« J’avais une ferme en Afrique, au pied des collines du Ngong… » Ainsi commence La ferme africaine d’Isak Dinesen, alias Karen Blixen, soit les mémoires de l’auteur sur ses 17 ans passés au Kenya, à gérer une plantation de café et à aimer Denys Finch Hatton. En 1985, sortait Out of Africa de Sydney Pollack avec Meryl Streep et Robert Redford, une adaptation plus ou moins fidèle de la vie de Karen Blixen et surtout une des plus belles histoires d’amour entre deux âmes indépendantes. Retour sur vingt secrets d’un film désormais culte qui ressort en salles ce 4 juillet.

Meryl Streep et Robert Redford

1 – Sydney Pollack a voulu adapter les mémoires de Karen Blixen après avoir lu ses livres et développé une véritable admiration pour cette femme. Réaliser Out of Africa était une façon pour lui d’apprendre à mieux la connaître.

2 – Le scénario inclut des éléments de La ferme africaine et d’Ombres sur la prairie d’Isak Dinesen mais aussi de la biographie Karen Blixen de Judith Thurman et de la biographie de Denys Finch Hatton intitulée Silence Will Speak et signée Errol Trzebinski.

Meryl Streep

3 – Kurt Luedtke, journaliste devenu scénariste, a écrit le scénario d’Out of Africa en pensant à Meryl Streep dont il est un fan absolu.

4 – A la base, Sydney Pollack ne voulait que des acteurs européens pour Out of Africa, les personnages étant principalement danois ou anglais. Jusqu’à ce qu’il rencontre Meryl Streep. Mais comme il ne la trouvait pas assez sexy pour interpréter Karen Blixen, l’actrice est arrivée très court vêtue à leur rendez-vous. Ce qui a été efficace. Une discussion d’une dizaine de minutes a fini de le convaincre qu’elle seule pouvait jouer ce rôle.

5 – A peine Meryl Streep engagée, Sydney Pollack a tout de suite pensé à Robert Redford pour lui donner la réplique. Il estime que le comédien partage quelques traits communs avec Denys Finch Hatton : tous deux restent mystérieux, semblent inaccessibles, sont d’une nature insaisissable et possèdent une image éminemment romantique.

6 – Sydney Pollack a choisi Klaus Maria Brandauer pour interpréter Bror Blixen en repensant au charme qu’il dégageait dans le rôle du méchant Maximilian Largo dans Jamais plus jamais. Il voulait un acteur qui ne paraîtrait pas insensible malgré ses quelques actions détestables.

Robert Redford et Sydney Pollack

7 – Meryl Streep a travaillé son accent danois en écoutant des enregistrements de Karen Blixen lisant ses propres livres. Pour aller avec son statut de baronne, la jeune femme avait en effet adopté un accent archaïque que seuls les vieux aristocrates de Copenhague utilisaient.

8 – Dans la réalité, Denys Finch Hatton était britannique mais Sydney Pollack a finalement préféré que Robert Redford ne prenne pas l’accent anglais afin de ne pas distraire l’attention des spectateurs. L’acteur américain a donc dû réenregistrer les répliques des premières scènes qu’il avait déjà tournées.

9 – Out of Africa a été filmé à 70% au Kenya, notamment dans les environs de Nairobi. Le tournage sur place a duré près de cinq mois.

10 – En dépit de leur statut de stars, Meryl Streep et Robert Redford n’ont pas débarqué en Afrique avec un entourage.

11 – Meryl Streep a fait preuve d’un contrôle et d’un professionnalisme étonnants alors qu’elle tournait la scène, filmée en plan séquence, de la présentation de Karen à ses gens de maison alignés les uns à côté des autres. L’actrice a gardé son calme et sa dignité jusqu’au « Coupé! » où elle a alors défait précipitamment sa chemise pour en chasser un insecte qui rampait sur sa peau depuis le début de la prise.

Malik Bowens, Meryl Streep et Stephen Kinyanjui

12 – Out of Africa a compté près de 10 000 acteurs, pour la plupart des figurants issus des tribus Maasai et Kikuyu dont certains étaient les descendants directs d’Africains ayant travaillé sur la plantation de café de Karen Blixen. Stephen Kinyanjui qui joue le chef Kinyanjui est le petit-fils du vrai chef Kinyanjui.

13 – Face à une attaque en règle des journaux locaux quant à la différence de salaire entre les figurants anglo-saxons (24$ par jour) et les figurants africains (12$), la production a finalement réévalué le cachet de ces derniers à la hausse.

14 – Le seul conflit entre Meryl Streep et Sydney Pollack sur le tournage d’Out of Africa a concerné une réplique. Dans la scène de dispute entre Karen et Denys alors que ce dernier veut emmener une de leurs amis en voyage avec lui, l’actrice trouvait ridicule de lui lancer « Je vous l’interdis ! ». Pour elle, cela équivalait à une mère grondant son enfant et ne reflétait en rien leur relation. Elle a cependant été convaincue en jouant la scène : Karen est en effet à bout d’argument et il ne lui reste plus que cette réplique pathétique qui témoigne de tout son désespoir.

15 – La loi interdisant de déranger la faune sauvage au Kenyan, six lions, trois chiens et un aigle ont été importés de Californie par le dresseur d’animaux Hubert Wells.

16 – Dans une scène, Karen Blixen chasse un lion à coup de fouet. Afin de tourner le plan en toute sécurité pour Meryl Streep, le félin était attaché au niveau d’une de ses pattes arrière. L’animal étant un peu trop amorphe devant la caméra, Sydney Pollack a demandé à ce qu’il soit détaché pour la dernière prise, sans le dire à l’actrice. Libre de tout mouvement, le lion s’est approché d’un peu trop près de Meryl Streep qui a alors pris ses jambes à son cou. Sa peur est donc bien réelle à l’écran.

17 – La production ayant raté la floraison des grains de café pour un plan panoramique, tout le monde s’est retrouvé à passer dans les rangs des plants afin de déposer sur les branches en guise de fleurs des flocons de mousse à raser.

18 – Quand Denys lave les cheveux de Karen, il cite La Complainte du vieux marin de Samuel Taylor Coleridge. Le vers « Il prie bien, celui qui aime à la fois l’homme, l’oiseau et la bête. » est gravé sur la tombe de Denys Finch Hatton, au Kenya.

Sydney Pollack, Meryl Streep et Robert Redford

19 – Pendant le montage d’Out of Africa, Sydney Pollack a utilisé pour sa bande originale temporaire divers morceaux de musique de John Barry. Il s’est donc tout naturellement tourné vers lui quand il a choisi son compositeur pour sa B.O. définitive.

20 – La première version d’Out of Africa faisait 3h40. Sydney Pollack pensait que c’était trop long, que son film était ennuyeux et que personne ne paierait pour le voir. La durée du long métrage a été finalement ramenée à 2h41. Il a remporté 7 Oscar – sur 11 nominations – dont ceux de meilleur film et de meilleur réalisateur.

Crédit photos : © Universal