Réalisateur et musicien américain d’origine mexicaine, Robert Rodriguez a la réputation de faire des longs métrages aussi fantasques que drôles avec de tout petits budgets. Il s’est fait connaître avec El Mariachi (1993) et navigue surtout sur des films de genre, s’étant essayé au vampire (Une nuit en enfer, 1996), au comic (Sin City, 2005) ou encore au thriller d’épouvante (Grindhouse, 2007). Mais il a aussi prouvé qu’il savait s’adresser aux enfants avec sa saga Spy Kids. Il a l’habitude de porter plusieurs casquettes sur ses films en dehors de celle du metteur en scène, accumulant ainsi les fonctions de directeur de la photographie, de monteur, de compositeur, de superviseur des effets spéciaux… Sur Alita : Battle Angel, l’adaptation du célèbre manga Gunnm, il n’est « que » réalisateur. Alita : Battle Angel sort en salles ce 13 février.

Robert Rodriguez

Combien de têtes avez-vous dû collecter pour être engagé sur Alita : Battle Angel ? [Dans le manga, les hunters-warriors ou chasseurs de primes touchent leur récompense après avoir apporté la tête coupée de leur cible.]

(Il éclate de rire) Combien de têtes ? C’est drôle. Jim [James Cameron] est si cool quand il me répondait par email. Je lui écrivais de longs emails et il me répondait parfois avec juste une phrase, comme dans un film, comme un personnage de film répondrait. Et Jim, en tant que personnage de film, est vraiment cool. J’ai lu quelques-uns de ses emails à mes enfants et ça les a fait rire. Donc, oui, j’ai demandé à Jim : « Combien de tête je dois collecter pour travailler sur Alita ? ». Je lui ai dit combien j’adorais le scénario et il a juste répondu : « Tu as collecté assez de têtes. Appelle-moi demain. » J’avais l’impression d’entendre Clint Eastwood. Trop cool. J’ai toute une compilation de ses emails, un vrai livre. Je les garde pour mes enfants car nos échanges sont vraiment drôles.

Quand vous avez reçu son scénario, à quel point était-ce intéressant d’entrer dans la tête de James Cameron ?

Il est génial. Il m’a tant appris. J’ai déjà connu ça. J’ai travaillé avec un peintre, un maître. Il suffisait d’être dans la même pièce que lui, alors qu’il peignait une œuvre d’art devant moi, pour apprendre. Je lui posais des questions pour comprendre comment il faisait et je me demandais pourquoi, moi, je n’y arrivais pas. (Rires) J’ai ensuite pensé que c’était parce que je me bloquais moi-même et qu’il suffisait que je me lâche. C’était génial. Donc, je savais que si je passais juste du temps avec Jim, j’apprendrais de lui. Et son scénario… Il était vraiment long. Jim m’a dit : « Je t’envoie juste quelques-unes de mes notes, pour ne pas te submerger. Je vais t’envoyer 600 pages. J’en ai plus d’un millier. » Je pensais qu’il plaisantait, mais non. J’ai vu ces autres notes plus tard et il en avait vraiment environ un millier. Mais ses notes ne ressemblent pas aux miennes. Les siennes sont vraiment organisées et je n’avais pas l’impression d’avoir 600 pages. Il les avait divisées en sections avec un index et tout y était. Vous voulez savoir un truc sur le personnage joué par Christopher Waltz ? Il y a toute une partie écrite sur lui avec une description, différentes idées le concernant. Vous voulez savoir à quoi pourrait ressembler une trilogie Alita ? Il y a quelque chose sur la trilogie. Sur la ville, Iron City ? Il y a une partie dessus, sur son histoire. C’était si utile. Si je me retrouvais bloqué à un moment dans le scénario, je pouvais me référer à ses notes et trouver une réponse. Que signifie être un cyborg ? Jim l’explique car dans Alita les cyborgs sont encore différents de ceux de Terminator. Dans Terminator, seule la peau humaine en fait un cyborg. Dans Alita, il faut avoir un cerveau humain. La distinction est très importante. Tout était dans ses notes. J’y ai trouvé plein d’idées pour nourrir le script ou pour combler les trous que j’avais créés en réduisant son scénario, pour remplacer des éléments que j’avais retirés. Tout ce que j’ai mis dans le script vient de lui, les dialogues, les descriptions… Quand Jim a lu mon scénario, il a dit : « On dirait mon scénario mais en plus court. Comment as-tu fait ça ? » J’ai juste rempli les blancs avec un peu plus de Jim Cameron. (Sourire)

James Cameron et Robert Rodriguez

Quelle est la plus grande leçon que vous avez apprise à son contact ?

Tout est vraiment différent de mes films habituels. J’ai grandi en réalisant des films à la fois fantaisistes et fantastiques, dans un monde où il n’y a que des petits budgets. Et je suis un dessinateur de bande dessinée, pour moi, le fantastique reste fantastique, les films restent de l’imagerie, du rêve. Vous vous souvenez d’eux comme s’ils étaient des rêves. Mes films contiennent presque une logique de rêve. Une fois que vous êtes dedans, vous vous laissez porter. Donc vous avez un guitariste qui tire un missile avec sa guitare. Vous avez des spectateurs, la plupart, qui vont dire : « Ah, d’accord. Pourquoi pas. » Et vous en avez d’autres, maniaques avec les détails, qui vont dire : « Non ! C’est impossible ! » Comme Jim. Il vous dira : « Attends un peu. Comment ça marche ? Et comment il recharge sa guitare ? Montre-moi la technique qui fait que ça fonctionne. » Si c’est juste une invention, il n’y croit pas. Pour lui, la science-fiction se base sur des faits scientifiques. Si vous racontez une histoire fantastique, elle doit être complètement ancrée dans la réalité. Sinon, vous ne croyez pas aux extra-terrestres. Dans Aliens, vous croyez aux aliens parce que Sigourney Weaver est bien réelle, parce que le monde est bien réel, parce que d’un point de vue technique, tout a été créé pour fonctionner et tout fait vrai. C’est pour ça que son Terminator, même réalisé avec un petit budget, est si spectaculaire. Parce que quand vous retirez la peau d’Arnold, l’endosquelette qu’il y a en-dessous donne l’impression de pouvoir vraiment fonctionner. Vous y croyez alors que ce n’est qu’une marionnette. Jim m’a appris ça. Quand il m’a expliqué sa vision des choses, j’ai compris que c’est ce qui faisait toute la différence. Donc je ne pouvais pas réaliser Alita comme je l’aurais fait habituellement ou alors, Jim aurait détesté le film. Il aurait demandé : « Comment ton cyborg fait-il pour seulement marcher ? Tu ne peux pas avoir ce gros bras là, où est le contre-balancier ? » Le quoi ? (Rires) Dans un de mes films habituels, je n’en ai rien à faire. Mon personnage peut avoir un troisième bras et alors ? Mais avec Jim, jamais. Cela m’a aidé dans ma décision. J’allais tourner Alita d’une façon bien réelle, avec des décors réels, sans écran vert, avec des acteurs réels. Tout serait très concret et réel. De cette façon, quand Alita est en image de synthèse, elle est parfaitement intégrée au monde qui l’entoure. Elle est devenue la référence pour tout et tout paraît réel, ancré dans la réalité. C’était une approche différente et inédite pour moi. C’est peut-être ce que j’ai le plus appris avec Jim : la valeur qu’apporte le fait de tout ancrer dans la réalité plutôt que tout soit fantaisiste. Sinon, vous ne croyez pas à l’histoire dramatique qui se déroule sous vos yeux. En ancrant tout dans la réalité, vous rendez tous les personnages et les émotions bien réels. Et vous pouvez alors plus croire à l’invraisemblable. C’est là où Jim est un génie. Je n’aurais jamais compris ça sans lui. J’ai beaucoup appris avec lui.

Alita, personnage en capture de mouvement et images de synthèse interprété par Rosa Salazar

Quand vous avez accepté le projet, avez-vous été intimidé par son ampleur et surtout par le fait que vous passiez après James Cameron ?

Oh oui mais en même temps, je me sentais prêt pour relever le défi. Je me sentais en fait à l’aise parce que c’était Jim, son producteur [Jon Landau] et que ses techniciens allaient compléter ma propre équipe. Et on avait le soutien du studio [Twentieth Century Fox]. Je me suis dit que si je devais faire un film d’une telle ampleur, c’était la seule façon de le faire. J’ai le plus grand soutien qui puisse exister. Et j’ai pensé que j’allais bien m’amuser. Alita est aussi un personnage très nouveau. Je n’avais pas la pression de faire un film basé sur un sujet très connu. C’était un peu comme avec Sin City. Tout ce que je cherche à faire, c’est le meilleur film qui soit. Et encore une fois, j’avais vraiment confiance dans le scénario. C’était comme faire le film perdu de Jim Cameron (rires) et je savais que tout le monde voudrait voir un autre film de Jim. Evidemment, je savais que ce ne serait pas facile mais j’ai appris depuis longtemps qu’il n’y a rien de répréhensible à dire : « Mais comment va-t-on faire ça ? » Et d’ailleurs, ce sont les projets les plus exaltants où vous vous posez cette question. Si vous savez déjà tout faire alors vous ne devriez peut-être pas réaliser ce film. Vous devriez vous inquiéter et vous dire à chaque fois : « Mais comment va-t-on s’en sortir ? » C’est comme ça que vous savez que vous êtes sur la bonne voie, c’est votre instinct qui vous le dit. Ce n’est pas un mauvais pressentiment, c’est au contraire ce qui vous apporte toute l’exaltation. « Je vais faire quelque chose de nouveau ! Je sais que je vais apprendre quelque chose en faisant ça. » Et j’ai dit à Jim: « Je ne vais pas juste faire mon film mais je vais le faire comme si c’était ton film parce que c’est aussi ce film-là que je veux voir. » Faire un film dans le style d’un autre est un vrai défi. Mais j’ai adoré, c’était une bonne expérience.

De la même façon que vous avez appelé votre film Frank Miller’s Sin City, vous allez appeler celui-là James Cameron’s Alita ?

C’est ce que je voulais ! (Rires) Mais il n’a pas vraiment crée Alita. C’est un manga. On devrait plutôt l’appeler Kishiro’s Alita. Mais c’est en effet ce que j’ai fait avec Frank Miller et Sin City parce que Frank a écrit et dessiné Sin City de A à Z. Mais je suis content qu’on garde le nom de James Cameron. C’est la première chose que vous verrez au générique. Ce que je ne veux surtout pas, c’est qu’il voit le film et qu’il dise : « Je savais que j’aurais dû le réaliser moi-même ! » (Rires) Même si je sais que le film ne ressemblera jamais exactement à ce qu’il aurait fait, je veux l’entendre dire : « Waow, j’ai l’impression d’avoir réalisé ce film. Quand est-ce que j’ai tourné ça ? Je ne me souviens pas avoir été sur ce décor… » D’une certaine manière, je veux le duper de façon à ce qu’il ait l’impression de l’avoir réalisé.

Hugo en live (Keean Johnson) et Alita en capture de mouvement et images de synthèse (Rosa Salazar)

Etes-vous toujours d’accord avec lui ou vous disputez-vous de temps en temps ?

Jamais.

Vous êtes un couple parfait ?

Le couple parfait. Nous venons du même milieu. Nous savons comment créer quelque chose tout seul et en partant de zéro. Et nous ne sommes pas obligés de travailler ensemble. Nous avons choisi de travailler ensemble parce que nous pensions vraiment nous amuser. Et nous l’avons d’ailleurs décidé : « On va s’amuser ! » Et s’il n’était pas d’accord sur quelque chose… Cela n’est jamais arrivé mais hypothétiquement, j’aurais suivi son idée parce qu’il a de bons antécédents dans son domaine. (Rires) C’est le genre de personne que vous suivez. Je me souviens quand nous avons fait les yeux d’Alita pour la première bande annonce. Ce ne sont pas les mêmes effets visuels dans le film, nous avons fait ceux-là que pour la bande annonce. Les gens ont tout de suite dit : « Les yeux sont trop grands ! » Je me suis dit que c’était intéressant et je m’attendais à une réaction de Jim ou de Jon. Je me demandais s’ils allaient dire qu’il fallait réduire les yeux. Maintenant, ils ont déjà vécu ça avec Avatar. Quelques mois avant la sortie du film, les gens ont vu les personnages bleus et ils ont dit : « Quoi ? Vraiment ? ». Mais ils n’ont rien changé. Et Avatar est devenu le plus grand film de tous les temps. Mais j’étais curieux de leur réaction. Jim m’a alors appelé et m’a dit : «  Je regardais les yeux. Ce n’est pas encore ça. On doit encore travailler le visage, en particulier les yeux. Mais on ne va pas les changer, on ne va pas les diminuer, au contraire, on va les faire plus grands. » Plus grands ? Vraiment ? « Oui, c’était pareil sur Avatar. La forme de l’œil est là mais l’œil aura toujours l’air plus gros si l’iris n’est pas plus grand. Si l’iris est plus grand, tu vois moins le blanc autour et tu ne sauras même pas quand Alita regarde en l’air. Pour que ce soit juste, agrandis l’iris. Je dirais de 30% mais ça devrait être bon avec juste 15 ou 20% de plus. ». Vraiment ? J’ai suivi son idée. On a essayé. Et si vous comparez les deux images côté à côté, les gens pensent que les yeux sont plus petits maintenant. En fait, les yeux ont la même taille, les iris sont plus grands et les yeux semblent plus petits. Dans les précédents, les iris ressemblent juste à des points et donnent l’impression que les yeux sont gros. Maintenant, les yeux semblent plus doux et plus humains. Même s’ils ne ressemblent en rien à des yeux humains. C’est le génie de Jim. Donc, je suis son avis. (Rires) Et à chaque fois, quand vous voyez enfin ce qu’il a vu, au final, vous découvrez qu’il avait raison. J’ai travaillé avec Spielberg. On a développé un projet une fois, ensemble. Il est comme Jim. Il voit plus loin que les autres. Et même ceux qui travaillaient avec lui depuis longtemps disaient qu’il avait tort. Moi, je leur disais de suivre son idée quand même, pour voir ce qui allait arriver, parce qu’il a de bons antécédents en la matière. Et des années plus tard, vous regardez en arrière et c’est lui qui avait raison. J’ai donc appris cette leçon il y a longtemps. Ces gars-là sont de vrais visionnaires. Et quand vous êtes aussi créatif que ce genre de personnes, vous reconnaissez quand quelqu’un possède cette qualité particulière. J’ai des qualités particulières mais je n’ai pas celle-là. Cependant, je la reconnais. C’est fascinant. Ce n’est pas une aptitude que vous acquérez. Vous l’avez ou pas. Et Jim l’a.

Sur Alita, vous n’êtes que réalisateur et non réalisateur/directeur de la photographie/monteur/compositeur…

Oui ! J’ai enfin trouvé un projet où je n’ai qu’une casquette.

N’est-ce pas frustrant pour vous ?

Non. Ce serait frustrant si je réalisais un de mes films habituels. C’est important de le préciser. Parce que je tourne si vite. Avec de si petits budgets, je dois maximiser l’argent. J’ai fait El Mariachi pour 7 000 dollars. Sans directeur de la photographie, je peux aller beaucoup plus vite. Je n’ai pas à lui dire quoi faire, je le fais. Sur Alita, c’est différent. Je n’aurais pas pu opérer la caméra de toute façon car c’était une caméra 3D. Elle était énorme. Et sur une grue en plus. Et elle demandait trois opérateurs. J’aurais été lequel ? Et je n’aurais pas pu mettre en scène ni voir le résultat. Je devais suivre les prises sur le moniteur pour voir ma mise en scène et le jeu des acteurs, être sûr d’obtenir ce dont j’avais besoin. Et la lumière ! Mon directeur de la photographie est Bill Pope ! J’adorerais éclairer les scènes comme il le fait ! Je préfère apprendre de lui que de faire son boulot sur ce film. Ce film est un puits d’expériences enrichissantes. Apprendre de Jim, de Bill, du compositeur. D’habitude, je n’ai pas les moyens de les avoir sur mes films. Sur Alita, j’apprends avec un monteur qui a gagné un Oscar ! [Stephen Rivkin n’a en fait été « que » nominé à l’Oscar, pour Avatar] J’ai monté moi-même tous mes films. Je suis un très bon monteur. Je veux dire que j’ai monté de tout. Mais là, j’apprends d’un monteur avec qui je n’aurais jamais eu la possibilité de travailler si je n’avais pas fait Alita. C’est un vrai cadeau. Je ne suis donc pas frustré sur ce film. Mais ce que j’ai trouvé de vraiment utile sur Alita, c’est de connaître tous ces métiers car cale me permet aussi d’aller plus vite. Quand je parle à ces chefs de poste, ce n’est pas pour leur dire que je ne comprends pas pourquoi telle scène ou telle autre ne fonctionne pas mais pour leur dire comment telle scène peut fonctionner. Ou avec le monteur, je lui disais de m’envoyer les rushs et je montais la scène – j’ai un banc de montage chez moi – puis je lui renvoyais pour lui montrer ce que je voulais. Au lieu de lui dire ce que je voulais, je le faisais. C’est une conversation d’un autre niveau. Pour eux, notre collaboration était différente de celles qu’ils ont habituellement d’avoir avec un autre réalisateur. Et ils ont vraiment aimé cette situation. Et moi, ça m’a aidé.

Avez-vous eu le sentiment d’avoir la même liberté créative que sur vos autres films ? Parce qu’on dit souvent que plus il y a d’argent et moins il y a de liberté pour le réalisateur.

Je suis l’homme le plus chanceux du monde. J’ai juste de la chance. Regardez ma carrière. J’ai fait un film sans argent en espagnol et c’est devenu mon premier film chez Columbia Pictures. J’ai tendance à être chanceux. Mais si je suis resté loin des gros grosses productions jusqu’à maintenant, c’est parce que je m’amusais trop avec mes trucs à petit budget. Je pouvais faire tous les films que je voulais, je devais juste trouver le moyen de les faire à peu de frais et mettre tout l’argent à l’écran. Ainsi, vous aviez l’impression qu’ils avaient coûté cher. Et le studio me donnait toute liberté car le film ne coûtait pas cher. Je pouvais choisir l’acteur que je voulais, découvrir une Salma Hayek ou un George Clooney. Je pouvais faire ce que je voulais, avoir la fin que je voulais. Je ne voulais pas faire un gros film car je savais qu’ils me diraient alors ce que je devrais faire parce qu’ils voudraient un retour sur investissement. Et vu les investissements, c’est compréhensible. J’ai donc évité ça. Ça ne m’amuse pas d’avoir quelqu’un qui me dit : « Je ne connais pas Alita. Tu penses vraiment qu’elle doit être un cyborg ? On ne devrait pas filmer un humain normal et éviter le côté futuriste ? » Ils voudraient faire des économies partout. Mais je connaissais Jim et c’est le premier gros film qui m’intéresse. Et ce n’est pas non plus un film de studio typique. C’est vraiment un film Lightstorm [société de production de James Cameron]. Jim et Jon ont le dernier mot sur le film, pas le studio même si nous avons son soutien. Au final, sans Jim ni Jon, ce serait juste le studio et moi et tout ce qu’on me demanderait serait de changer ceci ou de changer cela tout le temps. Et j’accepterai car ce serait leur argent. Mais avec Jim et Jon, c’est comme avoir son propre Terminator. « Non, on va faire ça comme ça. » Et ils peuvent le faire. C’est comme si j’avais la liberté de mes films à petits budget sur un film à gros budget. J’ai eu de la chance de vivre cette expérience. Autrement, je n’aurais pas apprécié l’aventure. C’était tellement plus sympa.

Rosa Salazar (©John Russo) / Alita

Pourquoi avoir choisi Rosa Salazar ? Que recherchiez-vous chez l’interprète d’Alita ?

C’est difficile car vous cherchez non seulement quelqu’un pour le rôle principal d’un film mais aussi pour le rôle-titre. On se disait qu’on ne pouvait pas prendre quelqu’un qu’on voyait comme ça dans un film mais qu’on devait trouver quelqu’un de nouveau. On a commencé le processus du casting et une chose étrange est arrivée. Cela arrive sur certains films. La personne parfaite pour le rôle entre dans la pièce et vous savez que c’est elle. Vous ne pouvez pas ensuite imaginer quelqu’un d’autre. Vous avez beau faire passer l’audition à d’autres, elles ne seront jamais aussi bonnes qu’elle. Cette personne est ce personnage, c’est comme un cadeau qui vous tombe dans les mains. C’est juste magique. Ce n’est pas comme si vous aviez 100 filles et que vous deviez en choisir une. C’est elle qui vous choisit. Et c’est une évidence. Il y a toutes les autres et puis il y a elle qui se remarque. C’était fou. J’ai dit à Jim : « Je sais que c’est tôt mais si je devais faire le film demain, ce serait avec elle. » Il a regardé les tests et il a dit : « Ne cherche plus. C’est elle. » Il le savait aussi. Vous avez la bonne personne quand les autres disent : « Waow. Ok. C’est elle. » Elle possède une qualité particulière et elle était au bon endroit au bon moment. Elle était la bonne personne au bon moment. C’est assez génial.

Article paru dans L’Ecran fantastique – N°405 – Février 2019

Crédit photos : © Twentieth Century Fox