Avec une trentaine de documentaires à leur actif, les deux jeunes réalisatrices sont aujourd’hui incontournables dans le paysage du cinéma américain patrimonial. OCS diffuse ce 29 décembre leur nouvelle production Billy Wilder : la perfection hollywoodienne.

Julia et Clara Kuperberg ©Frédéric Basset

Julia et Clara Kuperberg ©Frédéric Basset

2 Françaises à Hollywood :

Julia Kuperberg : Notre père [le producteur Robert Kuperberg] nous a tout appris, la réalisation et la production. Il nous a aussi transmis l’amour du cinéma américain et de son âge d’or. Cela fait 10 ans que Clara et moi avons créé notre société de production Wichita Films. Nous aimons parler de la société américaine en relation avec son cinéma. Le cinéma américain, plus que le cinéma européen ou français, est le reflet d’une société.

Clara Kuperberg : Les Américains sont flattés que des Françaises s’intéressent à leur cinéma. Certains n’ont accepté nos interviews que parce que nous sommes françaises : Jodie Foster, Martin Scorsese… C’est un gage de qualité. Ils savent que nous n’allons pas massacrer leurs interviews, que nous allons respecter leur films.

JK : Ce n’était pas facile au début de trouver des intervenants mais aujourd’hui nous avons tout un réseau et les Américains connaissent nos films.

bw2 réalisatrices et productrices :

CK : Nous aimons transmettre. C’est notre première motivation. Julia et moi faisons tout ensemble. Nous démarchons les chaines dès que nous avons l’envie d’un sujet. Nous nous chargeons du travail de documentation. Nous voyons tout ce qui existe afin de savoir ce que nous pouvons obtenir pour construire notre film. Cela nous donne aussi des pistes de travail. Nous écrivons un texte à 4 mains. Nous partons un mois ou deux aux Etats-Unis pour tourner deux à trois films en même temps. Nous rentrons en France et nous faisons le montage à quatre mains. Généralement, nous sommes toujours d’accord, sinon ce serait fatigant. Mais c’est très artisanal. Nous travaillons dans une économie réduite.

JK : Le budget d’un documentaire se situe entre 100 000€ et 300 000€ en fonction du diffuseur et du sujet. L’argent passe principalement dans les archives. C’est un choix que nous avons fait : être sous payées par rapport à tout ce que nous faisons mais avoir la liberté de travailler comme nous le voulons, de tout gérer et de faire des films riches.

2 féministes :

JK : Sans faire de misérabilisme, dès que nous négocions avec des gens avec qui nous ne travaillons pas habituellement, nous sommes traitées différemment et nous ne sommes pas prises au sérieuses. Etre jeunes et femmes, en France ou aux Etats-Unis, ce ne sont pas des qualités folles.

CK : Quand nous avons réalisé Et la femme créa Hollywood, ce n’était pas tant pour faire un film militantiste ou féministe mais pour rétablir une injustice, pour remettre les femmes dans les livres d’histoire, montrer ce qu’elles ont apporté au cinéma. Le documentaire rêvé est celui qui est utile et qui aide à changer les choses. C’est super valorisant et cela prouve que nous avons raison de faire ce métier.

Article paru dans Studio Ciné Live – N°86 – Décembre 2016

 

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