Estampillé acteur comique pendant toute sa carrière, Jason Bateman s’est enfin trouvé un rôle à contre-emploi dans la nouvelle série de Netflix, Ozark, qui commence ce 21 juillet.

Jason Bateman ©Helga Esteb / Shutterstock.com

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Arrested Development ©Netflix

Il ne peut se départir de ce petit sourire en coin dont il a seul le secret quand il évoque son rôle le plus connu, celui de Michael Bluth dans Arrested Developpment, la sitcom sur une famille dysfonctionnelle dont son personnage semble être le seul élément normal. Car il y a un avant et un après, ce protagoniste lui ayant donné une seconde vie à 34 ans. Jason Bateman a été un enfant star. Dès 12 ans, il enchaîne les séries familiales et comiques mais, à l’âge adulte, se sachant gérer ni sa célébrité ni ses deux meilleurs amis que sont l’alcool et la drogue, ils s’enlisent dans de mauvaises comédies. En vieillissant, il retrouve sobriété et raison, se reconstruit doucement une carrière et décroche en 2003 Arrested Development. Viendront ensuite des rôles secondaires dans de bons films (Juno) puis des rôles principaux dans des comédies éreintées par la critique (Comment tuer son boss) mais au succès public. Il est aujourd’hui un des acteurs comiques les plus bankables d’Hollywood.

Aujourd’hui

Dans Ozark ©Netflix

Avec le temps, Jason Bateman a choisi d’être un coureur de fond dans le métier. Il a réalisé que pour durer, il ne fallait pas enchaîner les films – et encore moins les mauvais films – ni être une célébrité mais faire des films de qualité et être respecté pour son travail. Il est conscient d’incarner souvent le même personnage, celui du type pince sans rire qui peut dire les pires choses sans perdre son capital sympathie. S’il ne renie pas les comédies potaches dont il est le héros, il préfèrerait tourner dans celles des frères Coen, de Paul Thomas Anderson ou d’Alexander Payne pour prouver qu’il peut jouer autre chose. Avec la série Ozark, il tient enfin sa chance d’être pris au sérieux en tant qu’acteur sérieux. Dans ce drame psychologique très sombre, il incarne un conseiller financier en exil avec femme et enfants dans l’espoir d’échapper au baron de la drogue dont il blanchit l’argent. Ozark pourrait être pour Jason Bateman ce que Breaking Bad a été pour Bryan Cranston.

Demain

Réalisateur de Bad Words ©Focus Features

Là où il a tout de suite été pris au sérieux, en revanche, c’est à la réalisation. Depuis ses 18 ans, il réalise des épisodes de séries et des films. Il a signé les deux premiers épisodes d’Ozark, donnant ainsi sa vision créative à la série. Il admire Ron Howard et Clint Eastwood pour leur carrière et leur passage réussi d’acteur à réalisateur et producteur mais il aimerait plus suivre les traces d’un George Clooney ou d’un Ben Stiller et partager sa vie entre l’acteur et le réalisateur. Lui qui peut passer de l’introspection profonde au mode ado potache en une seconde se voit bien ensuite finir ses vieux jours de comédiens, qu’il estime dans 20 ans, comme animateur d’un talkshow à New York. Il sait que rien n’est jamais acquis mais il a confiance en son avenir. S’il était du genre à s’attendre au pire afin de n’être jamais déçu, il est, à 48 ans, devenu plus philosophe. Sa devise : « Rien ne va se passer comme tu le voudras mais tout se passera comme il le devrait ».

Article paru dans Studio Ciné Live – N°91 – Août 2017