Elle est Galina « Red » Reznikov, la matriarche de la prison confrontée à des « enfants » plus que turbulents.

La réalisatrice Uta Briesewitz et Kate Mulgrew

La réalisatrice Uta Briesewitz et Kate Mulgrew

Que pouvez-vous nous dire de cette saison 3 ?

Kate Mulgrew : Ce sera la surprise totale pour vous. Jenji [Kohan, la showrunneuse] a apporté de la légèreté à cette saison. La saison 2 était assez sombre mais cette série reste une comédie. Vous aurez des surprises dans chaque scène : de nouveaux personnages et des anciens, des départs et des arrivées, des bébés qui naissent et d’autres qui meurent… Ces choses arrivent tous les jours. Mais Jenji continue à créer des tourbillons. Elle cherche le fantaisiste, une sorte d’absurde. Vous serez désarmée. Troublée. Je le suis. Ces femmes sont réelles. A en faire peur par moments. Mais c’est la beauté de la série. Elle vous tient en haleine de tant de manières. Cette série est une boîte de Petri et Jenji est un génie. Elle a mis toutes ces femmes différentes dans la boîte et nous montre comment survivre. Et plus important encore, comment survivre en conservant son intégrité. Red excelle à cet exercice. La cuisine est ce qu’elle représente, son âme, son cœur. Sans elle, elle n’est rien. Elle veut se rendre utile dans cette situation qu’elle trouve insupportable.

Vous connaissez déjà le passé de Red ?

Non. Jenji ne l’a pas encore écrit mais je l’imagine. J’ai le sentiment que Red est tombée pour sa famille. Elle s’est sacrifiée. C’est peut-être l’incarcération la plus difficile qui soit, celle par amour, parce qu’en prison, elle en est privée. Elle prend donc soin des autres. C’est pour ça qu’elle a besoin de sa cuisine pour survivre. Tant qu’elle garde ce sentiment vivant, elle bat le système qui veut l’étouffer. J’ai toujours joué des femmes gentilles, fortes. Des capitaines, des avocates, des médecins. Toujours jolies et attirantes. Jamais je n’avais encore joué quelqu’un d’aussi abîmée et qui essaye de survivre au quotidien. Quand je me suis vue la première fois à l’écran dans le rôle de Red, j’ai été horrifiée. Et ravie. La vieille Kate avait disparu. Red m’a libérée.

Voyez-vous des points communs entre Red et vous ?

Oui. Même si je ne veux pas l’admettre. La fierté, l’intégrité, le travail avant le plaisir, ce besoin profond, languissant et impératif d’être utile, d’être au meilleur niveau, de prendre soin des autres. Elle est aussi un loup solitaire, comme moi.

Avez-vous rencontré la vraie Red ?

Non. Elle a été libérée de prison mais je crois qu’elle ne s’en sort pas très bien dehors. Elle a pris ses distances avec la série. Elle a aidé la vraie Piper [Kerman, la série est adaptée de son histoire] à survivre pendant son incarcération. Elles étaient très proches mais aujourd’hui, elle veut qu’on la laisse tranquille.

Cette couleur de cheveux n’est pas votre couleur naturelle.

Non et je suis la seule de la série à ne pas porter de perruque. Jenji voulait du rouge aubergine. J’avais de longs cheveux châtains avant. Jenji m’a demandé de les couper et de les teindre. J’ai dû passer trois fois chez le coiffeur. Ce n’était jamais assez court pour elle (rires).

La série est pourtant peu avantageuse pour le look des actrices.

Et c’est un bonheur ! Vous savez ce que c’est de travailler avec des femmes qui n’ont que leur look en tête ? C’est affreux. C’est l’enfer. Bataille d’égos, vantardises… Ici, tout le monde a le même uniforme et personne ne s’en plaint. C’est libérateur. A nous ensuite d’apporter un éclat dans cette désolation. Dans mon cas, il s’agit de ma couleur de cheveux, de mon rouge à lèvres, de mon vernis à ongles. C’est une façon de dire : « Je survis ! Je vis ! »

Table ronde réalisée sur le tournage de la série, à New York, le 20 octobre 2014

Crédit photo : JoJo Whilden pour Netflix

Saison 3 actuellement sur Netflix