On prend les mêmes, ou presque, et on recommence. Ou plutôt, on continue avec ce troisième épisode des aventures fantastiques des gentils X-Men, des méchants mutants et des frêles humains. Pour X-Men 3 : l’affrontement final, Brett Ratner prend le relais de Bryan Singer parti taquiner Superman et joue les Monsieur Plus : plus de mutants, plus d’action, plus d’émotion, plus de sensualité…

Tsawassen, une petite ville, autrefois bien tranquille, dans la proche banlieue sud de Vancouver, au Canada. Quelques curieux sont éparpillés autour des camions de régie, des réflecteurs géants, des grues ou jouent les sangsues auprès des techniciens et des cascadeurs. Pour un peu plus d’une semaine, l’équipe de X-Men 3 a investi cinq maisons bien proprettes et à la pelouse bien taillée d’un quartier résidentiel et relogé les occupants pour l’occasion. Le matériel est stocké dans les garages ou étalés dans les allées, les loges des comédiens sont installées dans les salons, les chambres ou les salles de bains. Deux autres maisons servent de décors intérieurs et extérieurs. C’est là que vivent les parents de Jean Grey. Mais aujourd’hui la maison de leurs voisins va s’en prendre plein la façade car c’est jour de castagne pour Juggernaut et Wolverine.

Hugh Jackman (Wolverine)

« Action ! » Le gros costaud aux muscles saillants habillé comme un gladiateur avec un gros collier en acier soulève tout à coup Wolverine et le balance à travers une baie vitrée. « Coupez ! » Wolverine se relève des matelas qui ont amorti sa chute, sort de la maison et époussette les bouts de faux verre de son blouson de cuir. Il va ensuite serrer la main de Hugh Jackman venu le féliciter. « Ma doublure c’est mon beau-frère, le mari de ma sœur, sourit l’acteur. On a une sorte d’arrangement lui et moi pour que ça reste dans la famille. C’est bizarre, je le reconnais. Ma sœur n’est pas très contente… Surtout quand elle apprend qu’il est passé par une fenêtre. »

Les machinistes s’affairent autour de la propriété pour tout nettoyer et remplacer la vitre pour une seconde prise. « Wolverine semblait un peu trop mort dans les mains de Juggernaut, explique Simon Crane, le réalisateur de la seconde équipe. Je le voudrais un peu plus vivant. » Pendant que son beau-frère repart au casse-pipe, Hugh Jackman finit de se faire maquiller, c’est-à-dire de se faire salir avec de la terre et de la poussière sur son visage, dans ses cheveux, sur ses mains, sur son blouson. Une fois la cascade en boîte, il entrera en scène pour la suite.

Tornade ne fait pas que tourner les têtes

La seconde équipe de X-Men 3 entame le quarante-cinquième jour de tournage sur quatre-vingts douze. Elle finit la séquence où Wolverine et Tornade affrontent Juggernaut et Callisto. « Si vous additionnez l’action des deux premiers X-Men et que vous multipliez la somme par deux, vous obtenez l’action que vous verrez dans X-Men 3 », plaisante Simon Crane.

Halle Berry (Tornade)

La veille, Halle Berry alias Tornade, était sur la sellette. Ou plutôt dans les airs, accrochée à des câbles. « On a créé un système de câbles assisté par ordinateur, raconte le réalisateur de deuxième équipe. Il nous a fallu deux mois pour le mettre au point et une demi-journée pour l’installer dans la rue. Tout est très précis et permet de réaliser une scène absolument identique d’une prise à l’autre. Le résultat est étonnant : on fait littéralement voler Halle. Elle tournoie et fend l’air en survolant la rue, assomme quelques personnes au passage et projette quelqu’un à travers une porte. Je ne sais pas combien de tours elle fait à la seconde mais c’est vraiment très rapide pour elle. Et comme elle a le mal des transports, on a prévu un seau pas loin d’elle, au cas où. Un gros seau rouge. »

« C’est vrai que plus d’une fois j’ai été à deux doigts d’avoir besoin de ce seau, avoue Halle Berry, mais voler est tout ce que je demandais depuis des années. Il était clair que pour reprendre ce rôle, je devais voler. Et je voulais aussi avoir quelque chose à faire dans ce film. J’adore la franchise mais il n’y a rien de pire que de passer six mois de sa vie sur un plateau à ne rien faire. Je voulais donc que Tornade soit vraiment impliquée dans l’histoire, autant que dans la bande dessinée, et pas seulement être là pour faire joli et piloter le jet. C’est toujours un film chorale, je ne veux pas que ce soit l’histoire de Tornade seule, mais cette fois elle a vraiment sa place dans l’histoire et moi un vrai personnage à qui donner vie. C’est aussi une chance que Brett Ratner ait pris le relais car il aime les femmes. Il voulait que les femmes soient fortes dans ce film et jouent un rôle très actif dans l’intrigue. »

La grande émotion dans la petite histoire

Ben Foster (Angel) à gauche et Brett Ratner (t-shirt noir) à droite

Brett Ratner a en effet remplacé Bryan Singer, le réalisateur des deux premiers opus parti ressusciter Superman. Pendant que Simon Crane tourne les cascades au sud de Vancouver, Brett Ratner se trouve à l’est pour diriger la première équipe sur un des six plateaux des immenses studios qui répondent au doux nom idoine de Mammoth (Mammouth en français). « Aujourd’hui, je tourne une des scènes les plus difficiles que j’ai jamais tournées de toute ma vie mais, secret oblige, je ne peux pas en parler en détail, sourit le réalisateur. C’est une scène avec Angel, interprété par Ben Foster. Elle est difficile parce qu’elle est très émotionnelle. Pour moi, les scènes d’action sont marrantes à tourner. Les effets visuels le sont moins mais le résultat est toujours sympa à regarder. Les scènes d’émotion, en revanche, sont ce qu’il y a de plus dur à réaliser. Et dans ce film, j’ai choisi d’apporter beaucoup d’émotion et de cœur au scénario qu’on m’a donné. Cette émotion vient surtout de la petite histoire dans la grande. Tout le monde a son personnage préféré. Pour certains c’est Malicia, pour d’autres c’est Tornade. Les spectateurs se sentent toujours plus touchés par tel ou tel personnage et ce qu’il vit, et là, j’essaye de donner une nouvelle dimension à ce sentiment. C’est ces petites histoires dans la grande que je cherche à mettre en valeur dans cet épisode. »

Article paru dans Ciné Live – N°99 – Mars 2006

Crédit photos : © 20th Century Fox