Dans Loving, le scénariste et réalisateur Jeff Nichols raconte l’une des plus belles histoires d’amour. Celle de Mildred et Richard Loving, un couple interracial dont le mariage était interdit par la loi de l’Etat de Virginie, aux Etats-Unis, dans les années 50 et 60 et qui s’est battu pour sa liberté et le droit de s’aimer. Le film sort en salles ce 15 février.

Joel Edgerton et Ruth Negga

1 – L’histoire vraie de Mildred et Richard Loving

Mildred et Richard Loving

En 1958, Mildred Jeter et Richard Loving, mariés à Washington, D.C. mais vivant en Virginie, sont arrêtés par la police. Elle est noire, il est blanc et ils enfreignent le Racial Integrity Act de l’Etat qui interdit les mariages interraciaux. Un juge leur donnera le choix entre divorcer ou quitter l’Etat – et donc leur famille et leur maison – pendant 25 ans.

2 – La bénédiction de Martin Scorsese

Nancy Buirski, réalisatrice du documentaire The Loving Story (2011), ainsi que les producteurs Colin Firth et Ged Doherty ont voulu engager Jeff Nichols pour écrire et réaliser l’adaptation cinématographique de l’histoire des Loving après avoir vu Take Shelter et entendu la recommandation de Martin Scorsese. D’abord réticent à travailler sur un film de commande, Jeff Nichols a accepté après être tombé amoureux des Loving et avoir reçu un coup de fil d’encouragement de Martin Scorsese.

3 – Les thèmes de prédilection de Jeff Nichols

Loving regroupe les thèmes que Jeff Nichols aborde dans tous ses films : la famille, l’amour, les droits de l’homme, le racisme, l’intolérance, l’injustice, la survie, le Sud des Etats-Unis, la campagne, la classe ouvrière, les gens en cavale, la peur qui naît quand on a quelque chose ou quelqu’un à perdre…

Ruth Negga et Joel Edgerton

4 – Le casting de Joel Edgerton

C’est pendant le tournage de Midnight Special avec Joel Edgerton que Jeff Nichols a réalisé que l’acteur australien serait parfait pour le rôle de Richard Loving. Pour incarner ce maçon taciturne, Joel Edgerton a adopté l’accent de Virginie, teint ses cheveux en blond presque blanc, porté un dentier et appris la maçonnerie afin de comprendre la posture particulière du personnage. Richard Loving étant un vrai taiseux, Joel Edgerton fait passer toutes ses émotions par ses expressions faciales, son attitude et sa façon de se tenir.

5 – Le casting de Ruth Negga

Ruth Negga est la toute première actrice que Jeff Nichols a auditionnée pour le rôle de Mildred Loving. S’il l’a trouvée trop petite et plus trapue que la vraie personne qu’elle devait incarner, il a été conquis par son interprétation, que ce soit au niveau de sa voix, de ses expressions faciales ou de sa posture. Née d’un mère blanche irlandaise et d’un père noir éthiopien, Ruth Negga s’est tout de suite trouvé des points communs avec Mildred Loving. Elle admire aussi sa ténacité, sa force intérieure, son intelligence et son amour et son respect pour son mari.

6 – L’omniprésence de Michael Shannon

Michael Shannon

Michael Shannon est apparu dans les cinq films de Jeff Nichols. Et le réalisateur s’est promis de ne jamais faire un film sans lui. Le comédien a interprété le rôle principal dans Shotgun Stories – que Jeff Nichols a écrit avec l’acteur en tête – dans Take Shelter et dans Midnight Special. Dans Loving, il interprète Grey Villet, le photographe freelance engagé par LIFE Magazine pour faire un sujet photos des Loving. Jeff Nichols trouvait que le comédien ressemblait au photographe autant par son physique que par son côté sociable. Michael Shannon a tourné toutes ses scènes de Loving en une seule journée.

7 – La confiance aveugle de Jeff Nichols

Loving est le premier film de commande de Jeff Nichols. Jusqu’à présent, ses scénarios émanaient d’une de ses idées originales et ses histoires se situaient dans des environnements qu’il connaissait et maitrisait, notamment en matière de costumes et de décors. Etant né en 1978 à Little rock, en Arkansas, il s’est entièrement appuyé sur son équipe technique de Loving afin que la reconstitution de la vie rurale de la Virginie des années 1958 à 1967 soit historiquement correcte.

8 – La photographie d’Adam Stone

Adam Stone et Jeff Nichols

Le directeur de la photographie Adam Stone a travaillé sur les cinq films de Jeff Nichols. Sur Loving, comme sur Shotgun Stories, Mud – Sur les rives du Mississippi et Midnight Special, il filme en 35 mm anamorphique. Cette fois, il souhaitait conférer aux paysages et décors extérieurs une beauté pastorale et ce sentiment d’être réellement dans le sud des Etats-Unis des années 50 et 60. Il utilise également des objectifs anamorphiques modifiés par les ingénieurs de Panavision qui donnent une image « parfaitement imparfaite et émouvante ». Le but est de montrer aux spectateurs toute la beauté de cette campagne de Virginie tant aimée par Mildred Loving qu’elle a risqué sa liberté pour continuer à y vivre.

9 – Le futur blockbuster de Jeff Nichols

Jeff Nichols a étudié le cinéma à la North Carolina School of Arts. Il apprend et perfectionne ses techniques de réalisation film après film, se lançant lui-même des défis à chacun d’eux afin de maîtriser tous les outils de mise en scène. Son but final est de réaliser un blockbuster voire créer sa propre franchise.

Sur Shotgun Stories (2007), il a notamment appris à tout faire dans la simplicité afin d’économiser son petit budget et la pellicule onéreuse. Il a limité les prises, gardé sa caméra fixe le plus souvent et filmé tous les extérieurs pendant la journée.

Jeff Nichols

Sur Take Shelter (2011), il a développé le rôle d’un personnage féminin fort – interprété par Jessica Chastain – et travaillé les effets spéciaux.

Sur Mud – Sur les rives du Mississippi, il a tourné une bonne partie de son film avec un Steadicam et montré qu’il peut diriger des stars – Matthew McConaughey et Reese Witherspoon. Il a aussi appris que pour que son film bénéficie d’une distribution conséquente, il devait faire appel à un studio qui sait vendre ses productions.

Sur Midnight Special (2016), il a donc fait appel à la Warner. Il a découvert qu’ils savaient parler aux huiles d’un studio. Il a négocié et obtenu le final cut pour son film mais a aussi accepté les suggestions du studio et en a même appliqué quelques unes. Il a aussi travaillé avec le département marketing de la Warner pour créer des bandes annonces qui ne trahissent pas le genre du film ni ne dévoilent trop l’histoire. Côté technique, il a appris le cross-cutting – ou le montage alternant de scènes qui se passent en même temps mais dans des lieux différents – afin de créer de la tension, du rythme et du suspense.

Sur Loving (2016), il s’est notamment focalisé sur les mouvements de caméra liés au comportement des personnages et estime avoir réellement compris ce qu’il essayait de faire avec chaque prise de vue de son film. Pour lui, Loving est son film le plus accompli et s’il ne sait peut-être par encore réaliser un blockbuster, aujourd’hui, il maîtrise au moins tous les outils nécessaires à la réalisation de ses films.

10 – Le point commun des cinq films de Jeff Nichols

L’émotion. Le seul but de Jeff Nichols avec ses films est d’émouvoir les spectateurs. Pour lui, la force d’un film n’est ni son intrigue ni son genre mais les sentiments qu’il fait naître. Tout ce qui l’intéresse vraiment est que son film touche les spectateurs. C’est le cas de Loving.

Crédit photos : © Ben Rothstein / Big Beach

 

 

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