Elle est Sophia Burset, anciennement un homme marié et père d’un garçon. C’est peut-être la plus féminine de toutes les prisonnières.

Que pouvez-vous nous dire de cette saison 3 ?

Laverne Cox : Elle est intense. Ces femmes sont fabuleuses. Cette saison est aussi un défi pour moi en tant qu’actrice car je dois creuser là où je n’avais encore jamais été, dans des endroits qui me font peur et où je n’ai pas envie de m’aventurer. C’est épuisant pour moi mais tellement excitant et amusant pour les téléspectateurs. J’ai parfois du mal à sortir de l’état émotionnel que j’ai créé pour Sophia. C’est effrayant de ne pas toujours faire la part des choses et d’en voir sa vie privée en être affectée. C’est le plus dur dans ce métier.

Comment expliquez-vous que Sophia soit aimée de beaucoup et pas seulement de la communauté des transsexuels ?

Grâce à l’intelligence des auteurs qui en ont fait un personnage profondément et infiniment humain. Cela va au-delà de sa transsexualité. Les gens se retrouvent en Sophia, dans sa lutte quant à sa famille. C’est aussi un des personnages dont on connaît le passé dès la saison 1 et les gens associent tout de suite Sophia à la série.

Ce rôle reste capital pour la communauté des transsexuels.

Contre toute attente. Au départ, j’étais juste contente d’avoir du travail. Mais il y a de plus en plus de personnages transsexuels à la télé. Vous avez des séries comme Transparent, Jane the Virgin, Sense8… Mon documentaire, The T Word, a également été diffusé. C’est vrai que j’étais la première à l’écran mais ce n’est qu’une question de timing. Nous étions là. Nous étions juste invisibles. Nous avons la chance aujourd’hui de nous mettre en avant et de faire impression. De plus en plus de transsexuels s’affirment. C’est le progrès. J’ai toujours pensé que plus nos histoires se trouveraient dans les médias plus le public apprécierait la diversité qui existe.

Les autres rôles qu’on vous a proposés depuis sont des personnages de femme ou de transsexuel ?

Ce n’est pas toujours défini. Dernièrement, dans la série Faking it, je joue un prof d’art dramatique mais on ne sait pas si elle est transsexuelle. Dans Girlfriends’ Guide to Divorce, je joue une activiste des droits civiques pour la fédération LGBT (Lesbiennes, Gays, BI et Trans).

Est-ce que le regard des gens a changé envers vous ?

Avant la série, il y avait beaucoup de haine autour de moi et des gens me disaient des choses horribles. J’étais habituée à être traitée comme ça. Deux ans plus tard, il y a beaucoup d’amour, d’adoration et de respect. C’est étrange. Moi, je n’ai pas changé.

De votre côté, avez-vous un autre regard sur les prisons depuis que vous incarnez Sophia ?

J’ai plus de compassion pour les prisonniers. Depuis la série et le documentaire que j’ai coproduit, Free CeCe, sur un transsexuel qui a passé un an dans une prison pour hommes, je suis pour l’abolition des prisons. Il y en a trop et trop de gens y sont envoyés pour de mauvaises raisons.

Si vous-même étiez en prison, comment survivriez-vous ?

Cette pensée est effrayante. J’espère que je tirerais le meilleur de la situation. Je doute d’être aussi bien adaptée que Sophia, je ne m’en sortirais pas aussi bien qu’elle. Mon seul conseil est de payer vos impôts et vous ne serez pas jeté en prison. Ne faites rien qui puisse vous envoyer en prison.

Table ronde réalisée sur le tournage de la série, à New York, le 20 octobre 2014

Crédit photo : JoJo Whilden pour Netflix

Saison 3 actuellement sur Netflix