Alba Gaïa Bellugi revient dans Manon 20 ans et Le bureau des légendes. Elle retrouve des personnages qu’elle aime et derrière qui elle tente de se cacher.

Alba Gaïa Bellugi, 22 ans, est une réelle bouffée de fraîcheur et de naturel là où les acteurs sont souvent formatés ou sur pilotage automatique en interview. Nerveuse à l’idée de ne pas savoir quoi répondre, elle joue avec une mèche de cheveux qui ne fait que retomber sur sa joue, tire sur les manches de son pull et gigote sur son siège. Son assurance fait cependant jour quand elle parle de ses personnages – et notamment de Manon de Manon 20 ans, la suite de 3 x Manon – qu’elle aime quand ils sont « en quête de quelque chose, que ce soit d’eux-mêmes, de sens ou de vérité. Mais ils sont tous très éloignés de moi. J’aime jouer des personnages que je ne serai jamais. » Mais dès qu’il s’agit d’évoquer qui elle est derrière ses personnages, Alba Gaïa bredouille, cherche ses mots ou s’inquiète d’une approximation. Et sa voix devient un murmure. « Je suis quelqu’un d’assez pudique donc du coup, c’est le personnage qui m’empreinte mon corps et mes émotions… Je me dévoile malgré tout… Malgré moi… Mais cela reste un personnage, ce n’est pas moi. Jamais je ne me suis perdue dans un personnage. A la fin de la journée, je rentre chez moi et c’est fini… Mais ils font partie de ma vie au moment où je tourne, au moment où ils existent… Alors je donne forcément un peu de moi. Je crois. » Et elle ajoute comme une excuse avant d’éclater de rire : « J’ai l’impression qu’il y a une bonne réponse et une mauvaise. » Elle qui a la réputation d’être d’une grande timidité a le rire facile et ne se départira jamais d’un franc sourire pendant toute l’interview.

Alba Gaïa Bellugi a débuté à 8 ans, avec son père, comédien dans la troupe du Théâtre du soleil d’Ariane Mouchkine. A 10 ans, elle tenait le rôle-titre de Je m’appelle Elisabeth de Jean-Pierre Améris. Elle a tourné pour François Ozon, Claude Miller, Alain Resnais et le duo Eric Toledano et Olivier Nakache. Elle suit actuellement des cours au Royal Welsh College of Music and Drama, « car j’avais vraiment envie de faire une école pour apprendre et obtenir une légitimité, même si je pense que vous n’avez pas besoin d’école pour être acteur. Mais j’ai envie de faire ça bien. » « Ça », c’est ce qui lui a déjà valu trois prix d’interprétation pour son personnage de Manon. La plus grande peur d’Alba Gaïa reste quand même de ne plus décrocher de rôles au point qu’il y a encore récemment, elle cherchait un plan B dans les arts plastiques, « parce que vous n’êtes jamais sûr de rien dans ce métier, il n’y a aucune garantie, c’est terrible ». Par chance, elle ne l’a pas trouvé.

Article paru dans Studio Ciné Live – N°90 – Mai-juin 2017

Crédit photos : @Arte

 

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