce bosseur authentique n’est que joie de vivre à la ville. Il ne vit que pour ses trois enfants. Nicolas Duvauchelle est dans la série Un homme d’honneur diffusé sur TF1.

© Stéphane de Sakutin / AFP

Acteur instinctif, Nicolas Duvauchelle est un adepte des personnages sombres, entre écorchés vifs et têtes brûlées. Un comédien doté de cette réputation à ne pas jouer ses personnages mais à les vivre. Le comédien fait penser à Patrick Dewaere. Une comparaison qui lui fait plaisir tant il l’admire. Mais les idées noires qui ont scellé son destin tragique, Nicolas Duvauchelle les lui laisse. « Dans la vie, je ne suis pas comme dans mes films, affirme-t-il. Je ne tire pas la tronche en permanence et je me marre tout le temps. » Il ne supporte d’ailleurs plus l’image de bad boy que ses premiers rôles lui ont collé. Celle de beau gosse passe à peine mieux. Il est plus que ça. Et il a su le prouver.

Avec Kad Merad dans Un homme d’honneur

Nicolas Duvauchelle est devenu acteur par hasard. À 17 ans, il était parti pour être préparateur en pharmacie le jour et voyou la nuit. Sa découverte de la boxe thaïlandaise, « un sport qui recadre les jeunes, où on est seul face à soi », le remet, un peu, dans le droit chemin. En 1998, il est repéré par un directeur de casting venu chercher des figurants dans la salle où il s’entraîne comme un fou. Être acteur ne l’intéresse pas. Il prépare son premier combat important. Il accepte finalement d’aller à une audition, après avoir planté les deux premiers rendez-vous. Le jeune homme repartira avec le rôle principal du Petit Voleur d’Erick Zonca. Fini la boxe professionnelle.

Il a trouvé sa voie

L’univers des films lui sied à merveille. Il aime la discipline et le travail que demande le métier et qui le canalisent. Il aime l’absence de routine car il se lasse très vite de tout. Il aime l’argent qui lui octroie la liberté et le pouvoir de faire ce qu’il veut. En revanche, de nature anxieuse, il est sans cesse pétri de doutes quant à ses capacités d’acteur autodidacte. Il ne compte plus les nuits blanches, ni les paquets de cigarettes.

Avec son premier cachet de comédien, il se paie un tatouage. Le premier d’une longue liste qui nourrira son image de mauvais garçon. Il faut dire qu’il adore jouer les antihéros – mais pas les méchants purs -, les personnages en dehors du système et de la norme. Il a envie de faire des films qui donnent une autre vision du monde, de beaux films qui touchent les spectateurs. Raging Bull le fait pleurer à chaque fois, quand Robert De Niro frappe un mur de rage et de remords d’avoir truqué son match de boxe.

Un acteur complet

Il parvient à tourner dans des projets très différents. Les plus grands auteurs le veulent, de Claire Denis à Benoît Jacquot en passant par André Téchiné et Alain Resnais. Il multiplie les expériences, gagne en confiance et prouve qu’il peut tout jouer : des voyous (Le Petit Voleur, Tout nous sépare), des flics (la série Braquo, Polisse), des amoureux transis (La fille du puisatier, Une sirène à Paris), des hommes ordinaires torturés (Comme des frères, Je ne suis pas un salaud)… Malgré tout, il reste dans le registre des personnages sombres. Sa seule vraie comédie arrivera en 2017 avec Jour J, où il interprète un infidèle sur le point de se marier. Il rêve d’incarner un chevalier du Moyen Âge avec armure, épée et fier destrier…

Avec les années, il avoue s’être assagi et apaisé. La paternité y est aussi pour beaucoup. Il a trois enfants, deux filles de 16 et 9 ans et un fils de 3 ans. De trois femmes différentes : l’actrice Ludivine Sagnier, rencontrée sur le tournage d’Une aventure en 2004, la journaliste Laura Isaaz et la mannequin Anouchka Alsif. Ses couples n’ont pas tenu mais son amour pour sa progéniture est incommensurable. Il leur consacre tout son temps libre. Lui qui a toujours eu du mal avec l’autorité s’avère un père strict, très à cheval sur les valeurs comme la politesse, la bienveillance et le respect des autres. Il déteste le principe d’enfant roi. Comme il déteste le star-system qu’il fuit dès qu’il le peut afin de « rester dans la vraie vie ». Il continue de fréquenter ses amis d’avant la célébrité et se déplace toujours en métro dans Paris. Des regrets ? « Les erreurs nous forgent et font partie de ce que nous devenons. » Paroles d’un chic type.

Crédit photos : © Jean-Claude Lother / Fédération / TF1

Article paru dans Télé Star – N°2321 – 22 mars 2021