Fire of Love, le documentaire de Sara Dosa, rend hommage à Katia et Maurice Krafft, deux volcanologues qui chassaient les éruptions volcaniques comme d’autres traquent les tornades. Grâce aux images envoûtantes des volcans et des interviews des deux scientifiques, on comprend leur fascination pour les volcans mais aussi leur apport à la science et à la sécurité des hommes. Leur passion leur a cependant coûté la vie. Fire of Love sort en salles ce 14 septembre. Arte diffuse également le documentaire de Werner Herzog Au cœur des volcans : Requiem pour Katia et Maurice Krafft, le 1er octobre – disponible sur Arte.tv du 24 septembre au 29 novembre.

Katia et Maurice Krafft sur l’Etna en 1983

L’obsession brûlante des Krafft

Katia Conrad et Maurice Krafft ont toujours été fascinés par les volcans. Ils se sont rencontrés en 1966 pendant leurs études, géochimie pour elle et géologie pour lui. Elle a 24 ans, il en a 20. Ces Alsaciens passeront leur existence à parcourir le monde entier, à la recherche d’éruptions volcaniques. A eux deux, en 25 ans, ils assistent à plus de 150 d’entre elles. Elle les photographie, il les filme. En plus de réunir des données scientifiques, ils produisent des centaines de milliers de clichés et des centaines d’heures d’images qui permettent de mieux comprendre ces phénomènes géologiques.

La souffrance des survivants

Sur le Piton de la Fournaise en 1975

Les Krafft ne font pas que montrer la puissance envoûtante et la beauté fatale des volcans, ils témoignent aussi des conséquences de ces catastrophes naturelles meurtrières. Ils oublient par moments la science pour mieux concentrer leurs efforts sur les victimes et dévoiler la mort et la désolation générées par une éruption. Ils cherchent à sensibiliser les populations, et surtout les autorités, face aux dangers volcaniques. Et afin d’attirer l’attention des médias, ils prennent encore plus de risques.

Deux trompe-la-mort

Les Krafft avaient ce désir inextinguible de toujours aller un peu plus près des cratères. A maintes reprises, ils ont échappé de justesse à la mort, comme en 1983 au mont Colo, sur l’île indonésienne Una-Una. Alors que les habitants ont été évacués, les Krafft jouent littéralement avec le feu. L’île a explosé quelques minutes après qu’ils aient enfin décidé de quitter la terre ferme et rejoint leur bateau. S’ils avaient tardé ? “Nous aurions été cuits en une fraction de seconde,” plaisantera plus tard Katia.

Un peu trop près

Sur le Mauna Loa, à Hawaï, en 1984

“J’ai vu tant d’éruptions ces 23 dernières années, que si je meurs demain, je m’en moque.” Maurice ne mourra pas le lendemain de cette boutade mais cinq jours plus tard, le 3 juin 1991, avec Katia, sur le mont Unzen, au Japon. Malgré les progrès de la science, les volcans restent imprévisibles, même pour des volcanologues aguerris. Le couple a été surpris et emporté par une coulée pyroclastique. Cette nuée ardente de gaz, cendres et roches volcaniques peut atteindre 500°C et dépasser les 600 km/h. Les Krafft n’avaient aucune chance. Cette fois, ils étaient trop près.

L’héritage des Krafft

Le jour de leur mort, le volcan Pinatubo aux Philippines crache ses premières coulées de lave. L’éruption débute le 7 juin et atteindra son apogée le 15 juin. Entretemps, 58 000 personnes ont été évacuées dans un rayon de 30 kilomètres. L’Institut de volcanologie et de sismologie philippin et les organismes volcanologiques internationaux ont convaincu les autorités locales du danger, en s’appuyant sur les films préventifs réalisés par Katia et Maurice Krafft.

Crédit photos : © Maurice & Katia Krafft – Dumont