Le métier :

Il se partage entre le journaliste de terrain qui fait des interviews et des reportages et le journaliste d’opinion qui donne son avis sur un film. Il voit plus de 200 films par an et décide s’il en parlera ou non et sous quelle forme, à savoir une critique ou un sujet (interview, portrait) plus ou moins long. Il contacte ensuite l’attaché de presse du film afin d’organiser une rencontre avec le réalisateur ou les acteurs. Selon l’importance du média et l’importance que ce dernier donnera au film, la rencontre varie entre une heure en face à face avec la personne, dans le meilleur des cas, et une conférence de presse avec deux cents confrères dans le pire des cas, en passant par une table ronde de vingt minutes avec d’autres journalistes (jusqu’à douze parfois), ce qui n’est pas mieux. La presse écrite reste mieux lotie que la radio et la télé qui ne disposent en moyenne que de rencontres de cinq à dix minutes.

Paroles de pros :

Philippe Paumier (ancien rédacteur en chef adjoint de Ciné Live) :

« C’est un journalisme très encadré et lié aux films et à leur promotion. Tout passe le plus souvent par les attachés de presse. C’est un jeu de stratégie permanente vis à vis d’eux : on est libre car ils ne peuvent pas se passer de nous, mais on limite notre liberté pour ne pas se brouiller avec eux. C’est aussi eux qui guident la manière dont tu rencontres la personne : soit en groupe, ce qui empêche l’instauration d’un vrai dialogue et la rencontre ne débouche sur rien, soit seul, pendant une vingtaine de minutes. Et là, tout dépend de l’interviewé. C’est génial quand une interview se transforme en conversation, quand l’interviewé dépasse le cadre de la promotion et qu’il dévoile des aspects de sa personnalité. C’est enrichissant d’un point de vue personnel et plus intéressant pour le lecteur. »

Denis Girolami (RTL) :

« Pour Gangs of New York, je n’ai eu que huit minutes avec Martin Scorsese et Leornardo DiCaprio. C’est extrêmement frustrant car il est impossible d’avoir une réelle conversation, d’aller au fond des choses. Mais l’idée est quand même de personnaliser cette interview au maximum de trouver un éclairage, un angle si possible original ou de lui faire dire deux mots sur le film, l’histoire, son expérience, son rôle… Il est clair que l’on pose trop souvent les mêmes questions et que l’on reçoit trop souvent les mêmes réponses car de leur côté, les artistes ont un discours stéréotypé et bien rodé. »

Eric Libiot (L’Express) :

« Je cherche toujours une forme originale pour traiter le film sans toujours verser obligatoirement dans l’interview ou le portrait. En tant qu’hebdo, L’Express traite tous les films de la semaine en critique, mais pas en sujet. Il faut faire des choix, savoir à qui on s’adresse, répondre aux attentes ou provoquer un désir chez le lecteur. Quand j’écris un sujet sur le réalisateur iranien Abbas Kiarostami, je sais que je vais pouvoir lui consacrer quatre pages et déborder du cadre du cinéma, ce qui n’est pas forcément possible dans un mensuel spécialisé dont les références du lectorat ne sont pas les mêmes. »

Eric Libiot (L’Express) :

« On a toujours trop tendance à réduire le métier de journalisme de cinéma à la seule activité de critique alors que c’est un journaliste à part entière qui traite d’un secteur en particulier : le cinéma. Et comme tout journaliste, il doit être curieux, cultivé, inventif et avoir un style, une écriture. ”

Philippe Paumier (ancien rédacteur en chef adjoint de Ciné Live) :

« La critique est l’exercice le plus dur qui soit. Tu es seul face à ta perception du film, faussée par les conditions dans lesquelles tu vois le film (quatrième de la journée, tôt le matin, pendant un festival…) et par toutes les références que tu as en tant que cinéphile. Tu peux aussi écrire la critique longtemps après et ta perception peut avoir évolué dans un sens ou un autre. L’un des pièges de la critique, c’est aussi le plaisir de l’écriture au détriment de l’analyse du film. Emporté dans les bons mots pour descendre un navet, on néglige l’objectivité et l’argumentation pour expliquer pourquoi on ne l’a pas aimé. »

Eric Libiot (L’Express) :

« Le travail de critique rend service au lecteur car on hiérarchise les films en disant ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, en conseillant tel film et non tel autre. Après, le lecteur suit ou non. Je pense d’ailleurs que la critique ne sert à rien dans le cas d’un film important soutenu par une grosse machinerie marketing. En revanche, pour une certaine catégorie de films, notamment étrangers et un peu fragiles, et uniquement quand il y a un consensus, la critique fait beaucoup. Pour un film comme Le retour ou Good bye Lenin, qui sur le papier ne sont pas franchement des succès avérés, le consensus de la presse ciné et généraliste fait que le public y est allé. Là, on sert à quelque chose. ”

Qualités nécessaires :

Passion du cinéma et de l’écriture

Objectivité dans la subjectivité

Etre à l’écoute

Aimer creuser derrière l’image

Le salaire :

Il dépend du statut (salarié d’un journal ou indépendant).

Quelques formations :

CELSA (École des hautes études en sciences de l’information et de la communication)

CFJ (Centre de formation des journalistes)

CUEJ (Centre universitaire d’enseignement du journalisme)

ESJ Lille (École supérieure de journalisme)

DUT information et communication, option journalisme (pour connaître quels établissements dispensent cette formation, faites une recherche sur le site de l’Onisep)